Après le renversement du pouvoir civil par un putsch militaire au Niger, important producteur d’uranium, la question de l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises se pose.

L’approvisionnement français en uranium est-il menacé ? La question se pose après que des militaires putschistes ont annoncé, mercredi 26 juillet dans la nuit, avoir renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021. Alors que le pays sahélien producteur d’uranium est plongé en pleine instabilité, la question des intérêts économiques et énergétiques de la France est soulevée par un certain nombre de politiques et de médias. « Vous savez très bien que [cela] fait aussi partie de l’équation, et donc nous regardons avec grande attention ce qui va se passer », a, par exemple, affirmé le chef des députés Renaissance, Sylvain Maillard, au micro de franceinfo jeudi 27 juillet.
Dans une allocution, le colonel-major Amadou Abdramane a décrété la suspension des institutions et la fermeture des frontières en raison de « la dégradation continue de la situation sécuritaire » dans le pays. Malgré sa séquestration, Mohamed Bazoum a rejeté le coup d’Etat, tout comme le ministre des Affaires étrangères nigérien. De son côté, la France a condamné « toute tentative de prise de pouvoir par la force ». Le Niger demeure en effet l’un des derniers alliés de Paris au Sahel, région minée par la pauvreté et les attaques djihadistes répétées.

Au-delà de la question sécuritaire, la France détient des intérêts économiques au Niger. Le pays est le septième producteur d’uranium au monde, et ce minerai est essentiel au fonctionnement des centrales nucléaires hexagonales. Pendant plus de quarante ans, Orano (ex-Areva) a exploité des mines d’uranium, y laissant d’ailleurs des tonnes de déchets radioactifs à l’air libre. Aujourd’hui, l’entreprise est toujours investie dans plusieurs mines, comme celles de Somaïr ou de Cominak, et travaille sur le projet Imouraren, « la mine de demain », comme le présente Orano sur son site.

Entre 15 et 17% de l’approvisionnement français

Néanmoins, comme l’explique Teva Meyer, maître de conférences à l’université de Haute-Alsace et spécialiste en géopolitique du nucléaire, interrogé par Marianne vendredi 28 juillet, le putsch ne peut à lui seul mettre en danger le parc nucléaire hexagonal, le Niger ne fournissant qu’« une part » de l’approvisionnement en uranium de la France. Il précise également que celle-ci possède « un stock pour à peu près deux ans », ce qui élimine tout risque de pénurie à court terme.

L’expert rappelle également qu’EDF, qui gère les centrales nucléaires françaises, « suit une logique de diversification de son portefeuille d’importations d’uranium depuis le début des années 2000 ». Ainsi, pour ce qui concerne les importations françaises d’uranium, le Niger est loin derrière « le Kazakhstan, […] l’Ouzbékistan et […] l’Australie ». « En moyenne, sur les dix dernières années, le Niger constitue donc entre 15 et 17% de notre consommation en uranium », indique Teva Meyer.

Par valeursactuelles.com