Selon le rapport sur les "Perspectives économiques en Afrique" pubié récemment par la Banque africaine de développement (BAD), la croissance du PIB réel du Burkina devrait ralentir, passant de 5,7 % en 2019 à 1,6 % en 2020 si la pandémie se calme
d’ici juillet (scénario de base) et à 0,7 % si elle se poursuit
jusqu’en décembre (scénario pessimiste).

Le Burkina Faso a enregistré son premier cas de COVID–
19 le 9 mars 2020. Le 22 mai, le pays comptait 832 cas
confirmés, dont 683 guérisons, 97 personnes sous traitement
et 52 décès, et la pandémie semblait être maîtrisée.

État de préparation du secteur de la santé

Les dépenses dans le secteur de la santé sont relativement
faibles, puisqu’elles ne représentent en moyenne que 6 %
du PIB. L’Indice mondial de sécurité sanitaire 2019 a classé
le Burkina Faso au 145e rang sur 195 dans le monde et au
24e rang sur 54 en Afrique, le plaçant dans la catégorie des
pays les moins préparés à faire face à une épidémie.

Perspectives macroéconomiques

Avant le déclenchement de la pandémie de la COVID–19,
les perspectives de croissance du Burkina Faso s’avé-
raient favorables. Le taux de progression du PIB a été
6,2% en moyenne sur la période 2016–2019, en dépit de
la dégradation de la situation sécuritaire. Le choc causé
par la COVID–19 devrait entraîner une baisse des chiffres
du commerce extérieur, une contraction des investissements
directs étrangers et un ralentissement du tourisme.
La croissance du PIB réel devrait ralentir, passant de
5,7 % en 2019 à 1,6 % en 2020 si la pandémie se calme
d’ici juillet (scénario de base) et à 0,7 % si elle se poursuit
jusqu’en décembre (scénario pessimiste) (tableau). Le déficit
budgétaire en 2020 augmenterait de 2,4 à 2,8 points de
pourcentage du PIB par rapport aux prévisions initiales. Le
déficit des comptes courants diminuerait toutefois en 2020
de 1,2 à 0,9 point de pourcentage du PIB par rapport aux
prévisions initiales, principalement en raison de la diminution
de la facture pétrolière. L’inflation devrait augmenter de
2 points par rapport aux prévisions initiales, et se stabiliser
très légèrement au-dessus de 3 %. L’activité économique
devrait connaître une relance en 2021, parallèlement au
retour de l’activité dans le tourisme, l’hôtellerie et le commerce
et à l’augmentation des investissements publics.

Réponse du gouvernement

Pour lutter contre la propagation de la pandémie et atté-
nuer son impact sur les populations vulnérables et le secteur
privé, l’État a élaboré un plan de riposte et un plan de
relance économique comprenant des mesures de nature
sanitaire, économique et sociale. Le coût global de ces
mesures est estimé à 394 milliards de francs CFA, soit
4,45 % du PIB. En plus de ces mesures, la Banque centrale
des États de l’Afrique de l’Ouest prend des mesures
pour renforcer la résilience du système financier et bancaire
du pays.
Les mesures sanitaires du plan révisé de préparation et
de riposte contre la COVID–19, doté d’un budget global de
178 milliards de francs CFA, mettent un accent particulier
sur la prise en charge des patients, l’acquisition de matériel
médical et les tests de dépistage. Les autorités ont déclaré
l’état d’urgence et adopté des mesures de restriction de la
circulation, avec la mise en quarantaine de certaines villes et
la fermeture des marchés et des établissements scolaires.
D’un montant total de 76,08 milliards de francs CFA,
les mesures sociales concernent des exonérations de
paiement des factures d’eau et d’électricité pour les mois
d’avril, mai et juin, la vente de denrées alimentaires à des
prix subventionnés, des transferts monétaires directs et la
distribution gratuite de nourriture et de kits d’hygiène aux
ménages vulnérables.
Les mesures fiscales portent sur l’exonération de la TVA
et des droits de douane sur les importations et la vente de
produits utilisés dans la lutte contre la COVID–19 et sur les
exonérations de cotisations en avril, mai et juin pour les
microentreprises du secteur informel. D’autres mesures de
soutien prévoient la création d’un fonds de solidarité au
profit des personnes travaillant dans le secteur informel,
l’acquisition d’intrants agricoles et de fourrage pour soutenir
la production alimentaire et pastorale, et la mise en
place d’un cadre de soutien aux entreprises touchées. En
outre, l’État prévoit de fournir 12 millions de masques de
protection lavables aux étudiants et aux enseignants.

Banque africaine de développement