Hier relativement épargnée, l’Afrique subit la deuxième vague de coronavirus, quel qu’en soit le variant. La mortalité augmente, car les systèmes de soin sont peu efficaces. L’oxygène vient à manquer. La vaccination s’organise, mais les doses tardent à arriver.

En l’espace de quelques semaines, l’Afrique est devenue source de toutes les inquiétudes. Selon le CDC Africa, la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 est plus meurtrière en Afrique que dans le reste du monde. Le taux de mortalité de la maladie s’établit à 2,5% des cas recensés, au-dessus de la moyenne mondiale de 2,2%, a expliqué le directeur de l’agence de l’Union africaine, John Nkengasong, lors d’une conférence de presse. Sur le continent, le nombre de cas a augmenté de 14% par semaine depuis un mois.

D’après l’OMS, les nations africaines sont prêtes en moyenne à 42 % pour des campagnes de vaccination de masse, contre un taux de 33 % noté il y a deux mois. Néanmoins, il reste un long chemin à parcourir avant d’atteindre le seuil souhaité de 80 %.

Certes, sur un an, l’Afrique reste relativement peu touchée : 3,3 millions de cas recensés et moins de 82 000 décès. Cela étant, l’augmentation du taux de mortalité marque une rupture, tandis qu’il était resté en dessous de la moyenne mondiale jusqu’à présent. « Nous assistons à un retournement », a prévenu John Nkengasong, cité par l’AFP. « C’est une des caractéristiques notables de la deuxième vague, que nous devons combattre âprement. »

À l’heure actuelle, 21 pays africains enregistrent des taux de mortalité supérieurs à la moyenne mondiale. Notamment, le Soudan, l’Égypte, le Liberia. Elle s’explique par une hausse du nombre de contaminations et de malades, à laquelle les systèmes de soin ne peuvent pas faire face.

La dynamique de l’épidémie « dépasse la capacité des infirmières et des médecins à prendre en charge les patients », explique John Nkengasong. « Les patients ne bénéficient pas de l’attention et des soins nécessaires car nous avons un nombre limité de lits et de fournitures, tandis que les besoins en oxygène deviennent critiques. » Au Nigeria, les autorités sanitaires doivent « choisir quels patients prendre en charge et auxquels refuser les soins ».

« Nous d’abord, pas moi d’abord »

L’Union Africaine a commandé 270 millions de vaccins pour le continent, en plus de ceux prévus via le dispositif Covax. Des négociations sont en cours avec la Russie et la Chine pour commander des doses supplémentaires, mais « nous n’avons pas d’accord pour le moment », a révélé John Nkengasong.

Au sujet

des vaccins, de nombreuses voix redoutent que l’Afrique ne soit laissée de côté, tandis que les pays occidentaux négocient l’acquisition de doses pour leur propre compte, faisant grimper les prix.

Depuis le début de la semaine du 18 janvier, 40 millions de doses de vaccins ont été administrées dans 50 pays, la plupart à revenu élevé. En Afrique, la Guinée est l’unique pays à faible revenu à fournir des vaccins et, à ce jour, ceux-ci n’ont été administrés qu’à 25 personnes. Les Seychelles, pays à revenu élevé, est le seul sur le continent à avoir lancé une campagne nationale de vaccination.

« Nous d’abord, pas moi d’abord : c’est la seule façon de mettre fin à la pandémie », a insisté pourtant Matshidiso Moeti, directrice de l’OMS pour l’Afrique, lors d’une table ronde sur la pandémie en Afrique. « La thésaurisation des vaccins ne fera que prolonger l’épreuve et retarder le relèvement de l’Afrique. Il est profondément injuste que les Africains les plus vulnérables soient forcés d’attendre des vaccins alors que des populations présentant moins de risques dans les pays riches sont mises en sécurité. » Selon Dr Matshidiso Moeti, « les personnels de la santé et les personnes vulnérables en Afrique ont urgemment besoin d’un accès à des vaccins contre la Covid-19 sûrs et efficaces. »

« Le Covax est en bonne voie pour commencer à livrer les doses de vaccins et à garantir un accès mondial aux vaccins », a voulu rassurer Thabani Maphosa, directeur exécutif des programmes de pays de GAVI, l’Alliance du vaccin. « Cet immense engagement international a été rendu possible par les dons, le travail autour d’accords de partage des doses et des accords avec les producteurs, qui nous ont permis d’obtenir la garantie de 2 milliards de doses. Nous avons hâte de déployer ces vaccins dans les prochaines semaines. »

En Afrique, la coalition s’est engagée à vacciner au moins 20 % de la population d’ici la fin de 2021 en fournissant un maximum de 600 millions de doses, sur une base de deux doses par personne, distribuées par phases.

D’après l’outil d’évaluation de l’OMS de la préparation à l’introduction du vaccin, les nations africaines sont prêtes en moyenne à 42 % pour des campagnes de vaccination de masse, ce qui constitue une amélioration par rapport aux 33 % notés il y a deux mois. Néanmoins, il reste un long chemin à parcourir avant d’atteindre le seuil souhaité de 80 %.

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