L’ancien chef de la rébellion ivoirienne Guillaume Soro, candidat à la présidentielle d’octobre 2020, a été condamné à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux » par le tribunal correctionnel d’Abidjan au terme d’une audience boycottée par ses avocats.

Accusé d’avoir acheté en 2007 sa résidence d’Abidjan avec des fonds publics, M. Soro, qui vit en France, a été condamné à « 20 ans d’emprisonnement, 4,5 milliards F CFA d’amendes » (6,8 millions d’euros), la confiscation » de sa maison et la privation de droits civiques.

Un nouveau mandat d’arrêt a été émis à l’encontre de l’ancien président de l’Assemblée nationale qui, sauf appel fructueux, se voit ainsi interdit de se présenter à la présidentielle d’octobre.

Soro devra en outre verser 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros) de dommages et intérêts à l’Etat de Côte d’Ivoire.

« Cette audience ne doit pas avoir lieu. Si elle se tient, les magistrats en porteront la responsabilité. La Cour africaine des droits de l’Homme avait ordonné à l’Etat de Côte d’Ivoire de revenir au +statu quo ante+ » (revenir à la situation avant les poursuites), avait déclaré à l’AFP avant l’audience l’ancienne ministre Me Affoussiata Bamba Lamine, justifiant le boycott de l’audience par les conseils de l’ancien chef rebelle.

Le 22 avril, la Cour africaine avait ordonné à la Côte d’Ivoire de suspendre le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro et de remettre en liberté 19 de ses proches, emprisonnés depuis quatre mois.

Outre l’affaire de recel et de blanchiment, M.Soro fait l’objet de poursuites depuis fin décembre 2019 pour une tentative présumée d’ »insurrection ».

Longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise pots-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro, 47 ans, était devenu Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale, avant de se brouiller, puis de rompre avec le chef de l’Etat début 2019, ce dernier voulant brider ses ambitions présidentielles, selon les observateurs.

Agence France Presse