"Dans ce contexte de Transition, il n’y a ni majorité, ni
opposition", extrait de la présentation de la feuille de route par le premier ministre Albert Ouédraogo aujourd’hui 4 avril devant les députés de la Transition.

Monsieur le Président de l’Assemblée Législative de la
Transition ;
Mesdames et Messieurs les députés de l’Assemblée
Législative de la Transition ;

Mon adresse devant votre auguste Assemblée intervient à
un moment où notre pays est confronté au terrorisme qui
continue de nous arracher des vies et de semer la désolation
dans certaines contrées du territoire national. Je voudrais
alors, en cette occasion solennelle, saluer la mémoire de
toutes les personnes arrachées à notre affection, du fait du
terrorisme. J’adresse mes sincères condoléances aux
familles endeuillées et mes vœux de prompt rétablissement
aux blessés. Je rends un hommage particulier aux Forces de
Défense et de Sécurité, aux Volontaires pour la Défense de
la Patrie, engagés dans cette guerre qui nous est imposée et
pour laquelle ils ont déjà payé un lourd tribut.

A la mémoire de toutes les personnes tombées sous les
balles assassines des terroristes, je vous demande
d’observer une minute de silence.


Silence------------------------------

Je vous remercie !
Monsieur le Président ;

Le 24 janvier 2022, notre pays, le Burkina Faso, a entamé
une nouvelle ère de son histoire politique avec l’avènement
du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la
Restauration (MPSR).
Ce changement de régime qui a été salué par les Burkinabè,
s’inscrit dans une logique visant la transformation profonde
de notre pays, à travers le retour aux fondements cardinaux
de la République et à ses valeurs qui garantissent notre
vivre-ensemble.
Pour y arriver, le Président du Faso, Le lieutenant-colonel
Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, a, dans une approche
inclusive, mis en place, une commission chargée d’élaborer
les projets de charte et d’agenda devant régir la Transition.

Le 1er mars 2022, les forces vives de notre nation ont
adopté ces instruments qui encadrent les relations entre
votre auguste Assemblée Législative et le Gouvernement,
durant la période qu’elle a déterminée.
Par la suite, il a plu à Son Excellence Monsieur Paul-Henri
Sandaogo DAMIBA, Président du Faso, Président de la
Transition, de m’appeler à la haute fonction de Premier
ministre, Chef du Gouvernement. Aussi, voudrais-je du
haut de cette tribune, lui réitérer mes sincères
remerciements et ma profonde gratitude. J’accueille cette
marque de confiance avec humilité et je prends
l’engagement d’œuvrer ensemble avec vous, représentants
des Burkinabè et avec toute l’équipe gouvernementale, à
l’atteinte des objectifs à nous assignés.
Ce jour, 04 avril est donc une date historique dans le
cheminement de la Transition politique ouverte et le
processus de création de bases solides pour la construction
d’une démocratie paisible et durable de notre pays.
En effet, nous inaugurons aujourd’hui, le début du dialogue
fructueux nécessaire qui doit exister entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif qu’incarne votre Assemblée.

Cet exercice est conforme aux dispositions de l’article 18
de la Charte de Transition qui prévoit que : « (…) Dans un
délai de trente jours après la formation du Gouvernement,
le Premier ministre présente la feuille de route de la
Transition à l’Assemblée Législative de la Transition
(ALT) (…) ».
Auparavant, qu’il me soit permis, de vous exprimer,
Monsieur le Président, ma gratitude pour l’accueil qui m’a
été réservé.
Je voudrais, ensuite, adresser mes chaleureuses félicitations
à chacun d’entre vous, honorables députés, pour votre
désignation comme membre de l’ALT.
La présence au sein de cette ALT, de personnes de
ressources et de grande expérience, de femmes et de jeunes
de qualité, me réconforte dans ma conviction que vous
saurez vous hisser à la hauteur des espérances des
Burkinabè. Je voudrais donc vous souhaiter de conduire
dans cet hémicycle, une mission pleine de succès pour la
défense de notre héritage commun, le Burkina Faso.

