Ibrahim Boubacar Keïta, ancien président du Mali, est mort

« Le président “IBK” [Ibrahim Boubacar Keïta] est décédé ce matin à 9 heures [10 heures, heure de Paris] à son domicile », à Bamako, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) un membre de sa famille, dimanche 16 janvier. Cette information a été confirmée par plusieurs membres de la famille et de l’entourage de M. Keïta, mais la cause du décès n’a pas été précisée. Il était âgé de 76 ans.

Entamée en septembre 2013, la présidence d’« IBK », comme il était couramment appelé, a largement coïncidé avec la tourmente dans laquelle le Mali était plongé depuis 2012. En août 2020, il a été renversé par des militaires qui défient aujourd’hui une partie de la communauté internationale.

La télévision publique malienne a annoncé qu’un programme des obsèques serait annoncé « ultérieurement ». Dimanche après-midi, la résidence de l’ancien président, située dans le sud-ouest de la capitale, était le théâtre d’un intense ballet de voitures de personnalités venues présenter leurs condoléances. Selon l’AFP, des policiers gardaient les entrées de la demeure.

Dans un message sur Twitter, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, s’est dit « très attristé ». « C’est avec une grande émotion que je m’incline devant sa mémoire », a-t-il écrit.

« IBK » avait été chassé du pouvoir après des mois de mobilisation au sein d’une population exaspérée par les violences en tous genres (djihadistes, communautaires ou crapuleuses), par la faillite des services de l’Etat et par une corruption réputée galopante.
M. Keïta, qui se réclamait de la gauche, a connu une ascension fulgurante lors des deux mandats d’Alpha Oumar Konaré, premier président de l’ère démocratique du Mali (1992-2002). « IBK » a notamment a été premier ministre de 1994 à 2000. Il se présente à l’élection présidentielle de 2002, mais n’arrive qu’en troisième position. Amadou Toumani Touré, dit « ATT », un militaire à la retraite, l’emporte au second tour puis se fait réélire dès le premier tour en 2007, devant « IBK ». « ATT » est renversé en 2012 par un putsch censé enrayer la déroute de l’armée face aux rebelles indépendantistes et djihadistes dans le Nord.

A l’élection présidentielle de 2013, après l’intervention internationale lancée à l’initiative de la France contre les djihadistes, « IBK », considéré comme un recours, tient sa revanche en accédant au palais de Koulouba, le siège de la présidence malienne. Il est réélu en 2018 face à Soumaïla Cissé, leader de l’opposition, mort en décembre 2020 du Covid-19.

Sa présidence est marquée par une insurrection djihadiste liée à Al-Qaida dans le nord du pays. Des accusations de corruption, des élections législatives contestées et une économie en crise finissent par conduire plusieurs dizaines de milliers de personnes à manifester dans les rues de la capitale malienne en 2020 pour réclamer son départ.

Le coup d’Etat qui l’a renversé le 18 août 2020 a été suivi d’un deuxième en mai 2021. La junte conduite par le colonel Assimi Goïta a annoncé son intention de diriger le pays pendant plusieurs années, alors qu’elle s’était engagée auparavant à organiser, à la fin du mois de février, des élections présidentielle et législatives afin de permettre le retour des civils au pouvoir.

Outre la grave crise sécuritaire et politique que connaît le pays depuis le déclenchement d’insurrections indépendantistes et djihadistes en 2012, le Mali est aussi confronté depuis une semaine à de lourdes sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Le Monde avec AFP