Plus d’un an après le début de la pandémie Covid-19, l’industrie aérienne mondiale reste dans le rouge avec des conséquences dévastatrices sur ce secteur en Afrique comme le souligne la Commission économique africaine (CEA) et l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) dans son rapport intitulé « Les compagnies aériennes africaines dans le contexte de la pandémie Civod 19, surmonter une crise de liquidité, publié le 3 mars ».

La plupart des compagnies du continent se retrouvent dans une situation de quasi-insolvabilité avec un niveau de pertes financières établies à plus de 10 milliards $ pour l’ensemble du secteur. Cela vaut particulièrement pour Ethiopian Airlines qui enregistre 3 milliards $ de chute de recettes, en 2020. Ethiopian a perdu 430 millions $ avec des milliers d’emplois menacés dans le pays. Alors que l’aérien générait chaque année 70 milliards $ sur le continent, les vols au départ de l’Afrique ont chuté de 95% l’an dernier contre 75% en moyenne dans les autres régions du monde.

Ce climat tendu pâtit, en outre, de l’absence de plan de relance ambitieux et de dispositifs de soutien malgré quelques initiatives nationales comme au Sénégal. « Si les Etats africains ont fourni des aides budgétaires pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie, la plupart n’ont pas apporté de soutien direct à leur compagnie nationale », juge le rapport qui précise : « Contrairement à ce qui se passe en Afrique, les Etats d’autres régions du monde ont mis en place des mesures d’aide pour leurs compagnies aériennes, comprenant notamment un soutien direct, des garanties de prêts, de prises de participation et le renoncement à des loyers ». A titre de comparaison, l’Allemagne a injecté 9 milliards $ pour soutenir son fleuron Lufthansa et l’administration américaine a décidé de consacrer 60 milliards $ pour accompagner son secteur.

Or, la dette des compagnies ne cesse d’enfler auprès de ses fournisseurs et de ses créanciers (avionneur, société de leasing, banques, institutions financières…). Pour contenir la crise, la CEA évoque plusieurs pistes urgentes. Elle suggère en particulier l’allègement drastique des contraintes budgétaires à travers le report de toutes les échéances de remboursement des acteurs du secteur, notamment des prêts mais aussi des redevances aéroportuaires. Une exonération d’impôts et des taxes sur les passagers et le carburant est également demandée. En l’état actuel, ces mesures peuvent permettre de contenir la crise tout en contribuant à préserver les lignes de crédit et, au final, les liquidités des entreprises. Le rapport prône par ailleurs l’accès urgent aux financements sous la forme de dons, de prêts concessionnels avec des procédures d’octroi accélérées, de subventions, de lignes de liquidités par les banques centrales et de mécanismes de soutien aux trésoreries.

Cinq organisations (IATA, AFRAA, Airline Association of Southern Africa (AASA) l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et le Conseil mondial du voyage et du tourisme appellent parallèlement au déblocage de 10 milliards $ de financements pour permettre de juguler en partie la situation et d’éviter de vastes plans sociaux dans l’hypothèse d’une absence d’évolution de la situation dans les prochains mois. Ces différentes propositions sont étudiées dans le cadre d’une stratégie de redressement et de durabilité du secteur aérien actuellement en cours d’élaboration par l’Union Africaine et la Commission africaine de l’aviation civile (Cafac).

FA