En plus du porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo, deux ministres étaient face aux journalistes ce matin du 28 avril 2022 dans les locaux du Service d’information du gouvernement. Deux points étaient à l’ordre du jour : les conséquences de la guerre Russie Ukraine sur le prix du pain et les rapports entre le gouvernement de Transition et la CEDEAO.

Depuis hier, il est question d’une probable augmentation du prix de la baguette de 200g, qui pourrait passer de 150 à 200 F CFA. C’est en tout cas le souhait de la Fédération burkinabè des patrons de boulangeries, pâtisseries et confiseries qui a tenu le 27 avril 2022, une assemblée générale. La guerre qui oppose la Russie à L’Ukraine a entrainé une inflation du prix de la matière première principale entrant dans la fabrication du pain, sachant que les deux pays représentent 30% des exportations mondiales. En fin mars, près de 13 millions de tonnes de blé produits en Ukraine et en Russie étaient bloqués dans les ports, entrainant un doublement de son prix, à 400 euros (260 000 F CFA) la tonne.
Déjà enclavé, les conséquences de cette guerre sont inévitables dans notre pays. Le le prix de la farine de blé est ainsi passé de 350 000 à 500 000 FCFA la tonne, soit une hausse de 150.000 FCFA entre janvier et avril 2022. Même la farine de blé produite localement a connu une hausse, passant de 338 000 à 450 000 FCFA la tonne, sans compter les autres composantes dans la fabrication du pain comme la levure ou l’huile.
Les consommateurs burkinabè de pain doivent se préparer à subir les conséquences de cette inflation mondiale. Pour l’instant, le prix de 200g est toujours de 150 F, mais pour encore combien de temps ?

Face à la presse, le ministre du Développement industriel, du commerce, de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises, Abdoulaye Tall a tenté de temporiser. Si le prix du pain devait augmenter, la décision ne sera pas prise de manière unilatérale, mais à l’issue d’une large concertation entre l’Etat et les acteurs du secteur, d’autant que le prix des produits de grande consommation comme l’huile et le sucre sont soumis à une réglementation depuis 2011. "L’augmentation du prix de la baguette de pain ne dépend pas seulement de la faîtière des boulangers. Ce n’est pas une décision unilatérale. C’est un cadre tripartite qui en décidera et les échanges sont toujours en cours", a indiqué le ministre Abdoulaye Tall, en l’occurrence l’Etat, les associations de consommateurs et les structures des boulangers et pâtissiers.
Selon le ministre, n’est encore décidé, mais il a rassuré que les l’intérêt des populations sera privilégié.

L’autre point sur lequel le gouvernement a échangé avec les journalistes porte sur les rapports entre notre pays les instances de la Communauté économiques des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), principalement sur la durée de la Transition ouverte depuis le 24 janvier 2022. L’Organisation ouest-africaine avait donné au gouvernement jusqu’au 25 avril pour revoir la durée de la Transition, que les assises nationales de fin février début mars avaient fixée à trois ans. Le 22 avril, les autorités de la Transition avait souhaité disposer plus de temps pour apporter une réponse appropriée à la demande de la CEDEAO.
Face à la presse, la ministre des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Olivia Rouamba s’est voulue rassurante. Il n’est pas question de rentrer dans un bras de fer avec la CEDEAO, mais de maintenir un dialogue qui puisse déboucher sur une issue favorable au peuple burkinabè. "La CEDEAO est assez regardant sur le cas du Burkina Faso qui est rappé par trois crises sécuritaires, humanitaires et alimentaires. Dans ce contexte, il est difficile d’organiser des élections et nous allons poursuivre les échanges pour parvenir à une position acceptable pour notre pays" a confié la ministre, ajoutant que "le Burkina Faso n’est pas dans une position de défiance vis-à-vis de la CEDEAO. Jusque-là cette institution nous a accompagnés et continue de le faire. Les chefs d’Etat de la CEDEAO sont soucieux du devenir de notre pays".

Mieux, on a appris que la CEDEAO a offert 10 000 tonnes de vivres à notre pays et une mission est attendue début mai pour examiner les autres points de divergence, comme la publication d’un chronogramme et la libération de l’ex président Roch Kaboré.
A défaut d’accord avec la CEDEAO, le Burkina va t-il être frappé par des sanctions à l’image de la Guinée ou du Mali, deux pays également en rupture avec l’ordre constitutionnel ? La question mérite d’être posée d’autant que le président en exercice de la CEDEAO, le ghanéen Nana Akufo-Addo ne semble pas favorable à la durée actuelle décidée par les Burkinabè.
C’est dans le contexte où le nombre de personnes déplacées internes ne cesse d’augmenter et où l’union nationale est plus que nécessaire dans la lutte contre les terroristes, que la ministre a révélé que des " Burkinabè, fils et filles, parce qu’ils sont à des positions ou bien parce qu’ils ont des relations assez poussées avec certaines autorités, tendent à vouloir qu’on impose des sanctions au Burkina Faso".
Des comportements "pas vraiment citoyen et Patriotique".

Dominique Koné
Kaceto.net