L’Association nationale des étudiants burkinabè, section de Koudougou, se réjouit de la tenue depuis ce matin du procès des présumés coupables de Dabo Boukary, arrêté lors d’une manifestation d’étudiants en mai 1990, puis torturé à mort.
Elle appelle toutefois les étudiants et la jeunesse à la veille citoyenne contre toute grâce présidentielle qui pourrait être accordée aux coupables de la mort de leur camarade.

Les 19, 20 et 21 septembre 2022 s’ouvrira le procès de notre camarade DABO Boukary, étudiant alors en septième année de médecine à la faculté de l’école des sciences de la santé à l’Université de Ouagadougou. DABO Boukary a été assassiné en mai 1990 au cours d’une lutte estudiantine par les éléments de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (R.S.P) et leurs complices dans les locaux du tristement célèbre conseil de l’entente.

Plus de 32 ans après ce crime odieux, plusieurs générations d’étudiants burkinabè, réunies au sein de l’Union Générale des Etudiants Burkinabè et de ses sections, n’ont eu de cesse de mener la lutte pour la vérité et la justice pour DABO Boukary et contre la culture de l’impunité érigée en système de gouvernance dans notre pays.

Camarades étudiantes et étudiants,

La programmation de ce procès intervient dans un contexte national marqué par les faits majeurs suivants :
– l’avènement du coup d’Etat du MPSR du lieutenant-colonel DAMIBA depuis le 24 janvier 2022, son incapacité à répondre aux aspirations profondes des masses ;
– la volonté du MPSR à réaliser l’unité de la bourgeoisie sous le dos du peuple et à consacrer l’impunité à travers sa fameuse réconciliation nationale ;
– la situation de guerre civile réactionnaire, imposée à notre peuple par l’impérialisme principalement français, la bourgeoisie réactionnaire locale et les groupes armés terroristes (G.A.T), qui cause presque chaque jour de nombreuses victimes civiles et militaires ;
– la crise humanitaire qui prend des proportions inquiétantes caractérisée par la misère, la précarité, la pauvreté exposant plus de 3 millions de burkinabè à la misère et à la famine ;
– la flambée des prix des produits de grandes consommations (riz, mil, haricot, huile, savon, carburant, etc.) ;
– le développement des luttes populaires de plus en plus incisives dans la plupart des localités montrant ainsi le désir d’un changement en faveur des masses.

Camarades étudiantes et étudiants,

Si nous pouvons nous réjouir de la programmation de ce procès qui est une victoire d’étape dans la lutte de notre peuple contre l’impunité, il est plus qu’impératif de continuer à observer la plus grande vigilance. En effet, le droit en vigueur dans notre pays est un droit établi pour défendre les acteurs de la bourgeoisie et protéger le système néocolonial. Il ne vise donc pas à défendre les intérêts du peuple. Les enjeux de la tenue de ce procès sont énormes pour le pouvoir militaire et ses alliés, ainsi que pour leurs maîtres impérialistes.

Il s’agit pour eux de donner l’impression de répondre à la revendication des étudiants et de tout le peuple dans la lutte contre l’impunité.
Toutefois, il n’est donc pas à exclure, qu’à l’issue du procès, les commanditaires et les exécutants de notre camarade DABO Boukary soient graciés par le régime putschiste du MPSR dans le cadre de sa fameuse Réconciliation nationale. C’est pour cette raison que le peuple et sa jeunesse doivent œuvrer à créer le rapport de force en leur faveur.

Camarades étudiantes et étudiants,

C’est pourquoi, l’ANEB/Koudougou :

– appelle l’ensemble des étudiants de l’Université Norbert ZONGO où qu’ils soient à maintenir la mobilisation avant, pendant et après la période du procès afin d’exercer la pression nécessaire sur tous ceux qui constituent des entraves à l’avancée du dossier et à la manifestation de la vérité et de la justice.
– exige que tous ceux qui sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’affaire DABO Boukary soient appelés à comparaître et à répondre de leurs actes, quel que soit leur statut et fonction.

Pour la vérité et la justice pour le camarade DABO Boukary, en avant !
Non à la culture de l’impunité dans notre pays !
Vive l’ANEB Koudougou !
Vive l’UGEB !
Pain et Liberté pour le Peuple !
Koudougou, le 17 septembre 2022.
Le Comité Exécutif