Si en Algérie, les islamistes “modérés” veulent incriminer l’usage de la langue française dans les communications officielles, en Tunisie, c’est un tout autre projet qui était présenté le 9 juin devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), par le parti Al Karama (Coalition de la dignité), une formation à fondement religieux et nationaliste comptant 19 élus sur 217 députés

La formation tire sa rhétorique dans l’exigence des indemnités à la France depuis 1881 et son intervention en Tunisie, alors sous bannière de l’empire Ottoman.

En substance, le texte polémique proposait à l’ex- puissance coloniale de présenter des excuses à la Tunisie pour les crimes commis “pendant et après la colonisation”. Il est également reproché à la France son soutien à l’ancien président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, emporté par le printemps arabe, après un règne qui aura duré de 1987 à 2011.

Le projet islamo-nationaliste a nécessité 15 heures de débat et a recueilli 77 voix favorables, 05 oppositions et 46 abstentions. Pas suffisant certes pour passer au vote car il faut au minimum recueillir 109 votes favorables. Mais pour l’essentiel, les députés de Al Karama, arborant sur leurs habits le slogan « Meurtre et torture, la brutalité du colonialisme français », ont réussi à raviver un débat endémique dans la rue tunisienne plus de 60 ans après les indépendances.

Les députés tunisiens en général, unanimes sur le principe de la condamnation de la colonisation, ont marqué de profonds désaccords autour du timing d’un tel débat, et de son caractère prioritaire, alors que la Tunisie confrontée au coût de la riposte sanitaire contre le nouveau coronavirus traîne une dette abyssale qui l’oblige de solliciter la communauté des bailleurs -dont la France- pour obtenir de nouveaux concours et facilités. Reapolitik, quand tu nous tiens !

Financial Afrik