Maxwell McCombs et Donald Shaw ont formulé en 1972 le principe suivant : « Il se peut que la presse échoue le plus souvent à dire aux gens ‘’comment’’ il faut penser, mais elle réussit le plus souvent à leur dire ‘’à propos de quoi’’ il faut penser ».
Le graphique ci-après présente l’évolution de la « mise sur agenda » (« agenda-setting ») des enjeux sécuritaires et sanitaires dans les titres des actualités francophones centrées sur le Burkina Faso et le Mali au cours de ces 12 derniers mois (juin 2010 – mai 2020). Les chiffres indiquent les taux d’occurrence des références sémantiques concernées dans chaque corpus de titres.
Ce n’est pas vraiment une surprise, mais on le voit bien, à partir du mois de mars 2020, la crise sanitaire (liée à la pandémie de la Covid-19 notamment) a pratiquement éclipsé la crise sécuritaire (liée notamment au terrorisme) dans les titres des actualités francophones concernant le Burkina Faso et le Mali.
Il est à noter que les évolutions des indicateurs du « terrorisme » associés aux corpus Burkina versus Mali sont significativement et positivement corrélées (coefficient de Pearson = 0.7428 ; p-value = 0.0005647). Il en est de même pour les évolutions des indicateurs de la référence « santé » (coefficient de Pearson = 0.9637 ; p-value = 0.000004685). Est-ce à dire que les médias ont construit la réalité donnée à voir sur ces sujets-là de la même façon aussi bien dans les corpus de titres centrés sur le Burkina Faso que dans ceux centrés sur le Mali ? Eh bien, non ! Et pour le démontrer, il nous faut faire appel à un autre concept : celui de cadre.
Par « cadre » entendons un ensemble de significations, une mise en discours organisée donnant un sens à des événements et suggérant la nature des enjeux. Le cadrage discursif, mieux que l’agenda-setting, influence l’interprétation des événements. Les graphes de relations ci-après, construits autour des références
« terrorisme » et « santé » laissent apparaître des différences significatives de mise en discours dans les corpus de titres (Corpus Burkina versus Corpus Mali).
Par exemple : Dans le « Corpus Burkina » on note une forte mise en avant des
« morts et blessés » liés au « terrorisme ». Alors que dans le « Corpus Mali » c’est plutôt l’association « forces de défense et de sécurité » - « morts et blessés » qui domine. Même si dans les deux cas le triptyque « terrorisme » - « forces de défense et de sécurité » - « morts et blessés » occupe une position centrale. A vous de poursuivre ce décryptage… en se posant la question « pourquoi ? » et en essayant d’y répondre.
N.B : Bon à savoir pour la lecture des graphes présentés ci-après (graphes générés sous GEPHI) : les relations sont orientées. Les tailles des nœuds et des liens sont proportionnelles à leurs poids dans les réseaux.
Article cité : M. McCombs, D. Shaw, « The agenda-setting function of mass
media », Public Opinion Quarterly, vol. 36, no 2, 1972, p. 176—187
Ousmane SAWADOGO, Expert/Consultant en Text Mining, Text Analytics et Analyse sémantique – kaceto.net
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1 Messages
Burkina Faso versus Mali : l’agenda-setting des enjeux sécuritaires et sanitaires (juin 2019 -mai 2020), Saad | 1er août 2020 - 11:32 1
Bonjour Comment vous allez je voudrais savoir quel est l’agenda-setting des enjeux sécuritaires au burkina Faso (terrorisme ) ?
1. Burkina Faso versus Mali : l’agenda-setting des enjeux sécuritaires et sanitaires (juin 2019 -mai 2020), 1er août 2020, 21:10, par Vokouma Joachim
Cher monsieur
Compte tenu des attaques terroristes qui sont récurrentes, l’enjeux sécuritaire s’impose tout seul sans avoir besoin que les médias le propulsent au premier des préoccupations des populations et des pouvoirs publics
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