Malgré son handicap visuel, Blaise Wibga, résident à Yako, œuvre depuis sept ans, à la formation à l’écriture braille et à l’artisanat en faveur d’autres malvoyants et aveugles de la province du Passoré. Zoom sur les actions de ce battant qui démontre au quotidien que « le handicap n’est pas une fatalité mais une mentalité »

Ce jeudi 21 janvier 2021, nous sommes à Yako dans le Centre d’alphabétisation non formelle de Blaise Wibga. Nous assistons à un cours dispensé par Hyacinthe Compaoré, l’un des quatre animateurs du centre. Assis face aux apprenants aveugles avec un manuel scolaire du braille en main, le jeune animateur nous explique qu’il donne ses cours pour soutenir ses pairs afin d’aider à leur intégration socioprofessionnelle.

Selon le responsable du centre, Blaise Wibga, un homme d’une trentaine d’années, cela fait sept ans qu’il a créé ce temple d’apprentissage qui comprend quatre niveaux d’apprentissage assurés par quatre animateurs dont deux sont originaires de la localité et les deux autres sont venus de Ouagadougou et de Koudougou.

Les apprenants du braille du niveau 4 en séance lecture.
Il a indiqué que l’établissement comprend 22 apprenants dont 7 filles et 15 garçons qui suivent régulièrement la formation dans un cadre peu confortable. Ces apprenants sont aveugles ou malvoyants et viennent des neuf communes de la province du Passoré.

Une initiation aux métiers

Pour le promoteur, le centre d’alphabétisation, outre l’apprentissage du braille, initie les pensionnaires aux métiers d’artisanat, afin de pouvoir soutenir les charges liées à son fonctionnement.

Il s’agit de la location des salles, le paiement des salaires des animateurs et des femmes s’occupant de la cantine pour l’alimentation des apprenants.

En plus, il offre, entre autres, des formations en tissage, à la fabrication du savon et des sacs. Ce qui va permettre aux bénéficiaires de s’intégrer socialement et professionnellement et aussi de garantir leur autonomisation financière.

De l’avis de Blaise Wibga lorsqu’ un enfant n’est pas préparé à se prendre en charge, il va souffrir à l’absence des parents. Car dans l’avenir, ils seront obligés de faire des choses qui n’honorent pas forcement la dignité humaine.

Malgré le soutien permanent de l’ONG dénommée Projet d’appui à l’éducation non formelle (FONAENF) au centre, ce dernier, selon son promoteur fait face au manque de moyens financiers et matériels pour son fonctionnement. Toute chose qui a ralenti énormément les activités pédagogiques, a-t-il indiqué.

L’idée de création du centre par Blaise Wibga, il y a sept ans, est intervenue après une formation de l’intéressé en écriture braille et au métier de l’artisanat, qui a eu lieu à Ouagadougou.

Emile Ouédraogo, un apprenant : « A travers cette école, nous aussi nous savons que nous sommes importants dans la société »
Le centre a été créé après plusieurs voyages d’études du promoteur au cours desquels, il a découvert d’autres centres d’alphabétisation des personnes handicapées visuelles dans d’autres provinces du Burkina Faso.

Il est basé sur l’Association des personnes malvoyantes et aveugles du Passoré (APMAP) créé en 2012 dont Blaise Wibga est le premier responsable aujourd’hui. Il a décidé de créer un centre de formation dans sa localité pour, justifie-t-il, afin de restituer ses connaissances acquises, à d’autres handicapés visuels comme lui.

AIB