Organisé les 15 et 16 février à N’Djaména, au Tchad, le sommet devant déterminer les nouvelles priorités du G5 Sahel se fera en l’absence d’Emmanuel Macron. Les présidents des cinq pays africains membres de cette force installée en 2014 pour lutter contre le terrorisme au Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Mauritanie et Tchad) seront, eux, au rendez-vous.

Officiellement, la non-présence du président français est justifiée par le contexte sanitaire. « Le président s’applique à lui-même ce qu’il impose aux Français », affirme-t-on à l’Elysée, ce qui n’empêchera pas le déplacement, dans la capitale tchadienne, des ministres Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) et Florence Parly (Armées). Les semaines ayant précédé cet événement, la présence physique d’Emmanuel Macron était pourtant bel et bien actée. Trois jours avant l’ouverture du sommet, le conseiller Afrique de l’Elysée, Franck Paris, confirmait cette venue à Financial Afrik. Au-delà du contexte sanitaire, le climat de tensions politiques et intérieures actuellement perceptibles au Tchad a persuadé la présidence française de renoncer à ce déplacement.

L’arrivée d’Emmanuel Macron au Tchad au moment où plusieurs personnalités sont arrêtées et condamnées pour leur participation, le 5 février 2021, à une manifestation interdite aurait été des plus mal venues aux yeux des organisations de la société civile et des adversaires d’Idriss Deby, en campagne électorale pour son sixième mandat consécutif. Le fondateur du parti Les Transformateurs se trouve, quant à lui, toujours réfugié à l’ambassade des Etats-Unis, à N’Djaména, après la même manifestation. En boudant le sommet sans annoncer les motivations réelles de cette décision, Emmanuel Macron lance une critique implicite à l’homme fort du Tchad, au pouvoir depuis 1990, ainsi que les conditions de préparation de la présidentielle d’avril prochain. Il évite parallèlement de servir de caution internationale à la candidature critiquée de son homologue. Pour autant, le fait de justifier le contexte sanitaire lui évite de désavouer publiquement un partenaire jugé indispensable dans la lutte antiterroriste.

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