Dans le cadre de la cinquième Journée Internationale du Vivre-ensemble en paix, le ministère d’Etat chargé de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale a animé une conférence publique sur la thématique le 16 mai 2022 dans l’enceinte de l’ENAM. Avec en toile de fond, les valeurs endogènes comme supports du vivre ensemble dans un contexte marqué par les actes terroristes.

Avec près de deux millions de déplacés internes, la question de la cohésion sociale se pose avec acuité à la société burkinabè. D’où le thème de cette Journée : « Dans un contexte humanitaire difficile, exprimons notre solidarité à l’endroit des personnes déplacées internes en vue de bâtir un Burkina Faso de paix et de vivre ensemble ».
Pour Yéro Boly, ministre d’Etat auprès du président du Faso chargé de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, les Burkinabè doivent faire une introspection sur leurs valeurs cardinales pour renforcer leur résilience afin de reconquérir l’intégrité territoriale du pays. La cohésion sociale est un combat de tous les jours, explique-t-il. « La cohésion sociale est mise à mal par des attitudes telles que l’intolérance, le repli identitaire et la radicalisation qui compromettent l’ouverture d’esprit », explique le directeur général de la Promotion de la Cohésion Sociale, Siaka Ouattara. Autant d’attitudes qui mettent à mal les legs de nos aïeux qui, dans leurs différences ont toujours trouvé des mécanismes pour assurer un vivre-ensemble harmonieux.

Outre nos valeurs sociétales, la laïcité de l’Etat devrait garantir une liberté de croyance et de conscience à tous les citoyens rappelle-t-il. Par ailleurs, et pour atténuer les effets de ces attitudes de rejet de l’Autre, la construction d’un centre de déradicalisation est en vue. Ce centre doit à terme permettre de réinsérer les membres des groupes armés désireux de réintégrer la société.

L’apport de la parenté à plaisanterie

Pour sa part, Issa Démé du ministère de la Cohésion sociale et de la réconciliation nationale estime que les « inégalités sociales sont un frein à la cohésion sociale ». Après avoir fait l’historique ainsi que les usages de la parenté à plaisanterie, il a montré de quelle manière cette pratique endogène peut permettre de renforcer cette cohésion sociale mise à mal depuis l’avènement des groupes armés. Dans le passé, la parenté à plaisanterie a permis de mettre fin à des conflits sanglants souvent de nature politique ou coutumière entre communautés comme à Guénon et à Banfora et est actuellement à l’œuvre dans la querelle de succession pour la chefferie du Gulmu. Autant de raisons qui plaident, selon le conférencier, pour l’instauration d’une journée nationale dédiée à la parenté à plaisanterie.

Initiatives endogènes

L’occasion a été aussi mise à profit par le ministre d’Etat pour expliquer la notion de dialogue avec les groupes armés. « Il y avait déjà des contacts entre des leaders communautaires dans la province du Soum et qui ont donné un certain nombre de résultats », confie-t-il. Il s’agit donc pour le gouvernement d’accompagner et de formaliser ces dialogues tout en les adaptant en fonction des réalités sociologiques de chaque zone, explique Yéro Boly.

Soumana Loura
Kaceto.net