Dans un communiqué publié le 29 octobre 2023, le procureur de la république du Sénégal, Abasse Yaya Wane a mis fin à la rumeur qui avait envahi Dakar mais que personne ne voulait y croire : dans la nuit du 28 octobre, des individus non identifiés se sont présentés aux cimetières de de Léona Niassène, un quartier de la ville de Kaolack, au sud-est de Dakar à la recherche de la tombe d’un défunt inhumé la veille. Ayant réussi à l’identifier la tombe, ils ont exhumé le corps, l’ont trainé hors du cimetière, puis aux cris de « goor-jigeen » (homme-femme), l’ont brûlé. Quel crime le défunt a-t-il avoir bien commis pour mériter un tel déferlement de haine et d’un traitement d’une cruauté sur son cadavre ? Il serait un adepte de l’homosexualité. Une horreur qui soustrait l’homosexuel du monde humain et l’expose à l’expression la plus achevée de la bestialité dont l’homme est capable !
Au Sénégal, l’homosexualité est punie de un à cinq ans d’emprisonnement toute personne reconnue coupable d’acte « contre nature avec un individu de son sexe ».
Une législation que certains, notamment chez les religieux, jugent insuffisamment sévère et font pression sur le gouvernement pour que peine soit durcie et passe de cinq à dix ans de prison.
La violence psychologique, morale et physique que subissent de nombreux citoyens dans les pays africains suspectés d’homosexualité, montre la complexité du rapport que nous entretenons avec l’Etat de droit. Le plus déroutant dans cette affaire, c’est que c’est dans le milieu religieux, où l’on enseigne, sans cesse que l’homme est créé à l’image de Dieu, qu’on retrouve ceux qui croient détenir le droit d’ôter la vie d’autrui pour cause « d’orientation sexuelle déviante », quand la loi en dispose autrement. Le croyant serait-il, du point de vue axiologique, au-dessus du citoyen ?

Kaceto.net