Dans un entretien aux médias Le Parisien et Aujourd’hui en France, publié vendredi dernier, le ministre français des Armées ne s’est pas gêner pour prédire de lendemains sombres pour le Niger, le Mali et le Burkina, allant même jusqu’à anticiper l’échec des autorités militaires qui, selon lui, conduisent actuellement des transitions militaires dans ces 3 pays du Sahel central vers le chaos.

Pour Sébastien Lecornu, « le Sahel risque de s’effondrer sur lui-même », surtout après le départ de la France, qui d’après lui, a été « une solution pour la sécurité » dans la zone. Des propos qui illustrent un certain désarroi des autorités françaises, qui ont été contraintes de quitter le Sahel, notamment dans des pays que Paris considérait jusque-là comme une chasse-gardée et des fantasmes à dessein d’un Nostradamus des temps modernes !
Le Nostradamus des temps modernes ! Ainsi peut-on qualifié le ministre français des Armées, qui dans sa dernière sortie médiatique, prédit un avenir des plus sombres le Sahel, juste pour avoir poussé la France à une sortie certes loin d’être honorable pour ne pas dire humiliante au regard de ce que l’ancienne puissance coloniale se targue d’avoir fait dans ces pays. « Tout cela se terminera très mal pour les juntes au Sahel », a-t-il anticipé dans un entretien qu’il a accordé à deux journaux français, alors qu’il était de retour d’une visite à Kiev, en Ukraine.
« Le Sahel risque de s’effondrer sur lui-même », a-t-il indiqué en commentant l’actualité dans la sous-région notamment les derniers évènements au Niger, où après deux mois d’intransigeance, Emmanuel Macron a dû se résoudre à rappeler son Ambassadeur et annoncé celui des 1.500 soldats présents dans le pays, tout cela sous la pression des militaires qui ont renversé, fin juillet dernier, le président Bazoum, considéré comme l’un des fidèles alliés de l’hexagone dans la région. Après le Mali, puis le Burkina Faso, le Niger s’est greffé à la dynamique alors même que selon le ministre Lecornu, « nous avons été une solution pour la sécurité du Sahel ».
Dans sa logorrhée le ministre français des Armées s’est à nouveau mis en devoir de défendre l’action de la France au Sahel, réfutant tout « échec » de Barkhane qui, d’après lui, était parvenue à neutraliser la plupart des groupes terroristes et « mettre en sécurité » des milliers de civils avant d’être contrainte de partir. « Et on nous dit que le problème c’est la France ! Nous avons été une solution pour la sécurité du Sahel », s’est-il presque emporté avant d’ajouter que c’est plutôt « un échec pour les pays en question ». La preuve, a-t-il avancé, « il a suffi qu’on nous invite à partir pour que le terrorisme reprenne », en citant comme exemple, le cas du Burkina, où d’après les chiffres qu’il a avancé, plus de 2.500 morts « liés au terrorisme » ont été enregistrés depuis le coup d’État de septembre 2022. Aussi, a ajouté Sébastien Lecornu, « le régime malien a préféré Wagner à l’armée française. On voit le résultat : la région de Bamako est depuis encerclée par les jihadistes ».
« Le Mali est au bord de la partition, et le Niger poursuivra malheureusement la même direction. Est-ce notre faute si certains acteurs locaux préfèrent les luttes de clans au mépris de la démocratie, plutôt que de lutter contre le terrorisme ? Je ne le crois pas ». Sébastien Lecornu, ministre français des Armées
De l’amalgame et des prédictions de mauvais présage car la situation du Mali et du Niger, bien que confrontés aux mêmes menaces sécuritaires du fait des groupes terroristes, n’est pas comparable. Au Niger, il n y a aucune organisation ou mouvement séparatiste qui menace de conduire le pays à une partition et aucun groupe terroriste ne peut revendiquer jusque-là un quelconque contrôle d’une portion du territoire. A moins que le ministre français se réfère aux velléités de certains déçus de l’ancien régime déchu notamment l’ancien chef rebelle Rhissa Ag Boula, actuellement exilé en France, qui depuis Paris menace le Niger de déstabilisation avec la création de front dit révolutionnaire qui n’ont pour le moment d’existence que dans sa tête et quelques écrits de médias en manque de sensation. Sans le vouloir, peut-être, Sébastien Lecornu vient, à travers cette menace de partition qu’il prédit au Niger, d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui soupçonnent la France de manœuvres de déstabilisation de tout genre pour faire échec au nouveau régime militaire. C’est certainement ceci qui expliquant cela, le pousse à prédire justement l’échec des autorités militaires !

A.Y.Barma (actuniger.com)