Abdoulaye OUEDRAOGO répond à Mohamed Mossi qui a émis de vives critiques sur la gestion du COVID-19 par l’exécutif, allant jusqu’à demander la démission du président Roch Kaboré

Depuis l’apparition du premier cas du Covid-19 sur le sol burkinabè, des voix ne cessent de s’élever pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire par les autorités et même appeler à la démission du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. La dernière sortie en date est celle de Mohamed Mossi qui s’est prononcé sur son profil facebook le week-end écoulé. Malheureusement, les arguments que ce dernier avance, volent au ras de pâquerettes. En effet, passés les premiers moments de l’apparition de la pandémie, les conditions de prise en charge des malades à l’hôpital Tengandogo ont connu une nette amélioration en témoigne l’ouverture de l’hôpital de Tengandogo, par souci de transparence, à la presse, le 14 avril dernier, pour constater de visu ladite amélioration. Ce, malgré un contexte sécuritaire difficile.
Sur la même question, M. Mossi discute sur le sexe des anges lorsqu’il interpelle le président du Faso en notant que ses « ministres affairistes se lancent dans le biomédical en faisant ouvrir des entreprises pour profiter de tous les deals qui entrent dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 ». C’est extrêmement grave une telle affirmation qui est sans fondement. Si nous étions dans une démocratie bananière où le président Roch détiendrait le droit de vie et de mort sur Mohamed Mossi, une telle affirmation l’aurait conduit dans les bagnes de Cayenne et de Tataouine où l’épée de Damoclès planerait sans cesse sur sa tête de mule en attendant son lent mais sûr guillotine. Au contraire, M. Mossi doit donc remercier le président du Faso pour son sens élevé de la sacralité de la vie humaine qui lui permet de toujours errer au Burkina et de faire le cocorico de ceux qui l’utilisent comme leur fusible.
Toujours sur le même sujet, il est indécent, de la part de Mossi, de pêcher en eaux troubles en surfant sur les sorties médiatiques d’Emile Paré et d’Adama Kanazoé. M. Mossi doit savoir que ces sorties, loin d’être des contradictions symbolisant un malaise au sommet de l’Etat, illustrent bien au contraire la bonne santé de la démocratie interne au faîte de celui-ci qui constitue la sève nourricière de la démocratie « nationale ». Il doit se détromper et être fier de savoir qu’il n’existe aucun bâillon dans la bouche d’aucun Burkinabè qui use de sa liberté d’expression comme il l’entend. Toute critique interne nourrit l’introspection qui garantit la qualité des décisions à prendre. C’est la pluie qui précède le beau temps.
Au passage, M. Mossi fustige à la fois l’inaction de certains membres du gouvernement et l’activisme du président de l’Assemblée nationale. Sur ce sujet, il n’y a pas lieu d’opiner, puisque la contradiction de sa position est si éloquente que sa résonance dans l’opinion sera quasi nulle. M. Mossi veut décidément d’une chose et son contraire. Quant à la soi-disant lettre ouverte écrite par des membres du Bureau exécutif national du MPP qu’évoque Mossi, il sait bien pertinemment qu’elle relève d’un tract, d’une fabrication éhontée de la chapelle politique à laquelle il serait affilié, pour servir des objectifs inavoués et inavouables. De grâce, la politique ne s’accommode pas moins aussi de la décence !
Quand M. Mossi, la gueule enfarinée, demande au président du Faso de démissionner au motif qu’il y a vacance de pouvoir au Burkina, on est en droit de se demander si ce n’est pas la peur de la victoire aux prochaines échéances électorales du président du Faso qui le motive. Quand on ne connaît pas les conditions constitutionnelles de la vacance de pouvoir au Burkina, on demande. Il n’y a pas de honte à le faire. On ne joue pas au fanfaron. On ne va pas barboter dans les eaux boueuses d’une rivière politique agitée au risque de se noyer sous les roches basaltiques et disparaître dans les méandres de l’histoire. Bref, Mossi a raté l’occasion de se taire.
Ramener le bilan du président du Faso à la tête de l’Etat depuis 4 ans à la seule gestion de la crise mondiale du coronavirus pour lui demander de rendre le tablier, c’est manifestement faire preuve d’une mauvaise foi à nulle autre pareille. Cela dénote clairement des velléités politiques qui sous-tendent l’écrit d’un personnage qui se targue d’agir au nom de l’intérêt général pour assurer l’avenir de notre pays et par ricochet, celui de nos enfants. Le peuple du Burkina sait bien que le bilan du président Roch ne se limite pas aux points qu’il a cités dans son écrit à l’eau de rose. Ce n’est pas le lieu ici d’énumérer les acquis indéniables du régime Kaboré qu’il connaît déjà. Ce n’est d’ailleurs pas la peine, puisqu’il pratique délibérément la politique de l’autruche pour assouvir de façon malsaine les intérêts de ses « maîtres » qui tirent sur les ficelles qui lui permettent de croasser et de coasser. Tristement …
A force de chercher la petite bête dans les actions du président du Faso, on finit par se perdre en conjectures, et par mettre sous le boisseau les qualités et les prouesses de l’autorité qu’on pourfend. Subjectivement … Ce, alors même que l’on a déjà bénéficié des retombées positives desdites prouesses. Revers de la médaille : avec une telle posture dénuée de relativité, on finit aussi par ne plus être crédible auprès de l’opinion dont on veut s’attirer la sympathie en lui dorant la pilule qu’elle refusera d’avaler. C’est de la politique politicienne sous le couvert de l’engagement citoyen mais cousue de fil blanc qui ne fait aucune recette dans l’opinion éclairée qui ne mord jamais aveuglément à l’hameçon qu’on lui tend. Jamais… C’est de la poudre de perlimpinpin qui ne fera que produire un effet boomerang pour son auteur. Car, l’opinion avertie qui ne s’en laissera pas conter, sait distinguer l’ivraie du bon grain. Dans tous les cas, comme le dit un proverbe africain, « Même si vous dansez dans l’eau, vos détracteurs diront que vous dégagez de la poussière ».

Abdoulaye OUEDRAOGO
Comptable et Consultant