La commission technique mise en place pour faire des proposition sur le fonctionnement de la Transition a remis le son rapport le 23 février 2022 au chef de l’Etat Paul Henri Sandaogo et son contenu est actuellement en débat depuis ce matin aux assises nationales dans la salle de conférence de Ouaga 2000.

Décliné en quatre objectifs stratégiques, le projet d’agenda proposé par la commission technique vise à donner les moyens de recouvrer l’intégrité du territoire national par une lutte acharnée contre les groupes terroristes et libérer les zones occupées par eux.
Depuis 2016, faut-il le rappeler, l’action des groupes terroristes a provoqué la mort de 2000 personnes dont 600 éléments des Forces de défense et de sécurité, contraint plus 1,5 million de personnes à quitter leur village pour trouver refuse ailleurs. Ces déplacements massifs de personnes dans des conditions chaotiques ont créé une situation humanitaire assez préoccupante d’autant que la production céréalières a été mauvaise cette année avec une baisse de 9,07% dans les zones à haute insécurité.
Le document évoque également l’urgence de refonder et améliorer la gouvernance en menant une lutte sans merci contre la corruption électorale, le népotisme, le clientélisme et le clanisme. Sans oublier bien entendu la dépolitisation de l’administration, un chantier sur la place publique depuis plusieurs années.
Selon le document, à la date du 15 mars 2021, le Burkina comptait 114 partis politiques officiellement reconnus, conséquence de la liberté totale de création d’association consacrée par la constitution de juin 1991. Reste que cette multitude de partis, qui peut être perçue comme l’expression de la vitalité de la vie politique, cache en réalité une misère citoyenne qui est donnée à voir lors des consultations électorales. A titre d’exemple, lors du double scrutin présidentiel législatif de novembre 2020, seulement 2 972500 inscrits se sont exprimés dans les urnes sur un potentiel de 10 millions !
A l’évidence, le processus démocratique dans notre pays est vicié en raison du financement privé des campagnes électorales qui mérite d’être réglementé afin de limiter la corruption électorale. Pour cela, il est nécessaire de plafonner les dépenses de campagnes.
Les auteurs du rapport préconisent aussi plus de transparence dans les secteurs miniers et fonciers, une meilleure mobilisation des ressources publics pour davantage soutenir le secteur privé, source de création d’emplois.
Sur la réconciliation nationale et la cohésion sociale, deux sujets pour lesquels un ministère d’Etat avait été créé dans le dernier gouvernement du premier ministre Christophe Dabiré, le rapport préconise que les dossiers pendants en justice soient vidés, que les conflits communautaires soient traités avec la plus grande vigilance en mettant l’accent sur la prévention.
Quant aux institutions mises en place pour œuvrer à la réconciliation et la cohésion sociale, le rapport préconise leur rationalisation par la suppression du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN), le Haut représentant du chef de l’Etat et le Haut conseil pour le dialogue social (HCDS). Il suggère la fusion de la CENI, l’ONI, le guichet unique du foncier et la direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM), la centralisation des ordres de mission des agents publics et le rattachement du conseil national du Genre à la primature.
La lutte contre le terrorisme passe également par la lutte contre la corruption dans l’armée et le rapport demande un audit du fonctionnement des Forces armées nationales depuis les six (6) dernières années.
Objet de polémiques depuis plusieurs années, le rôle et la place de la chefferie traditionnelle dans la vie politique a été scruté par la commission, laquelle suggère de lui trouver un statut dans la nouvelle république qui pourrait intervenir avec l’adoption de la constitution consacrant le passage à la Vè république.

Dominique Koné
Kaceto.net