Le jour s’est levé avec ce nom. Un nom parmi des centaines d’autres. On espère que l’information soit fausse. Mais, à la vérité, on ne sait même plus ce qu’on souhaite. Et on ne sait plus quoi penser. Que dire qui ne soit préjudiciable dans notre situation ?

Pourtant, il faut dire quelque chose. Gronder un cerveau engourdi par tant d’informations contradictoires. Tant de situations invraisemblables. Se forcer. Même si les neurones chauffés à blanc n’en peuvent plus.

Au Faso, les puissants du moment ont décrété des restrictions qui font taire les collègues. Être un des rares qui peut encore, quel embarras ! La conscience est troublée, qui a envie de laisser tomber tout ça. Or, tout ça, c’est nous. C’est le quotidien, et c’est le devenir. Le quotidien qui est fait de nos faillites. Ces faillites à répétition qui font douter d’un devenir serein. Mais, on y retourne. Il le faut. Il le faut, d’autant qu’on figure parmi ceux qui peuvent enjamber ces restrictions.

Ce qu’on entrevoit est sale. Vraiment sale. La langue trébuche à le dire. Pourtant, il est important de voir ce qui se joue. Le jeu qu’on fait de nos vies. Le jeu, sale et salasse, de ceux qui conduisent nos destinées en direction de l’abattoir.

2014. On en a marre d’un pouvoir qui nous a joué mille tours et détours. On s’en débarrasse dans la tourmente. On sait une seule chose : on n’en veut plus. Et on se cramponne à cette idée fixe.

2015. Il ne s’agit pas de sauver quoi que ce soit ou qui que ce soit. Il s’agit d’une revanche. Un homme et sa clique veulent faire payer un autre homme et sa clique à lui. Entrent en jeu des amis que ne veulent du bien à personne. Des gens sans visage, qui ne sont amis qu’avec eux-mêmes.

Il faut pourrir la vie de la nation. Rendre la situation invivable pour le grand nombre. Rendre le pays ingouvernable, afin de récupérer sa chose.

2021. C’est fait. L’homme qu’on regardait comme un usurpateur est précipité à bas de trône. Kosyam est reconquis.

2021. Trois mois. 90 jours aux nouveaux venus pour comprendre. On a utilisé des mains invisibles pour la sale besogne. Comment faire maintenant avec ces êtres encombrants ? Aller les pourchasser dans la savane ? Alors qu’il y a peu on était complices ? Très risqué !

On dit donc de négocier. Un verbe qui devrait tranquilliser. Pourtant, on a peur. Négocier ? Donc on les connaissait ! Donc on sait où ils sont ! Donc on sait ce qu’ils veulent ! Tempêtes dans le crâne et coulées de sueur dans le dos.

Négocier, cela suppose une monnaie d’échange. C’est qui cette variable d’ajustement. Une région ? Une production ? Une mine ? Qu’est-ce qu’on donne en échange de la paix ? Acheter la paix ! Des hommes dignes peuvent-ils faire ça ?

Pobé-Mengao, c’est tout cela, versé sur la table d’un seul coup. Faillait-il le dire ? Je ne sais pas. Fallait-il le taire ? Je ne sais pas. Que convient-il d’entreprendre ? Je ne sais pas ? Nous voilà donc devant une montagne de questions ! Nous voilà, la tête vide, la bouche vide, le cœur vide.

Pobé-Mengao ! Ha Pobé-Mengao ! Je ne sais pas chanter ton nom. Je ne sais pas envelopper ton nom dans les replis de l’oubli.

Sayouba Traoré
Journaliste, Ecrivain