Passant de 32 milliards de dollars en 2010 à 48 milliards de dollars en 2019 selon la Banque mondiale, les flux financiers de la diaspora à destination de l’Afrique subsaharienne représentent désormais près du double de l’aide au développement dédiée aux pays africains. Cet apport est considérable pour de nombreux pays du continent : d’après l’OCDE, les transferts de la diaspora représentent 5 % du PIB ou plus pour une quinzaine d’entre eux. C’est le cas du Sénégal par exemple où les transferts de fonds constituent près de 10 % du PIB.

Pour autant, rien n’est fait pour faciliter les transferts de fonds en direction de l’Afrique. La surtarification est longtemps restée la norme comparée aux autres régions du monde. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : marché peu concurrentiel et essentiellement dominé par des acteurs internationaux, infrastructures peu adaptées aux zones rurales qui reçoivent la majorité de ces transferts, manque de sécurité… En dépit de ces éléments qui pourraient affecter le niveau des transferts de fonds, il continue de croître, s’inscrivant dans une dynamique mondiale où le nombre d’expatriés continue de grandir. Logiquement, plus il y a de migrations, plus les transferts d’argent sont importants.

Dans le même temps, la nature de ces transferts a évolué au fil des années. Bien que les transferts que l’on qualifierait de virement social constituent encore une part importante, on constate de plus en plus de transferts répondant aux caractéristiques d’un investissement. Il y a désormais au sein des diasporas africaines une envie toujours plus forte de participer au développement du continent avec des transferts de fonds contribuant à des projets sociaux.

La crise du Covid-19 : un tournant pour les transferts de fonds ?

Les diasporas africaines n’ont pas été épargnées par la crise sanitaire et économique, entraînant logiquement une baisse du niveau des transferts de fonds à destination de l’Afrique subsaharienne en 2020 que l’on estime à près de 20 %. Un choc financier considérable alors que dans une récente enquête Ipsos/RMDA auprès des diasporas africaines résidant en France, les émetteurs sont 77 % à penser que les récipiendaires dépendent de ces transferts pour vivre. Si la crise du Covid-19 va donc faire chuter temporairement le niveau de ces transferts, il ne fait aucun doute qu’ils retrouveront leur volume d’avant crise rapidement et même les dépasseront.

Mais l’autre constat de cette étude est l’accélération de la digitalisation des transferts de fonds avec le contexte sanitaire. En effet, 31% des personnes interrogées qui ont envoyé de l’argent en 2019 ont davantage eu recours aux transferts via internet ou mobile en 2020. L’occasion pour ces opérateurs de gagner la confiance de nouveaux utilisateurs toujours réticents à utiliser les canaux numériques plutôt que des réseaux informels pour différentes raisons : coûts trop élevés, modes de réception inadaptés, manque de confiance.

Les opérateurs africains comme Rapidtransfer International, la solution de transferts de fonds entre l’Afrique et l’Europe du groupe Ecobank, ont donc ici une carte à jouer : au-delà de l’argument marketing de l’africanité, ils peuvent se distinguer de leurs concurrents avec une véritable compréhension du marché et suffisamment de relais sur le continent pour avoir l’offre la plus compétitive et complète. Dans une récente étude, le cabinet Microsave Consulting identifiait notamment des besoins spécifiques aux membres de la diaspora disposant de revenus plus élevés : prêts à la création d’entreprise ou prêts immobilier ou foncier dans la perspective d’un retour au pays. Ces membres de la diaspora ne cherchent pas un simple service de transferts de fonds mais une véritable solution leur permettant de financer les besoins de santé préventifs, d’investissements dans le capital humain comme l’éducation, la formation ou le renforcement des compétences, et de financement de l’entrepreneuriat.

Pour les diasporas africaines, l’opérateur qui sera capable de fournir le meilleur bouquet de services autour des envois de fonds se distinguera naturellement de ses concurrents. Face à leurs concurrents internationaux solidement implantés mais sans spécificités régionales, les solutions africaines ont une opportunité pour se démarquer avec des offres sur mesure correspondant aux besoins des diasporas et aux réalités du continent africain.

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