Les questions liées à la couverture médiatique de l’Afrique sont de plus en plus abordées dans l’actualité. En effet, le continent essaie de se libérer du stéréotype qui en fait un territoire où règnent pauvreté, maladie et guerre alors que depuis plusieurs années, les choses ont énormément changé.

La couverture des médias internationaux affecte négativement l’écosystème africain des affaires. C’est l’une des conclusions de l’organisation sud-africaine Africa No Filter à l’issue de son étude intitulée : « rapport narratif sur les affaires en Afrique », publiée ce mardi 1er mars 2022.

« La zone de libre-échange continentale africaine est la plus importante au monde, avec 54 pays participants et l’accès à un produit intérieur brut combiné de 3 400 milliards $. Pourtant, elle représente moins de 1 % des informations et analyses sur les affaires en Afrique publiées par les médias internationaux et africains », déplore le rapport.

Ces dernières années, l’impact de la représentation africaine a été analysé par divers médias et associations, mais la spécificité des conséquences sur l’environnement des affaires n’a pas souvent été évoquée.

Selon Africa No Filter, les médias internationaux publient des articles plus négatifs pour l’environnement africain des affaires. Cet effet est dû au fait qu’ils évoquent plus souvent la ruée des puissances étrangères vers le continent, y évoquent plus la technologie et son impact que la créativité locale. Ces médias occultent ainsi des composantes importantes comme le rôle des jeunes et des femmes ainsi que le potentiel de la ZLECAF. Pour ne rien arranger, les médias internationaux réduisent souvent le continent à l’Afrique du Sud et au Nigeria, selon le rapport.

Toutefois, les médias internationaux ne sont pas les seuls responsables de la mauvaise perception de l’environnement africain des affaires. « Les médias africains évoquent deux fois plus souvent la corruption dans leur couverture du monde des affaires en Afrique que les médias internationaux », révèle Africa No Filter.

L’impact d’un storytelling négatif sur l’écosystème des affaires avait poussé Akinwumi Adesina, le patron de la Banque Africaine de Développement, à prôner un changement du discours sur l’Afrique. « Il est temps de changer le discours sur l’Afrique aux États-Unis », avait-t-il déclaré en octobre 2021 devant des diplomates américains.

Alors que le continent africain abrite plusieurs des économies affichant les plus importants progrès de ces 20 dernières années, ceci ne semble pas influencer la perception du climat des affaires africain.

Le rapport d’Africa No Filter relancera de toute vraisemblance le débat sur le sujet. Récemment, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait proposé à l’Union Africaine de créer un média pour régler ce type de problèmes.

Agence ECOFIN