Du 13 au 17 novembre, le Ghana accueille la Conférence d’Accra sur les réparations pour les crimes historiques contre les Africains. La rencontre discutera des politiques, stratégies et défis dans la mise en œuvre de ces réparations.

« Les réparations pour l’Afrique et la diaspora africaine sont attendues depuis longtemps. Prévisible, la question des réparations ne devient un débat que lorsqu’il s’agit de l’Afrique et des Africains », a remarqué avec amertume le président ghanéen Nana Akufo-Addo, mardi 14 novembre, à l’ouverture des panels de la première édition de la « Conférence d’Accra sur les réparations ».

L’évènement qui se tient du 13 au 17 novembre 23 dans la capitale ghanéenne se propose d’aborder la question de la réparation des préjudices historiques infligés à l’ensemble des peuples africains. Devant un parterre de personnalités dont des chefs d’État, le président ghanéen a appelé ses homologues africains à faire front commun pour obtenir des réparations pour l’esclavage transatlantique et les dommages causés pendant la période coloniale.

« Aucune somme d’argent ne peut réparer les dommages causés par la traite transatlantique des esclaves et ses conséquences […] c’est une question que le monde ne peut plus ignorer », a-t-il déclaré.

Pour Nana Akufo-Addo, plus d’un siècle après ces atrocités, la question du dédommagement des peuples africains traités pourtant injustement ne devrait plus se poser, alors que le continent continue d’en subir les rudes conséquences. « Lorsque les Britanniques ont mis fin à l’esclavage, tous les propriétaires d’esclaves africains ont reçu des réparations à hauteur de vingt millions de livres sterling, l’équivalent aujourd’hui de vingt milliards de livres sterling, mais les esclaves africains eux-mêmes n’ont pas reçu un sou. De même, aux États-Unis, les propriétaires d’esclaves recevaient trois cents dollars pour chaque esclave qu’ils possédaient », a-t-il déploré.

Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), ce sont plus de 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants issus d’Afrique qui ont été victimes, pendant plus de 400 ans, de la dramatique traite transatlantique des esclaves, considérée comme « l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine ».

La conférence d’Accra survient dans un contexte généralisé de montée des initiatives et revendications panafricanistes. Par ailleurs, elle intervient alors que les anciennes puissances coloniales sont dans une véritable offensive géopolitique en Afrique, multipliant les opérations séduction sur le continent, cherchant à nouer ou étendre leurs partenariats économiques, agrandir leurs cercles d’alliés. Fin octobre dernier, dans le cadre d’une tournée africaine qu’il a effectuée et qui l’a également conduite au Ghana, le président de la République fédérale allemande, Frank-Walter Steinmeier, a présenté lors de sa visite en Tanzanie, des excuses officielles pour le massacre d’environ 300 000 Tanzaniens par les colons allemands.

Agence ECOFIN