Je tiens à féliciter particulièrement l’honorable député,
Aboubacar TOGUYENI, élu par ses pairs, pour présider
aux destinées de l’ALT. Monsieur le Président, je vous
exprime ma distinguée considération et vous assure de ma
disponibilité à travailler avec vous, pour la réalisation de
nos missions qui sont, de répondre aux préoccupations qui
hantent depuis quelques années, l’esprit de tous les

Burkinabè.
Monsieur le Président,
Honorables députés,

Avant de vous présenter les priorités d’actions de la
Transition, il me parait indispensable de vous rappeler la
situation dans laquelle notre pays se trouve depuis quelques
années.

I- Diagnostic de la situation nationale

Cela fait maintenant plusieurs décennies que notre pays est
secoué par de nombreuses crises.
D’abord une crise politique et de gouvernance dans
l’exercice du pouvoir d’Etat.

Me référant au passé récent, l’histoire de la 4e République a
été émaillée par de nombreuses convulsions politiques qui
ont mis en péril les fondements de notre Nation, la stabilité
des institutions et la paix sociale. Il s’agit notamment des
événements de 1998, nés du drame de Sapouy, de
l’insurrection populaire de 2014, de la résistance au coup
d’Etat de 2015, mais également du constat d’une
accentuation des phénomènes de la corruption, de la
mauvaise gestion de la chose publique.
Aujourd’hui, plus que jamais, les Burkinabè appellent de
tous leurs vœux, à une transformation profonde de la
gestion politique, administrative et économique du pays.
Dans le même sens, ils s’interrogent sur l’efficacité de la
justice et des structures de lutte contre la corruption.
A la crise politique et de gouvernance s’est ajoutée au cours
des six dernières années, une crise sécuritaire et
humanitaire sans précédent, qui continue d’endeuiller nos
familles et la Nation toute entière.
En effet, les attaques terroristes qui affectaient certains pays
voisins, ont fini par toucher notre pays en 2015 et se sont
depuis lors aggravées.

La persistance de ces actes barbares témoigne de la portée
limitée de nos actions de lutte contre ce fléau. En
particulier, elle résulte d’un certain nombre d’insuffisances
dont le faible maillage sécuritaire du territoire, le problème
d’équipements et de moyens logistiques.
L’une des conséquences du phénomène du terrorisme est le
déplacement massif des populations. A ce jour, notre pays
compte plus d’un million huit cent mille (1 800 000)
Personnes Déplacées Internes (PDI), réparties dans 277
communes d’accueil.
Cet afflux de compatriotes contraints de fuir les affres du
terrorisme, crée une situation humanitaire sans précédent.
A ce contexte sécuritaire et humanitaire difficile, s’est
greffée aussi la crise sanitaire liée à la Covid-19, dont les
conséquences les plus visibles aujourd’hui restent le
ralentissement du rythme de croissance de l’activité
économique et les pressions inflationnistes générées par
les difficultés d’approvisionnement sur les marchés
internationaux.

Toutes ces perturbations sont d’autant plus ressenties par
nos concitoyens et dévoilent que notre économie est
vulnérable, peu diversifiée, peu transformatrice de produits
de base.

II- Priorités de la Transition
Honorables députés,

Pour faire face aux difficultés ci-haut évoquées, les forces
vives de la Nation, réunies en Assises, nous ont chargés de
conduire un agenda bâti autour de 4 objectifs stratégiques
assortis d’actions visant à atteindre des résultats précis au
cours de la période de Transition.
Il s’agit de :
­ lutter contre le terrorisme et restaurer l’intégrité du
territoire ;
­ répondre à la crise humanitaire ;
­ refonder l’État et améliorer la gouvernance et enfin,
­ œuvrer à la réconciliation nationale et la cohésion
sociale.

