Ouagadougou - Environ 3000 personnes, en grande majorité des jeunes, assistaient dimanche à Ouagadougou à une journée en hommage à l’ancien président Thomas Sankara "le père de la révolution burkinabè", tué en 1987.

L’ancien président ghanéen Jerry Rawlings, un ami de Sankara, a été nommé président d’honneur d’une fondation qui récoltera des fonds pour construire un monument sur les lieux de sa mort. Celui devrait coûter 5 milliards de F CFA (7,5 millions d’euros).

"Il y a toujours de l’espoir en l’humanité et en la jeunesse africaine. Les idéaux de Sankara sont d’actualité. Ils se poursuivent jusqu’aujourd’hui et notre soutien pour ceux pour qui Sankara s’est battu est une obligation morale", a lancé Rawlings qui dirigea d’une main de fer le Ghana et qui est considéré comme l’un des dirigeants qui aida Sankara à s’emparer du pouvoir.

Soulevant les applaudissements, Rawlings a salué la mémoire de son ami et
félicité la jeunesse et le peuple burkinabè "pour s’être battu pour sa
liberté" en allusion à la révolte populaire qui a chassé du pouvoir le 31
octobre 2014, le président Blaise Compaoré, le tombeur du capitaine Sankara.

Lors du symposium, des universitaires politiciens ou artistes ont évoqué
l’action de Sankara à la tête du Burkinabè 1983 jusqu’au coup d’Etat de 1987.

Pour l’économiste sénégalais Ndongo Sylla, "Thomas Sankara a été le
précurseur de la bonne gouvernance et un modèle de la gestion vertueuse des
finances publiques en apprenant à son peuple à compter sur ses propres forces
et en faisant la déclaration publique de ses biens en 1986, dix-huit ans avant
que la France n’instaure la déclaration des biens des membres du gouvernement
et du chef de l’Etat".

"Si Sankara avait été là aujourd’hui, il épouserait la cause de la jeunesse
burkinabè en lutte pour son émancipation, il serait aux côtés des noirs
américains qui se battent contre les assassinats de la police américaine et il
serait aux côtés des femmes qui font front contre leur asservissement", a
estimé le sociologue burundi David Gakunzi.

Après le symposium, les manifestants vont marcher dans Ouagadougou et
demander "justice et vérité" pour Thomas Sankara et ses douze collaborateurs
tués en même temps que lui alors que le dossier judiciaire enlisé sous le
régime Compaoré a connu de nombreuses avancées depuis la chute du régime.

Une douzaine de personnes ont été inculpées et écrouées. L’ancien président
Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire, a été inculpé pour "assassinat, recel de
cadavre et faux et usage de faux".

Un concert géant sera organisé ensuite sur la Place de la révolution avec
des artistes africains engagés comme les rappeurs sénégalais et Burkinabè
Didier Awadi et Smokey, les reggaemen ivoirien Tiken Jah Fakoly et Burkinabè
Sams’K LeJah ou encore la malienne Nahawa Doumbia et le Burkinabè Abdoulaye
Cissé qui chanta quelque fois avec le président Sankara qui aimait jouer de la
guitare.

AFP