Lors de la manifestation du 27 novembre à Ouagadougou, les journalistes n’ont pas été ménagés par les forces de l’ordre, notamment la police et par certains manifestants. Ils ont parfois été menacés verbalement aussi bien par les forces de l’ordre que par les manifestants. Alors qu’il était en train de faire une interview, un de nos confrères de Omega, Moumouni Tamboura, a reçu sur le front un débris de balle en caoutchouc qui l’a blessé. Fort heureusement, il a pu recevoir les premiers soins dans les locaux des Sapeurs pompiers qui jouxtent la mairie centrale. Un autre a reçu un projectile sur la tête, pendant qu’une consœur de type caucasien a été prise à partie par des manifestants qui rudoyée verbalement.
Des comportements inacceptables que dénonce l’Association des journalistes du Burkina (AJB) dans la déclaration ci-contre.

Le samedi 27 novembre 2021, à l’appel d’une coalition d’organisations de la société civile, des manifestations ont eu lieu dans la ville de Ouagadougou. Ces manifestations ont été fortement réprimées par les forces de l’ordre, notamment la police nationale mise en cause par plusieurs victimes et des témoins oculaires.
Dans cet élan répressif, les travailleurs des médias n’ont pas été épargnés. Certains ont reçu des projectiles, d’autres ont subi une violence verbale faite de menaces et de propos assez vexants de la part de forces de l’ordre. L’objectif de ces intimidations était de faire quitter les reporters du lieu des évènements et de les empêcher ainsi de faire leur travail de reportage. Certains manifestants ont aussi exprimé verbalement leur hostilité à certains médias publics.
S’agissant des agressions physiques, un des journalistes a été atteint par un tir de gaz lacrymogène et un autre témoigne avoir reçu un caillou sur la tête. En clair, les journalistes ont été pris à partie par les protagonistes à savoir les forces de l’ordre et les manifestants alors qu’ils ne cherchaient qu’à faire le travail en toute indépendance.
L’Association des journalistes du Burkina (AJB) juge inacceptable ces violences physiques et verbales subies par des travailleurs des médias dans l’exercice de leur métier. Les témoignages révèlent qu’à certains moments, ils ont été délibérément confondus aux manifestants par les forces de l’ordre qui ne les ont nullement ménagés comme le requiert leur statut de journaliste.
L’AJB, après avoir rendu une visite aux journalistes blessés identifiés, apporte sa solidarité et son soutien à l’ensemble des confrères touchés par les violences ainsi qu’à leurs organes.
Nous rappelons à toutes fins utiles, que manifestants et forces de l’ordre sont tenus à des degrés divers pour responsables de la sécurité des journalistes, les manifestants étant les organisateurs et les forces de l’ordre étant responsables de la sécurité de toutes et de tous.
C’est fort de ces constats que l’AJB :
condamne les agressions dont ont été victimes des journalistes reporters lors des manifestations du 27 novembre 2021,
souhaite prompt rétablissement aux blessés,
exhorte les manifestants, les organisateurs notamment et les forces de l’ordre à se préoccuper de la sécurité des journalistes lors des manifestations et ce même en cas de débordement, en vertu de la neutralité des journalistes dont la présence est justifiée par les nécessités de service,
invite les organisateurs de manifestations ainsi que les promoteurs de médias à doter les journalistes d’identifiants (gilets presse et/ou badges presse) pour éviter qu’ils ne soient pris à partie dans la mêlée.

Fait à Ouagadougou le 29 novembre 2021.

Pour le Bureau national,
Le président
Guézouma Sanogo