Honorables députés,

Le premier objectif de la feuille de route de mon
Gouvernement porte sur la lutte contre le terrorisme et
la restauration de l’intégrité du territoire national.
Face au péril terroriste, nous n’avons d’autre choix que de
sauvegarder l’intégrité territoriale, en libérant les zones
occupées par les groupes terroristes, en y ramenant la
sécurité et en assurant la continuité du service public et le
développement local.
Pour atteindre cet objectif, mon Gouvernement,
conformément aux orientations du Président du Faso,
réitérées dans sa dernière adresse à la Nation, déroule des
actions visant à renforcer l’efficacité de l’action militaire
sur le terrain et à améliorer la collaboration entre les FDS,
les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) et les
populations. Dans ce cadre, la consolidation et
l’établissement de partenariats stratégiques, ainsi que la
réorganisation du dispositif de sécurité nationale sont en
cours. Nous avons conscience de l’impatience de nos
compatriotes d’observer des résultats rapides sur le terrain.

Toutefois, nous sommes convaincus que les actions
engagées et celles à venir produiront des résultats attendus.
En ce qui concerne la coopération militaire avec d’autres
Etats notamment, l’option est désormais de diversifier les
partenariats, afin d’optimiser les atouts spécifiques de
chaque partenaire. En tout état de cause, ces partenariats
seront fondés sur le respect de notre indépendance
territoriale et la sincérité.
Sur le plan organisationnel, les départements en charge de
la sécurité et de la défense ont entrepris de renforcer la
coordination des dispositifs de renseignement et de la veille
stratégique au sein du commandement. La création du
Commandement des Opérations du Théâtre National
procède de cette logique. Il en est de même des différents
réaménagements au sein du commandement.
Aussi, le Gouvernement continue de renforcer les effectifs
des FDS à travers des recrutements conséquents. Le rappel
des militaires du rang et des sous-officiers admis à la
retraite des années 2019 à 2022 rentre également dans ce
cadre.

Par ailleurs, dans la logique de l’opérationnalisation de la
politique de sécurité nationale et de ses instruments de mise
en œuvre, nous avons engagé d’importants projets
d’équipements qui vont permettre de renforcer les moyens
matériels et logistiques des FDS, construire de nouvelles
infrastructures de sécurité et apporter un appui au
déploiement de l’administration publique. De même, nous
allons apporter notre soutien pour accélérer le traitement
des dossiers de terrorisme pendants en justice.
Nous savons tous que sans la complicité de certains de nos
concitoyens avec l’entreprise terroriste, ce fléau serait très
vite circonscrit. La création de Comités Locaux de
Dialogue pour la Restauration de la Paix, annoncée par le
Chef de l’Etat vise à créer les conditions de l’engagement
de tous les Burkinabè en faveur d’un retour de nos frères et
sœurs en rupture de dialogue avec la Nation.
Je profite donc de ma présence à cette tribune, pour réitérer
l’appel solennel du Président du Faso à tous les enfants de
ce pays qui ont pris les armes contre la mère patrie, à les
déposer et à revenir pour que nous puissions poursuivre
ensemble, la construction de notre maison commune.

Monsieur le Président,

Au regard du nombre important de personnes déplacées
internes, répondre aux besoins humanitaires pressants,
renforcer la prévention et la résilience face à
l’extrémisme violent, constituent le deuxième objectif de
la politique de mon Gouvernement.
La détresse des personnes déplacées internes commande de
l’ensemble des Burkinabè d’y apporter une réponse
humanitaire adéquate. Mon Gouvernement, pour sa part,
œuvre déjà à assister les PDI sur tous les sites d’accueil
enregistrés par les services en charge de l’action
humanitaire.
Je saisis cette opportunité pour saluer et féliciter les élans
de solidarité multiforme développée par les partenaires qui,
malgré les risques divers, sont sur le terrain et travaillent
sans cesse à leur assurer un minimum de dignité.
Aussi, concomitamment à l’action militaire qui vise à
libérer les zones occupées, mon Gouvernement travaillera
au retour volontaire des personnes déplacées internes dans
leurs localités d’origine.

A cet effet, il mettra en place, un plan de soutien à la
réinstallation et à l’insertion socio-économique des
personnes déplacées internes et des personnes affectées par
le terrorisme. Il accordera dans ce cadre, une importance
particulière à la ré-scolarisation des enfants touchés par le
terrorisme et à l’aide psycho-sociale.
Toutefois, pour trouver des réponses structurelles à l’hydre
terroriste, nous devons renforcer la prévention de la
radicalisation et de l’extrémisme violent. A ce titre, nous
allons accélérer la mise en œuvre des projets et programmes
de développement territorial et de renforcement de la
résilience des populations face à la radicalisation et à
l’extrémisme.

