A l’état civil, il s’appelle Midierba Thiombino, opérateur économique et élu consulaire de la région de l’Est. Hier 15 mai, il a été intronisé 32è roi du Gulmu et a pris le nom de Untamba. Il se veut rassembleur dans un contexte où les filles et fils du royaume sont divisés sur la succession du Kupiendéli.

C’était un des moments forts de la cérémonie d’intronisation du roi du Gulmu. Hier 15 mai, sous le coup de 10h39 mn, le griot de la cour royale entre en scène. Le soleil tape déjà et le mercure affiche au-dessus de 40°. Micro en mains, il commence à chanter les louanges du nouveau roi. Le public sorti nombreux est suspendu à ses lèvres. Dans quelques minutes, il va dévoiler le nom de règne de celui qui vient d’être intronisé par les sages des familles princières. A commencer par Diedano, l’intronisateur en chef, O’Barnatanou, détenteur des 33 fétiches royaux, Diebado, ministre du roi Odano-Karma et autres personnes influentes dans l’administration traditionnelle du Gulmu. Le griot fait durer le suspens. Ses incantations font pleuvoir sur lui des billets de FCFA. Il lâche enfin le nom que tout le monde attendait : Untamba ! Untamba ! Sa voix est immédiatement noyée par les applaudissements, les you-yous des femmes et les sons des tam-tams. "Untamba veut dire le Rassembleur, celui qui, assisté par la transcendance, veut réunir son peuple. A la différence de Ountani, il y a quelque chose de divin dans le nom du roi", explique un confrère natif de Fada. Son slogan s’inscrit également dans la permanence, pas dans la contingence : "Les pensées peuvent séparer les gens, mais jamais elles ne peuvent séparer les familles" .
Le roi et ses conseillers ont été bien inspirés en plaçant son règne sous le signe de l’unité transcendantale. La succession du Kupiendéli divise très profondément les filles et fils du Gulmu. "Sur onze (11) familles princières, neuf (9) sont là et ont fait allégeance au nouveau roi. Sa légitimité n’est pas en cause", décrypte un prince acquis à la cause du Untamba. Reste que pour la première fois de son histoire, le Gulmu va se retrouver avec deux rois. Les deux familles qui manquent à l’appel sont les Yentouguili et les Bantchiandi. A elles deux, elles avaient totalisé 10 candidats sur 25 à la succession dont Tiguié Mohamed, également désigné roi et qui sera intronisé lundi 18 mai. "On verra bien ce qui va se passer. Tiedano a déjà intronisé le roi ; il ne peut plus introniser un autre. Pareil pour les familles princières qui ont déjà fait allégeance à Untamba. Elles ne peuvent pas se dédire", explique le prince.
Les partisans de Tiguié Mohamed jurent sur leurs dieux et leurs ancêtres :"Notre roi a accompli tous les rites préalables à son intronisation".
Deux rois sur un trône ? Nous y reviendrons.

Joachim Vokouma
Kaceto.net