Le 6 avril 2020, Moustapha Thiombiano, président directeur général du Group Horizon FM qui compte 11 stations radios et une chaîne de télévision, TVZ Africa, a tiré sa révérence à l’âge de 74 ans.
Pionnier de la liberté d’expression et de presse, il a beaucoup contribué à l’éclosion des médias privés dans notre pays.
Voici le témoignage de Ousmane So sur un des combats qu’il a mené pour que TVZ Africa puisse diffuser sur l’ensemble du territoire burkinabè.

Les cours de l’année universitaire 2001-2002 venaient de reprendre après l’épisode de l’invalidation. Dans la dynamique d’apporter notre soutien à l’époque à un promoteur privé qui était à couteaux tirés avec le gouvernement pour la réhabilitation du canal de diffusion de sa télé, TVZ, sur le canal VHF, nous nous sommes constitués en un comité. En rappel, le canal VHF était uniquement réservé à la télévision d’État. Il a pour particularité de toucher une bonne partie du territoire national. L’option proposée à TVZ était le canal UHF, réservé à la télévision privée avec un rayon d’action très limité.
Avec le concours d’autres camarades inscrits en majorité en première année de sociologie à l’Université de Ouagadougou 2001-2002), nous avons opté de créer un comité pour la réhabilitation de TVZ sur le canal VHF. Le comité avait deux objectifs principaux : la réhabilitation de TVZ sur le canal VHF ; et la conscientisation des masses pour une unité d’actions pour exiger du pouvoir d’antan plus de liberté d’expression. C’est pour nous l’occasion de rendre hommage à un camarade de ce comité qui nous a quitté très tôt, Mathieu Bazongo.
La stratégie utilisée pour le comité dans son soutien à TVZ était d’initier une pétition. Cette pétition devait recueillir 15.000 signatures. Les 15.000 signatures recueillies devaient nous permettre de saisir l’autorité compétente en 2001-2002 afin qu’elle revoit la législation sur l’attribution du canal de diffusion. L’autorité pour sa décharge sur le dossier TVZ s’appuyait sur la loi qui admettait uniquement l’octroi du canal UHF à tout promoteur privé.
Avec l’accord de Moustapha Thiombiano, nous avons initié cette pétition. Une mobilisation fort appréciable des étudiants de l’Université de Ouagadougou et des populations avait accompagnée cette action citoyenne assez novatrice dans cette période de l’histoire. C’est pour nous l’occasion aussi de remercier les anciens étudiants de première année de droit dont certains occupent aujourd’hui des postes importants au sein du MBDHP pour avoir mobilisé des étudiants afin qu’ils signent la pétition.
Le comité contre vents et marées avait pu réunir en définitif 15.007 signatures.
A la fin de la campagne de signatures, cette pétition avait été déposée au Conseil supérieur de la communication (CSC) administré en son temps par Luc Adolphe Tiao avant son départ en France comme ambassadeur. Ce CSC se jugeant incompétent avait transféré les signatures à l’Assemblée nationale pour suite. En rappel, l’Assemblée nationale avait pour président Roch Marc Christian Kaboré l’actuel président du Faso.
Cette pétition n’a jamais eu de suite. Cependant, nous étions très fiers d’avoir d’une part apporter un soutien à ce promoteur privé qui se battait presque seul contre le système, et d’autre part, d’avoir contribué à ce combat continu pour l’enracinement de la liberté d’expression au Burkina Faso.
Certains journalistes encore en poste à Horizon FM pourront enrichir ce témoignage.
De cette période de collaboration avec Moustapha Thiombiano, nous retenons de lui l’image d’un citoyen Burkinabè pragmatique qui a beaucoup aimé son pays. Il n’était pas un bureaucrate, encore moins conformiste. Il était toujours à la recherche de la perfection pour le bonheur des masses populaires.

Je vous l’assure, il a vraiment vécu utile Moustapha THIOMBIANO.