Monsieur le Président,

Face à la crise alimentaire occasionnée par le déficit
céréalier de la campagne agricole 2021-2022, le
Gouvernement entend renforcer la mise en œuvre du Plan
de réponse et de soutien aux personnes vulnérables à
l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.

Il s’agit à ce niveau, d’intensifier entre autres, les mesures
suivantes :
 l’approvisionnement des boutiques-témoins et le
contrôle des prix qui s’y appliquent ;
 la distribution de vivres ou de cash aux ménages cibles
affectés par la crise alimentaire ;
 la prise en charge nutritionnelle d’enfants frappés par
la malnutrition.

Monsieur le Président,
Honorables députés,

La refondation de l’État et l’amélioration de la
gouvernance à tous les niveaux constituent le troisième
objectif stratégique de la feuille de route de mon
Gouvernement.
En effet, il est essentiel de repenser l’Etat dans tous ses
compartiments, afin de recentrer ses actions sur l’intérêt
général.

Aussi, qu’il s’agisse des pans administratif, politique et
économique de la gouvernance publique, mon
Gouvernement prendra les mesures ci-après par
domaines de gouvernance.
Au niveau de la gouvernance de l’administration
publique, afin de restaurer la confiance entre gouvernants
et gouvernés, j’engagerai tous les efforts nécessaires pour
redonner à l’administration publique sa neutralité et son
efficacité. Pour ce faire, nous prendrons entre autres les
mesures suivantes :
 la suspension des recrutements sur mesures nouvelles
en attendant une relecture des textes ;
 la classification des fonctions techniques au sein de
l’administration ;
 la promotion des compétences techniques et des
valeurs dans les choix des Directeurs généraux des
entreprises et établissements publics de l’Etat ;
 l’adoption des plans de carrière au sein de
l’administration publique et enfin ;

 la stabilisation du nombre et de la nomenclature des
ministères.
Dans le domaine de la lutte contre la corruption et la
mauvaise gestion des deniers publics, nous allons
accompagner les corps de contrôle dans leurs missions.
En outre, nous allons accentuer le contrôle des marchés et
l’exécution des travaux d’une manière générale.
Dois-je ici vous rappeler que suivant les instructions
données par le Président du Faso, les audits de la gestion de
structures de l’Administration publique ont effectivement
commencé le 1er avril 2022.
Nous prendrons également des mesures fortes, en vue de
réduire le train de vie de l’Etat. Dans ce sens, nous invitons
les agents publics, les partenaires sociaux et les
organisations de la société civile, à accompagner ce
processus de réforme, en vue d’instaurer une administration
vertueuse et efficiente.

Restaurer l’autorité de l’État fait également partie de nos
priorités. A cet égard, il appartient à la justice, d’assumer
son indépendance et sa responsabilité dans le traitement des
dossiers judiciaires. Les citoyens en conflit avec les lois et
règlements doivent être sanctionnés, conformément aux
dispositions en vigueur.

Honorables députés,

La promotion d’une bonne gouvernance politique est la clé
pour assurer la stabilité politique et renforcer la démocratie.
Le processus électoral doit être transparent, ouvert, crédible
et sincère. Toutefois, la corruption électorale affecte les
fondements de la démocratie lors des scrutins électoraux.
En outre, le pluralisme politique acté par la constitution de
1991, a été dévoyé par la création de nombreux partis
politiques sans existence réelle sur le terrain. Par ailleurs,
les sources de financement des partis politiques ne sont pas
toujours connues.

