La notion psycho-sociologique de « valeurs » dont il sera essentiellement question ici correspond à ce à quoi nous attribuons de l’importance, individuellement et/ou collectivement. Comme le partage, la solidarité, la justice, l’égalité, l’équité, l’intégrité, l’honneur, etc.

Les valeurs sont à la fois subjectives (ressenties) et relativement « objectives » (partagées socialement). Elles varient selon les cultures, les générations, le sexe, la croyance, les convictions politiques, etc. Elles peuvent être renforcées par des normes sociales. Elles peuvent êtres implicites, motivant les pratiques ou explicites, exprimées dans un langage.

Ici, je m’intéresse justement au terme « valeurs » tel qu’il apparait dans les titres des actualités publiées ces cinq dernières années (2018-2022) sur les sites d’information burkinabè (lefaso.net, burkina24.com, aouaga.com, kaceto.net, lepays.bf, aib.media, fasozine.com, sidwaya.info) versus ceux des actualités publiées sur les sites d’information français (lefigaro.fr, lemonde.fr, libération.fr, lepoint.fr, lexpress.fr, nouvelobs.com, mediapart.fr, lejdd.fr, leparisien.fr).

Qu’est que le champ sémantique de ce terme inscrit dans les titres ici analysés nous apprend sur les types de valeurs mis en scène ? La cartographie du champ sémantique des « valeurs » inscrit dans les deux corpus nous en donne une idée, à l’approchant bien entendu. Je n’analyse que les titres, pas les articles en
« full text ».

Sans chercher à aller loin dans le décryptage de cette cartographie retenons ici ce qui, selon moi, saute aux yeux :

Dans le corpus des titres des sites français (2018-2022) mettant en scène le terme « valeurs » (corpus « Valeurs_Actus_FR ») ce qui ressort centralement c’est la « défense » des « valeurs républicaines » dont notamment les trois mots de la devise de la République française « liberté, égalité, fraternité », auxquels s’ajoute la « laïcité ».

Dans le corpus des titres des sites burkinabè (2018-2022) mettant en scène le terme « valeurs » (corpus « Valeurs_Actus_BF ») ce qui ressort centralement c’est la « promotion » des « valeurs culturelles et traditionnelles ». A cela s’ajoute de manière significative (contexte de crise sécuritaire et de guerre contre le terrorisme djihadiste obligent depuis 2016) la promotion des « valeurs de patriotisme, d’engagement, de civisme, de paix et de cohésion sociale, d’intégrité/dignité/honneur).

Selon la carte culturelle du monde élaborée par Inglehart et Welzel à partir des données de l’Enquête mondiale sur les valeurs de 2004 (voir carte ci-jointe ou suivre le lien ci-après : https://fr.wikipedia.org/wiki/Valeurs_(sociologie) ?fbclid=IwAR10eXzFqS7iUKI5Dtv_z_cilw9PmAL2_tfZ5GaSDzWOfut2_8N5e7ChrQI#/media/Fichier:Inglehart_Values_Map.svg), l’Afrique serait une aire culturelle où les valeurs de survie et les valeurs traditionnelles sont les plus dominantes. Par opposition, l’Europe par exemple (dont la France en particulier) serait une aire culturelle où les valeurs d’épanouissement personnel et les valeurs laïques et rationnelles sont les plus structurantes. Mes résultats d’analyse du champ sémantique du terme « valeurs » inscrit dans les corpus de titres « burkinabè » versus « français » des cinq dernières années (2018-2022) n’infirment par leurs résultats. Toutefois, notons que sur le plan de la référence aux valeurs « démocratiques » et aux valeurs de « droit et de justice » les deux corpus ne diffèrent pas significativement.
Osons une hypothèse : tout se passe comme si à ce niveau, les préoccupations et les aspirations sont les mêmes, même si le réel sociopolitique vécu n’est de toute évidence pas le même.

Ousmane SAWADOGO, Consultant Text Analytics et Analyse sémantique
Kaceto.net