Depuis hier 31 octobre, la campagne pour le double scrutin présidentiel et législatif du 22 novembre est lancé. Chacun des 13 candidats a commencé à dévoiler le contenu de son offre politique qu’il entend expliquer aux populations des villes et campagnes en espérant les convaincre d’être l’homme qu’il faut pour présider aux destinées du pays durant les cinq prochaines années.

C’est par un déjeuner de presse que les dirigeants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ont lancé hier 31 octobre au siège du parti, la campagne de leur candidat, Roch Marc Christian Kaboré, en deuil depuis le 27 octobre.
Principalement animé par le président du parti et directeur national de campagne, Simon Compaoré, entouré des figures du parti dont le maie de la capitale Armand Roland Pierre Béouindé, le rendez-vous avec les journalistes a été l’occasion pour eux d’annoncer les grands chantiers que leur champion compte ouvrir durant les cinq prochaines années.
Sans surprise, c’est la sécurité qui occupe le premier rang des priorités du candidat du MPP. Depuis son élection en 2015, le pays est entré dans une zone de turbulences avec une série d’attentats qui ont endeuillé des familles, provoqué près d’un million de déplacés internes et porté un coup à la cohésion sociale. Roch Marc Christian Kaboré entend donc "gagner le pari de la sécurité et de la stabilité du pays", condition première pour une relance de l’économie et du progrès social.
Le deuxième chantier vise à "renforcer la démocratie, réconcilier les Burkinabè, consolider la paix et la cohésion sociale".

Depuis le retour des compétitions électorales en 1991, notre pays a toujours respecté les échéances électorales et c’est la 6ème fois que les Burkinabè vont élire le 22 novembre prochain leur président. C’est aussi l’occasion de renouveler le mandat des 127 députés siégeant à l’assemblée nationale. La démocratie burkinabè se renforce au fil des ans et les citoyens, qui ont vigoureusement combattu le putsch de septembre 2015, semblent avoir définitivement opté pour la voie démocratique comme mode de dévolution du pouvoir. Il s’agit de renforcer cet acquis en accordant plus d’espace de liberté aux citoyens et en leur permettant d’user de leur droit entre deux élections pour éventuellement influencer la gestion de la chose publique.
Le troisième chantier vise à "reformer l’Etat , moderniser et professionnaliser l’administration publique". Vaste chantier tant les citoyens expriment à longueur de journée leurs mécontentements quant au fonctionnement de l’administration : lourdeur dans le traitement des dossiers générant un affairisme chez certains agents, manque d’informations fiables et disponibles, incompétences et manque de conscience professionnelle de certains agents, etc., bref, les griefs ne manquent pas contre l’administration burkinabè. Sa modernisation par l’introduction des technologies de la communication, comme l’inscription en ligne aux concours de la fonction, permettra de réconcilier les usagers avec l’administration publique.
Le quatrième chantier porte sur le renforcement du processus de décentralisation.
A l’expérience, la concentration des pouvoirs par l’administration centrale freine les développement des régions. Le processus de décentralisation lancé au milieu des années 90, qui a consisté à transférer certaines prérogatives aux collectivités territoriales mérite d’être poursuivi en ouvrant des horizons plus larges aux régions.
"Consolider l’investissement dans le bien-être social", tel est l’axe central du 5è chantier, sachant que la fin de toute action publique vise à créer les conditions d’une meilleure vie aux populations : accès à la santé, à l’éducation, au logement et aux loisirs ; bref, il s’agit de travailler à relever le niveau du bien être social des Burkinabè qui est relativement bas si on s’en tient au classement annuel du Programme des nations unies pour le développement (PNUD).
Le 6è chantier entend "asseoir l’économie du savoir et bâtir l’école de demain".
L’accès à l’éducation de qualité pour la majorité des Burkinabè demeure encore un défi pour les pouvoirs publics. Le rapport de l’assemblée nationale sur l’éducation publié en 2016 a mis en lumière les problèmes auxquels est confrontée l’école burkinabè : manque d’infrastructures, sureffectifs dans les classes, niveau de qualification moyen et manque de motivation de beaucoup d’enseignants, etc.
Certes, des efforts ont été faits durant les cinq dernières années pour lever certains goulots d’étranglements, notamment par la normalisation des écoles sous paillotes et la dotation de manuels scolaires aux plus démunis. Mais la grogne sociale qui a frappé aussi le secteur éducatif depuis 2017 montre que beaucoup de fondamentaux de l’école burkinabè ne sont pas acquis.
Le candidat du MPP, Roch marc Christian Kaboré entend également "gagner le pari de l’emploi des jeunes et des femmes". C’est une lapalissade de dire que les jeunes et les femmes sont les plus frappés par la précarité et la pauvreté dans notre pays depuis des décennies. Une réforme du système éducation burkinabè vers la formation professionnelle s’impose afin de doter l’administration et les entreprises de main-d’oeuvre qui répond aux besoins du moment. Le candidat a annoncé qu’il créerait 600 000 emplois pour les jeunes durant son deuxième mandat.

Le chantier 8 vise à "améliorer le rendement du secteur privé et relever le niveau de compétitivité de l’économie". A l’évidence, en optant pour l’économie de marché depuis plusieurs décennies, les autorités de notre pays accordent une place de choix à l’initiative privée. Certes, les réformes entreprises depuis des années ont permis d’alléger les formalités dans la création des entreprises, mais il reste que l’accès aux financements adéquats et l’accompagnement des porteurs de projets demeurent de gros défis à relever d’autant que l’ouverture des frontières exposent les producteurs burkinabè dans tous les secteurs d’activités à une concurrence de plus en plus rude. La qualité des produits et services proposés par les Burkinabè s’impose afin qu’ils puissent tirer leur épingle du jeu dans la compétition internationale.
Le chantier 9 a l’ambition "d’assurer un développement durable". Comment satisfaire les besoins fondamentaux des Burkinabè ici et maintenant sans pour autant hypothéquer l’avenir des générations futures ? C’est la problématique à laquelle sont confrontés tous les pays du monde. Le développement durable, c’est aussi bien l’exploitation rationnelle des ressources naturelles que la formation de pointe des Burkinabè et leur accès à des soins de qualité. Le candidat Roch Kaboré croit pouvoir apporter des solutions à ces préoccupations.
Enfin, le chantier 10 entend "relever les grands défis sectoriels". Donner plus de moyens aux différents acteurs d’augmenter la production dans leurs secteurs respectifs, impulser par la puissance publique une dynamique dans la modernisation des outils de production, voilà le défi qu’entend relever le président sortant pour les cinq prochaines années.
Autant de sujets qui devront être largement expliqués aux électeurs durant les trois semaine de la campagne présidentielle.

Dominique Koné
Kaceto.net