La rencontre des anciens chefs d’Etat prévue demain à Kossyam et consacrée à la réconciliation nationale suscite la réflexion ci-contre de Sayouba Traoré.

#A #mes #sœurs #et #frères #Burkinabè

La période que nous vivons est importante. Des rencontres avec les plus grands chefs traditionnels du pays. Des consultations avec les plus grands dignitaires religieux du pays. Et enfin, une rencontre de 6 présidents, annonçant un forum national pour la réconciliation.

Cette période est importante, car les plus grandes instances nationales parlent de remonter le temps, afin de solder ce qui nous a opposé et ce qui nous divise aujourd’hui. Une sorte de catharsis générale.

Cette période est importante, parce qu’on parle de la fin des attaques terroristes. À ce propos, les villages, les villes, les régions, le pays tout entier à subi et continue de subir des violences et des traumatismes. On peut vouloir la paix. Ce sentiment est légitime. Mais, tous nous voyons que la paix à n’importe quel prix, est une illusion pouvant coûter cher.

Cette période est importante, à plusieurs titres. Elle peut être agitée si nous suivons des humeurs. Avons-nous intérêt à ce qu’elle soit agitée ? Beaucoup de choses ne dépendent pas de nous directement. Déjà, des années auparavant, la recommandation d’une contrition publique pour ceux qui ont été acteurs de l’insurrection, cette recommandation a plombé l’appel dit de Manéga.

Aujourd’hui encore, si on ramène cette exigence de contrition publique, le processus enclenché va se gripper. Nul ne me fera regretter cette insurrection. On a vu des bandes de citoyens déferler dans les rues. Mais, pourquoi ne parle-t-on pas de ceux qui ont confectionné la bombe, et qui ont allumé la mèche ?

Au départ de tout cela, il y a la volonté farouche de triturer nos lois pour les adapter aux désirs d’un homme, aux vœux d’un clan. Qu’on me permette, mais j’ai plutôt tendance à penser que nous aurions dû faire toute une série d’insurrections de ce type dans notre histoire nationale. Marquer le coup, dire à chaque fois ce que nous ne pouvons pas tolérer.

Cette période peut être agitée. Pour l’éviter, il faudra que ceux qui mènent la danse cessent de penser qu’ils sont les seules intelligences de ce pays. À trop tirer sur une corde, celle-ci finira par rompre. Blaise Compaoré et ses amis ont oublié cette vérité et toute prudence en 2014. Si en 2022, les maîtres de ballets veulent prendre les Burkinabè dans leur ensemble pour des cons, ça va danser en désordre.

Avons-nous intérêt à un tel désordre ? Je n’ai pas les éléments et encore moins les capacités mentales pour répondre à cette question, de façon satisfaisante. Ce que je sais, de façon certaine alors, c’est que nos populations n’ont pas besoin de complications supplémentaires.

Sept (7) longues années qu’elles vivent un calvaire sans visage et sans cause. Si nous ne pouvons pas les soulager significativement, il ne paraît indiqué de ne pas aggraver la situation. Dites-moi ! Pourquoi organise-t-on tout ce cirque ? Je crois savoir que c’est au bénéfice des populations. Si c’est pour satisfaire des hommes et leurs partisans, ça ne valait même pas la peine de commencer.

Les maladresses contenues dans cet écrit, j’en porte l’entière responsabilité. Même si ces maladresses ne sont pas voulues. Les convictions affirmées dans ce texte, je les revendique. A haute voix, comme par le passé. Si ce que chacun de nous entreprend n’est pas au service du bien commun, mieux vaut s’abstenir. La situation est grave. On n’a plus le temps de suivre des humeurs. Ceux qui pensent qu’ils sont le centre du monde, allez voir ailleurs !

Si nous accordons des passe-droits à des criminels pour avoir la paix, ce n’est pas vraiment une paix. Puisque nous devenons otages des puissants, et de tous ceux qui peuvent nuire. Est-ce vraiment ce que nous voulons ? Est-ce vraiment ce qu’il nous faut aujourd’hui ? La réponse à ces questions n’est pas simple. Mais, pouvons-nous éviter de les poser ?

Sayouba Traoré
Journaliste, Ecrivain
Kaceto.net