Le rapport estime que la baisse de la valeur des prêts servis par la Chine à l’Afrique montre que Pékin se détourne du financement des grands projets infrastructures sur le continent, où de plus en plus de pays souffrent du poids de la dette.

Les prêts accordés par la Chine aux gouvernements africains en 2022 ont chuté à leur plus bas niveau depuis 2004, pour s’établir à 994,48 millions de dollars seulement, selon un rapport publié le 19 septembre par le Global Development Policy Center, un think tank rattaché à l’Université de Boston (États-Unis)

Intitulé « A New State of Lending : Chinese Loans to Africa », le rapport représente une mise à jour de la base de données relative aux prêts chinois à l’Afrique (China Loans to Africa, CLA), un projet interactif géré par le Global Development Policy Center, qui suit depuis l’an 2000 les engagements de prêts des banques publiques et commerciales ainsi que des entités publiques chinoises en direction des gouvernements africains, des entreprises publiques du continent et des institutions multilatérales régionales.

En 2022, le montant moyen des prêts accordés par Pékin aux pays du continent a diminué par rapport à l’année précédente. Durant l’année écoulée, Pékin a accordé à l’Afrique neuf prêts totalisant 994,48 millions de dollars contre sept prêts d’un montant cumulé de 1,22 milliard de dollars en 2021.

La baisse de la valeur des prêts chinois au cours des deux dernières années ne s’explique pas seulement par l’impact de la pandémie du coronavirus, mais aussi par le fait que la Chine se détourne du financement des grands projets infrastructures sur le continent, où de plus en plus de pays souffrent du poids de la dette. Deux autres facteurs entrent aussi en jeu : le recentrage de l’empire du Milieu sur ses priorités nationales et l’adoption d’une nouvelle approche relative à l’initiative des « Nouvelles routes de la Soie » basée sur des projets plus petits, de meilleure qualité et plus respectueux de l’environnement (Green, small and beautiful).

Le rapport indique dans ce cadre que ces tendances devraient se poursuivre durant les années à venir, avec moins de prêts d’un montant supérieur à 500 millions de dollars, et plus de prêts d’une valeur inférieure à 50 millions de dollars destinés à des projets ayant un meilleur impact social et environnemental.

L’Afrique de l’Ouest tient le haut du pavé en 2021 et 2022

Sur les années 2021 et 2022, la Banque chinoise d’import-export de Chine (China Eximbank) est restée le principal bailleur de fonds en Afrique, accordant neuf des 16 prêts recensés sur cette période pour un montant de 1,42 milliard de dollars.

La China Development Bank (CDB) n’a accordé aucun prêt en 2021, mais a consenti un petit prêt de 14,74 millions de dollars en 2022. Les autres principaux prêteurs sont la Bank of China (BOC), la China National Aero-Technology Import and Export Corporation (CATIC) la China Shipbuilding Trading Company (CSTC).

Le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Angola, l’Ouganda, le Ghana, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ont été les principaux emprunteurs en 2021 et 2022. Cette composition des emprunteurs est différente de celle des années précédentes, puisque des pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont emprunté pour la première fois une part importante en valeur.

La répartition par secteur des prêts accordés par la Chine aux pays africains au cours des deux dernières années montre également des changements majeurs par rapport aux années précédentes. Avec 45% du total des prêts, le secteur du transport a ravi le premier rang à celui de l’énergie. Viennent ensuite les secteurs de l’environnement (21%), des technologies de l’information et de la communication (12%), de l’éducation (10%) et de la défense (6%). Aucun prêt n’a concerné le secteur de l’énergie !

Depuis 2000

Le rapport révèle d’autre part qu’entre 2000 et 2022, 39 bailleurs de fonds chinois ont accordé 1243 prêts d’une valeur globale de 170,08 milliards de dollars à 49 gouvernements africains, des dizaines d’entreprises publiques et sept institutions multilatérales régionales.

Ces prêts chinois servis à l’Afrique entre 2000 et 2022 représentent 64 % du total des financements accordés au continent par la Banque mondiale durant la même période (264,15 milliards de dollars) et près de cinq fois les prêts décaissés par la Banque africaine de développement (36,85 milliards de dollars).

La répartition de ces prêts débloqués au cours des 23 dernières années par sous-région du continent africain fait ressortir que l’Afrique australe tient le haut du pavé avec 67,67 milliards de dollars devant l’Afrique de l’Est (40,35 milliards), l’Afrique de l’Ouest (28,38 milliards), l’Afrique centrale (19,65 milliards) et l’Afrique du Nord (11,09 milliards).

La ventilation des prêts par secteur montre par ailleurs que le secteur de l’énergie a accaparé 35% du total des prêts entre 2000 et 2022, devant ceux du transport (29%), des technologies de l’information et de la communication (8%) et des services financiers (6%).