Mieux comprendre et appréhender de manière objective la situation difficile vécue par les femmes et les adolescentes dans les camps de déplacés internes, au Mali et au Burkina Faso. Après Oxfam (https://www.kaceto.net/spip.php?article8548) c’est l’objet d’une étude conjointement menée par Plan Burkina et l’UNFPA, en collaboration avec des universités et centres de recherche. En prélude au lancement officiel du rapport de recherche, les principaux investigateurs ont organisé une conférence de presse à Ouagadougou, le 29 juin 2020.

Le rapport est intitulé, « les filles dans la crise : voix du sahel ». Il a ciblé un total de 800 personnes, des filles et des adolescentes, à travers le recueil de témoignages, des entretiens et focus groupes. Elles sont âgées entre 10 à 19 ans et qui vivent dans des zones de conflits armés, du fait de la conjoncture sécuritaire qui prévaut en ce moment dans le Sahel. L’étude a permis de collecter des informations à travers lesquelles les enquêtées dont l’anonymat a été préservé, ont décrit leur vie au quotidien, bouleversée par la violence et par l’instabilité qui règne autour d’elles.
Il ressort des travaux de recherche menés et notamment de la collecte de données quantitatives et qualitatives effectuées sur le terrain, que les enquêtées sont apeurées par l’environnement immédiat dans lequel elles vivent, la déscolarisation, le mariage précoce, le non accès à des services de soins de santé sexuels et reproductifs, ainsi que par l’absence de perspectives économiques et financières, faute de pouvoir mener des activités génératrices de revenus. Ce qui les expose à la prostitution ou à l’exploitation domestique. Toute chose qui accroît leur vulnérabilité.
Mais dans le même temps, l’étude a fait ressortir aussi que les enquêtées demeurent pleines d’espoir. Elles ne demandent qu’à pouvoir se donner les moyens de leur propre autonomie sociale et financière, à travers la reprise éventuelle d’une scolarité normale, ou encore la disponibilité d’un minimum d’intrants, pour aller de l’avant et amorcer leur propre reconstruction.
Selon les conférenciers, le rapport contribuera à asseoir un plaidoyer auprès de la communauté humanitaire internationale, les décideurs, les bailleurs de fonds, les OSC, les médias… Avec l’espoir de pouvoir bénéficier de fonds supplémentaires pour accroire et renforcer les programmes sur le terrain.

Dans cette perspective, une série d’activités publiques sera menée à partir du 30 juin 2020, date du lancement des résultats de l’étude, à l’international. Dans le contexte du Burkina Faso, ce lancement interviendra le 3 juillet 2020, à travers une cérémonie officielle, une table-ronde, une conférence, une exposition …
Depuis 2016, le Burkina Faso est la cible régulière d’attaques terroristes qui ont occasionné le déplacement de 921 471 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Pour les animateurs de la conférence de presse, ne pas écouter ces dernières, reviendrait à commettre une double violence à leur égard.

Juvénal Somé
Kaceto.net