Les statistiques sur les enfants et jeunes en situation de rue (EJSR) issues du recensement, effectué en 2016 dans les quarante-neuf (49) communes urbaines du pays, ont mis en évidence l’ampleur du phénomène et son caractère urbain

En effet sur un effectif total de neuf mille trois cent treize (9 313) EJSR dénombrés, plus de 60% sont répartis entre les deux (02) principales villes que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Les statistiques ont également révélé que les garçons, au nombre de sept mille cinq cent soixante-quatre (7 564), représentent 81,20% de cet effectif contre mille sept cent quarante-neuf (1 749), soit 18,80% pour les filles.
En vue d’apporter une réponse adéquate au phénomène, et ce, conformément au Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) qui envisage de réduire de 50% le nombre des enfants et jeunes en situation de rue à la fin de l’année 2020, l’Etat burkinabè, en collaboration avec d’autres acteurs, a entrepris diverses actions de lutte contre ce fléau. C’est dans ce cadre que deux phases intensives de l’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue ont été initiées et menées dans la ville de Ouagadougou.
Ces phases intensives suivies des phases ordinaires sont articulées autour de la sensibilisation, du retrait des femmes et des enfants et jeunes concernés ainsi que leur accueil et prise en charge dans un centre d’accueil d’urgence en vue de leur réinsertion sociale et économique. Elles ont permis, à la date du 30 juin 2020, d’obtenir des résultats majeurs. Plus de 3 514 enfants ont été touchés par les équipes éducatives lors des maraudes diurnes et nocturnes. Parmi ceux-ci 195 enfants sont en stabilisation au Centre d’accueil d’urgence de Ouagadougou sis à Somgandé. Ces enfants placés bénéficient d’une formation professionnelle initiale et d’une scolarisation. Les ex-enfants talibés reçoivent, spécifiquement, une éducation religieuse qui leur est dispensée grâce à la bonne collaboration que le ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire entretient avec la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB).
En outre, 237 des enfants retirés lors de l’opération, dont 117 en 2018 et 120 en 2019, ont été placés dans les internats éducatifs à Orodara, Fada N’Gourma, Kaya et Gampèla. 189 enfants stabilisés ont été retournés en familles et 240 enfants remis soit aux parents, soit aux maîtres coraniques après sensibilisation dès les premiers jours de leur retrait. 767 enfants talibés sont suivis dans des foyers coraniques modèles pour le type d’encadrement qui intègre la protection des enfants.
Pour ce qui est des mères qui amènent avec elles des enfants dans la rue pour la mendicité, des actions sont aussi menées en leur faveur. 302 mères qui étaient accompagnées de 340 enfants ont été retirées et prises en charge. Des 340 enfants, 134 d’entre eux (ces enfants) ont été scolarisés et leurs mères ont bénéficié d’appuis en vivres et des pécules mensuels de 15 000 francs CFA. Parmi les femmes retirées, 126 ont été formées, équipées et installées. Du dernier suivi de ces femmes qui a été effectué en mars 2020, il ressort que 91 ont totalement quitté la rue et mènent des activités génératrices de revenus, soit un taux de succès de 72,2%.
Fort de ces acquis, la ville de Bobo-Dioulasso, avec un effectif de mille trois cent un (1 301) enfants et jeunes en situation de rue selon toujours les résultats du recensement de 2016, a accueilli elle aussi, le lancement de l’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue, en août 2020.
Une phase intensive de dix (10) jours de cette opération de retrait à Bobo-Dioulasso a permis d’engranger des résultats intéressants. 5 395 personnes ont été sensibilisées sur les droits de l’enfant et les dispositifs législatifs portant sur la fréquentation des débits de boisson par les enfants. Il y a la signature de conventions de partenariat avec 116 maîtres coraniques encadrant 1 879 enfants. Cette signature de convention a été suivie d’un appui de 70 tonnes de vivres d’un coût de 20 millions de francs CFA. 275 enfants et jeunes ont été retirés de la rue dont 270 garçons placés au Centre Djiguiya et 05 filles au Centre du projet de Réduction de la Pauvreté des Jeunes (REPAJE).
En plus, 35 femmes mères de jumeaux accompagnées de 90 enfants ont été retirées et placées au Centre REPAJE. 39 familles ont bénéficié d’une visite à domicile à travers les équipes familles. 45 enfants et 07 femmes ont aussi bénéficié d’une consultation psychologique. 124 enfants et 26 femmes ont, par ailleurs, bénéficié d’une prise en charge médicale.
En termes de perspectives, plusieurs actions seront mises en œuvre, parmi lesquelles la poursuite de l’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue dans les deux villes ; la poursuite de la prise en charge psychosociale scolaire et la formation professionnelle des enfants et jeunes retirés et placés dans les internats et les familles ; le renouement des liens familiaux des enfants et jeunes en rupture avec leurs familles.
La poursuite des activités de renforcement des capacités des familles à l’éducation des enfants, le suivi et l’accompagnement technique au profit des maîtres coraniques pour un encadrement réussi des enfants et l’appui des femmes à la mise en œuvre d’activités génératrices de revenus font aussi partie des actions prévues.
Toutes ces perspectives devront aboutir à une réinsertion socio économique réussie des enfants et des femmes retirés de la rue, et permettre l’atteinte l’un des objectifs du PNDES, qui est de retirer 50% des enfants en situation de rue d’ici la fin de cette année 2020.

DCPM Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire.