Contaminée par le coronavirus, puis prise en charge à la clinique les Genêts où elle bénéficié d’un soins à la chloroquine et à l’azithromycine, Helso a recouvré la santé et reprend doucement une vie normale.
Pour Kaceto.net, elle a accepté de livrer son témoignage sur l’épreuve qu’elle a endurée durant ces quelques trois semaines et appelle les Burkinabè à éviter la stigmatisation des personnes ayant été malades du COVID-19. Nous vous restituons son témoignage qu’il nous est parvenu afin de ne pas altérer sa sincérité et son authenticité.

Le 13 mars dernier, j’ai eu très mal à la tête, mais ces derniers temps, ça m’arrive souvent d’avoir des céphalées. J’ai demandé à ma patronne l’autorisation de m’absenter pour aller à l’hôpital. Mais j’avais tellement mal que mes larmes coulaient et en cours de route, je me suis même égarée et ne savais plus où se trouvait l’hôpital que je fréquente pourtant. J’ai attendu un peu et puis, je me suis ressaisie ; je suis allée voir le médecin lui expliquer ce qui m’arrive. Il m’a prescrit un bilan sanguin plus une ordonnance. Quand les résultats sont tombés, je n’avais rien. Il se trouve que le 12 mars, j’ai rencontré dans mon service un expatrié nouvellement arrivé dans notre pays. Mais je n’ai jamais pensé un seul instant au COVID-19.
Le samedi 14 mars, je me sentais mieux et j’ai même fait la cuisine et bien mangé. Dimanche, les choses changent. J’ai à nouveau mal à la tête, de la fièvre et des maux de gorge. Or, ça fait longtemps que je n’avais plus eu le rhume
Lundi 16 mars, je suis restée à la maison pour me reposer. Le lendemain, je reçois un coup de fil de l’expatrié qui me dit qu’il attend ses résultats, mais il pense qu’il est positif à la COVID-19. Entre-temps, je suis allée faire des courses et pendant que j’étais en train de prendre du carburant, il me rappelle : « Hélène, où es-tu ? Rentre chez toi immédiatement parce que je suis testé positif au COVID-19 », me lance t-il.
Il m’a ensuite donné des contacts de médecins qu’il connait. J’ai appelé et on m’a dit d’aller à Tingandogo ; ce que j’ai refusé dans un premier temps. J’avais lu les publications de Alino Faso et franchement, je n’avais aucune envie d’aller là-bas. Finalement, j’y suis allée parce que j’avais eu un contact. A mon arrivée, j’ai constaté que l’organisation n’était pas au top. J’ai trouvé d’autres personnes sur place et on nous a dit d’attendre qu’on allait venir nous chercher. Un Français qui y était aussi n’a pas apprécié leur façon de faire. Selon lui, on devait venir nous faire les prélèvements à la maison. Toujours est-il que j’ai attendu de 9 heures à 16 h avant d’être prise en charge. Puis je suis rentrée pour être en confinement. Quelques jours après, exactement le 20 mars, des médecins sont venus chez moi pour me demander comment ça se passe le confinement et m’ont annoncé que les résultats étaient positifs. Ils m’ont conseillée de rester à la maison, ce que j’ai fait pendant 8 jours. Quand j’avais des soucis, je les appelais surtout quand j’avais mal à la tête.
Comme ça ne s’arrangeait pas vraiment, j’ai appelé et on m’a dit de venir aux Genêts et c’est moi-même qui ai conduit pour y aller vers 17 heures.
Les médecins m’ont accueillie en me disant que j’allais rester durant 48 heures ; mais je n’y croyais pas. Heureusement d’ailleurs que j’avais pris quelques affaires car de 48 heures, je suis restée à la clinique pendant 12 jours. Les trois premiers jours, j’étais seule et après, une dame m’a rejointe. Son arrivée m’a fait du bien parce qu’ils ne voulaient même pas qu’on sorte communiquer. Il n’y avait même pas de réseau téléphonique dans la chambre. Durant une semaine, je n’ai rien pris comme médicament, et c’est après qu’on me donnait la chloroquine et l’azithromycine pendant 4 jours. C’est un produit qui m’a beaucoup secoué, mais après les 4 jours, le test qu’ils ont fait était négatif et on m’a dit de rentrer chez moi mais de rester en confinement parce qu’il y aura un autre test pour confirmer.
Quand j’y étais, l’accueil et hébergement n’était pas vraiment ça, même si je dois souligner que le personnel de santé est dévoué. Notre chambre était propre. Le petit-déjeuner était composé de café ou de thé, plus une demi miche de pain et un sachet de lait. Au déjeuner, c’était des spaghettis au gras, ou du riz, mais je n’ai pas aimé, sauf les frites qu’on nous a servis une nuit. Heureusement pour moi, les sœurs de celle qui partageait la chambre lui apportaient à manger et elle m’en donnait !
Dieu merci, maintenant, je suis guérie, mais je reste un peu fatiguée. Ce qui est un problème pour moi, c’est la stigmatisation dont je suis victime de la part de mes voisins de quartiers. Une amie m’a apportée des fruits et du jus, mais elle a préféré jeter tout par-dessus le mur et malheureusement, le paquet s’est déchiré !
Dans le voisinage, on me fuit comme si j’étais encore malade et je ne sais pas comment vont évoluer nos relations. Je crois qu’au départ, le message a été mauvais ; on a fait croire que COVID-19 égal mort, et ça créé la peur chez beaucoup de gens. J’entends aussi des gens dire que c’est une maladie de Blancs et que ça ne nous concerne pas ou que ça ne touche que des gens d’en haut. C’est faux évidemment. On disait la même chose au début du SIDA et après on a vu que ça touche tout le monde ! Avec le recul, je pense que c’est bien que la maladie ait frappé en premier les gens de l’élite, car si ça avait commencé dans les quartiers populaires, ça allait être un désastre.
Pour moi, le COVID-19 est un message divin et je demande à Dieu de nous faire miséricorde et de nous délivrer de ce mal car ce n’est pas facile du tout.

Helso
Kaceto.net