Cela constitue un facteur aggravant de la corruption et du
blanchiment d’argent, car le financement occulte des
échéances électorales favorise cette collusion malsaine
entre décideurs publics et d’autres groupes d’intérêts privés.
L’amélioration de la gouvernance politique nécessite qu’au
sortir de la présente Transition, notre pays dispose d’une
réglementation des partis politiques débarrassée des tares
qui ont longtemps empêché l’expression d’une démocratie
véritable dans le jeu politique national.
C’est pourquoi, le Gouvernement proposera à la
représentation nationale, un nouveau cadre juridique relatif
à la création, au financement des partis politiques et au
plafonnement des dépenses de campagnes. Ces réformes
seront consolidées dans le passage à une Ve République.
En tout état de cause, le Gouvernement mettra tout en
œuvre pour organiser dans les délais impartis, des élections
libres, ouvertes et transparentes, afin de doter notre pays
d’institutions fortes et démocratiques.

A cet égard, nous apporterons tout notre soutien à l’organe
chargé des élections, pour dérouler de façon concertée avec
l’ensemble des acteurs, les activités nécessaires à la bonne
organisation des scrutins qui mettront fin à la Transition.
En ce qui concerne la chefferie coutumière, le
Gouvernement vous proposera un projet de loi visant à
doter cette entité d’un statut. De même, il vous soumettra,
une loi visant à mieux encadrer les libertés religieuses.

Monsieur le Président,

Au niveau de la gouvernance économique, les priorités de
mon gouvernement porteront notamment sur l’amélioration
de la mobilisation des ressources, la rationalisation de la
dépense publique et la relance économique. Nous prendrons
les mesures visant à consolider les réformes du foncier
urbain et rural, à renforcer l’informatisation des régies de
recettes ainsi que l’interconnexion de leurs bases de
données.

En matière de relance économique, le Gouvernement va
œuvrer à la consolidation des acquis du Plan National de
Développement Economique et Social (PNDES). Ce plan,
émanation de la réflexion de l’ensemble des corps de l’Etat
n’a pas abouti car les mécanismes de mise en œuvre pour
l’atteinte des objectifs n’étaient pas efficients. Nous allons
nous atteler à la mise en œuvre des projets structurants
identifiés dans le PNDES-II. Ainsi donc, ces projets
structurants de même que les actions prévues dans
l’Agenda de la Transition serviront de base à l’élaboration
d’un nouveau référentiel de développement pour la période
transitoire.
A ce titre, nous allons accélérer les travaux d’infrastructures
routières, agricoles et industrielles, tout en déployant
progressivement un plan de sécurisation des
investissements stratégiques sur le territoire national.
Le Gouvernement va prendre de nouvelles initiatives pour
l’amélioration des secteurs sociaux de base, notamment le
développement du capital humain et la réduction des
inégalités dans les offres de service public.

Pour promouvoir l’accès universel au service de santé, les
interventions porteront sur le relèvement de l’offre de santé
et l’élaboration de nouvelles réformes pour la mise en
œuvre efficiente de la gratuité des soins au profit des
personnes vulnérables, des femmes enceintes et des enfants
de moins de cinq ans.
Dans le domaine de l’éducation, les interventions
concerneront l’accroissement de l’offre éducative, la mise
en œuvre de la stratégie nationale d’éducation en situation
d’urgence, et la poursuite du basculement de notre système
éducatif vers l’enseignement et la formation technique et
professionnelle.
Il s’agira de poser les bases d’une reforme structurelle de
notre système d’enseignement de manière à former des
cadres capables de soutenir nos objectifs de développement.
En faveur de l’emploi, nous prendrons des mesures
incitatives pour booster l’entreprenariat chez les jeunes et
les femmes et pour promouvoir la formalisation des
emplois informels.

S’agissant de l’amélioration de l’accès des populations à un
cadre de vie décent, le Gouvernement va investir dans la
réalisation d’infrastructures en matière d’eau potable et
d’assainissement, dans l’accroissement de l’offre de
services électriques, le renforcement et l’extension du
réseau électrique ainsi que la construction de logements
décents.

Honorables députés,

Le quatrième objectif stratégique du Gouvernement
concerne la poursuite du chantier de la réconciliation
nationale qui permettra d’amorcer le processus de
reconstitution du tissu social érodé par divers conflits.
L’ambition est de promouvoir la cohésion sociale et
consolider la paix.
Les mesures prioritaires à entreprendre concernent entre
autres :
 l’accélération du traitement des dossiers pendants en
justice ;

 la lutte contre les discours haineux et la stigmatisation
des communautés ;
 la poursuite du processus de réconciliation nationale ;
 la promotion des valeurs traditionnelles / locales de
cohésion sociale et la communication non violente ;
 l’éducation à la paix et à la citoyenneté.
Ces différentes actions seront mises en œuvre à travers la
Stratégie Nationale de la Cohésion Sociale et plusieurs
autres initiatives comme :
 le Programme de Prévention et de Gestion des
Conflits par les Mécanismes Endogènes et
Traditionnels dont l’objectif est de prévenir et gérer les
conflits sur l’ensemble du territoire national et de
promouvoir la cohésion sociale et le vivre-ensemble ;
 le Programme de Prévention de la Radicalisation et de
l’Extrémisme Violent (PPREV) qui permettra de
renforcer les capacités nationales dans la prévention de
la radicalisation et de l’extrémisme violent.

III- Message de mobilisation des acteurs nationaux et
accompagnement des partenaires

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Les priorités que je viens de présenter et qui ne sont pas
exhaustives seront inscrites dans un instrument de
programmation servant de guide à l’action quotidienne du
Gouvernement. L’objectif est d’exécuter les priorités de la
Transition, tout en poursuivant la mise en œuvre des
instruments de planification en cours.
Face aux nombreux défis du moment, le gouvernement
maintiendra, malgré tout, une politique budgétaire
soutenable qui préservera la viabilité des finances
publiques.
Le Burkina Faso reste résolument engagé dans la
dynamique de nouer et de consolider des partenariats
fructueux avec l’UEMOA, la CEDEAO, les organisations
régionales, les institutions internationales, les organismes
de développement et les pays amis.

C’est le lieu pour moi, de réitérer l’invitation du Président
du Faso aux partenaires techniques et financiers, aux amis
du Burkina Faso, afin qu’ils continuent d’accompagner
notre pays sur les différents chantiers du développement,
surtout dans cette période particulièrement difficile.
En tout état de cause, notre intérêt pour le rendez-vous de
l’histoire s’inscrit tant dans la durée (temps dont nous ne
disposons pas) que dans le contenu agencé scrupuleusement
dans notre instrument de programmation. C’est dire qu’en
considérant l’immensité des missions de sauvegarde, de
restauration et de refondation de l’Etat-Nation, le temps
imparti par la Charte est un déterminant capital que nous
avons rigoureusement séquencé et millimétré d’actions qui
sont les remèdes pour un Burkina nouveau, pour un
Burkina débout dans le concert des Nations.
C’est pourquoi, nous ne doutons point de
l’accompagnement de la Communauté Internationale que
nous ne cessons de remercier. Nous tenons à la rassurer de
notre volonté d’arriver rapidement au terme de cette
Transition.

Conclusion

Monsieur le Président,
Honorables députés,
Mesdames, Messieurs,

Au moment où s’achève mon exposé devant votre auguste
Assemblée, je voudrais rappeler à l’ensemble de mes
compatriotes que les priorités que je viens de présenter ne
sont pas celles d’une moitié de Burkinabè contre l’autre.
Dans ce contexte de Transition, il n’y a ni majorité, ni
opposition.
D’où l’impérieuse nécessité de se dresser comme un seul
homme, pour sauver l’essentiel, à savoir notre patrie. Nous
devons sauvegarder l’intégrité de notre territoire et le
transmettre intact aux générations futures.
Dans l’histoire, notre Peuple a toujours su montrer sa
capacité à surmonter les pires épreuves auxquelles il a été
confronté. J’ai donc confiance en notre aptitude à nous
inscrire dans la tradition de vainqueurs de nos devanciers.

Pour relever les différents défis, qui s’opposeront à notre
marche victorieuse pour la paix et la sécurité, chaque
citoyenne et chaque citoyen doit faire preuve de
patriotisme, d’intégrité, de solidarité, de civisme, de
sacrifice, de dialogue, d’amour du travail, qui sont, entre
autres, des valeurs chères à chacun de nous et qui sont
inscrites dans la Charte de la Transition.
Vive le Burkina Faso !
LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS !

Albert Ouédraogo
Premier ministre