Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, était devant l’Assemblée Législative de Transition pour son deuxième Discours sur la Situation de la Nation (DSN), ce vendredi 1er décembre 2023. Un exercice constitutionnel d’échanges directs avec les députés qui lui a permis de dresser le bilan des actions de son Gouvernement en matière de lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes, de la relance de l’économie nationale, dans le secteur social, au niveau des relations internationales et de la refondation de l’Etat et de dégager les perspectives visant à apporter des réponses appropriées aux attentes des Burkinabè.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que tous les sujets comptant pour la vie de la Nation ont été abordés lors de cet exposé du Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla.
La question sécuritaire, préoccupation majeure de l’ensemble des Burkinabè et cheval de bataille de la Transition, a été le premier point qu’il a abordé.
Le Chef du Gouvernement envisage, sans ambages, l’avenir sécuritaire du Burkina Faso, avec de plus en plus d’assurance, au regard de nouveaux moyens de combat qui ont été acquis et de nouveaux dispositifs qui ont été mis en place, notamment les réformes dans l’armée pour plus d’efficacité.
Pour la sécurisation de notre territoire, il a cité la création de dix-huit autres Bataillons d’intervention rapide (B.I.R.), portant leur nombre à vingt-cinq, ce qui permet un meilleur maillage du territoire.
Il a aussi pris pour exemple la création des Groupements d’unités mobiles d’intervention (G.U.M.I.), au nombre de douze aujourd’hui, dont la mission est de lutter contre toutes formes de menaces, et principalement contre le terrorisme et le grand banditisme.
« Des hommes ont été formés et du matériel a été acquis pour l’équipement des bataillons et des unités spéciales. Sur le terrain, des innovations sont en cours pour une meilleure protection du territoire », a-t-il précisé.
Sur ce volet, la création du Fonds de soutien patriotique (F.S.P.) qui permet aux citoyens de contribuer à l’acquisition de moyens pour les forces combattantes, a été cité comme l’un des acquis à mettre à l’actif de son Gouvernement, avant d’ajouter que d’ici à la fin de 2023, les contributions attendues sont de l’ordre de quatre-vingt (80) milliards de F CFA.
« Le renforcement de la coopération militaire avec la Fédération de Russie permet le renforcement des capacités du personnel militaire et de meilleurs approvisionnements en armements et en munitions. Nous avons également renforcé la coopération militaire avec la Chine et la Turquie. Cela nous a permis de disposer de moyens modernes et percutants. Le Burkina Faso dispose actuellement d’équipements de défense de dernière génération. Dans le domaine militaire, le régime de la Transition est disposé à coopérer, sans complexe, avec tout État dans un esprit d’ouverture et de respect mutuel », a fait savoir Dr Kyélèm de Tambèla.

Plusieurs actions ont été menées par le Gouvernement en ce qui concerne l’économie nationale en vue de la réduction du train de vie de l’État, et dans les domaines de l’industrie, du commerce, de l’artisanat, de l’énergie, des mines, de l’agriculture et des transports.
Le Chef du Gouvernement a souligné que les efforts se poursuivent pour la réduction du train de vie de l’État.
« La relecture du décret portant rémunération des membres du Gouvernement a permis une économie de 454 934 520 F CFA. L’opération billetage a permis une économie provisoirement estimée à 8 554 239 154 F CFA. L’opération dématérialisation des bulletins de paie et de la revue des marchés publics a permis une économie de 315 000 000 FCFA. La gestion rigoureuse du parc automobile de l’État a permis une économie de six milliards (6 000 000 000) F CFA. La gestion de l’équipement de l’État dégage une économie de 1 600 000 000 FCFA. La rationalisation de la consommation du carburant fait ressortir une économie de 2 870 000 000 F CFA. La gestion des systèmes de production et de distribution d’eau et d’électricité fait dégager une économie de 2 510 463 495 FCFA. L’économie dégagée dans la gestion du patrimoine immobilier de l’État est de 605 436 000 FCFA. La rationalisation des missions à l’intérieur et à l’extérieur du pays fait ressortir une économie de 200 000 000 F CFA. La rationalisation des institutions, notamment la suppression du Haut conseil pour le dialogue social génère une économie de 300 968 000 FCFA. La somme des économies ainsi réalisées est de 23 411 041 169 FCFA », a-t-il démontré.
A l’écouter, le taux d’inflation qui était de 14,1% en 2022 est projetée en forte baisse en 2023, avec une moyenne estimée à 1,9%, malgré l’augmentation de cent francs du prix du litre du super au début de l’année.
Pour lui, c’est une performance rare, surtout dans un pays en guerre où l’essentiel des ressources est orienté vers l’acquisition de moyens de combat.
A cela, il a ajouté l’exploration des pistes pour une harmonisation des traitements dans la Fonction publique et dans les sociétés d’État, car « il est inadmissible que dans un pays où tout est prioritaire, même en temps de paix, que des agents accumulent des privilèges, alors qu’à leur porte, gémissent dans la pauvreté, voire la misère, la quasi-totalité des citoyens », et que « cela est d’autant plus inadmissible en temps de conflit armé ».
En ce qui concerne l’industrie, le Premier ministre a insisté sur le fait que le régime de la Transition est engagé à soutenir autant que possible l’entrepreneuriat national, en mettant l’accent sur la transformation des produits, avec l’opérationnalisation de l’usine d’engrais de Koupéla, la pose de la première pierre d’une usine de transformation de la tomate à Bobo-Dioulasso le 23 septembre dernier, et celle à venir à Tenkodogo, une usine d’extraction minière à Gaoua, grâce à l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (A.P.E.C.), la reprise par l’Etat de la SN-SOSUCO pour la restructurer, pour une relance de la production sucrière, la création de la Caisse des dépôts et d’investissement afin d’accroître la capacité de financement des investissements stratégiques.
Au niveau du commerce, de l’avis du Chef du Gouvernement, des textes règlementaires ont été pris pour fixer les prix de certains produits de grande consommation, l’achat des produits locaux d’un montant d’environ 65, 132 milliards F CFA sur une prévision de 30 milliards F CFA par les structures publiques, la prise en compte dans la liste des produits et services soumis à règlementation, afin d’en assurer le contrôle des prix, pour les produits pharmaceutiques.
L’artisanat, un aspect de la politique de la Transition trouve déjà à se concrétiser, avec l’application progressive du port de la tenue scolaire en Faso dan fani qui est en marche.
Dans le domaine de l’énergie que le Chef de l’État prend à cœur, a-t-il indiqué, des négociations sont entreprises pour l’installation d’une centrale nucléaire au Burkina Faso.
« Dans le même temps, une intensification de l’énergie photovoltaïque est en cours. Trois centrales photovoltaïques d’une puissance cumulée de 90 MW ont été mises en place. Avec l’achèvement de la centrale photovoltaïque de 42 MW de Ouaga Nord-Ouest à Gonsin, dans la commune rurale de Sourgoubila, la puissance passera à 132 MW. Le chef de l’État vient aussi de décider de réactiver le projet de construction du barrage hydroélectrique de Noumbiel. Ce qui sera un atout, non seulement pour l’énergie électrique, mais aussi pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau. Les négociations se poursuivent avec la République islamique d’Iran pour la construction d’une raffinerie de pétrole. Un mémorandum a été signé avec le Ghana pour la construction d’un oléoduc multiproduits pour l’approvisionnement du Burkina Faso en hydrocarbures », a déclaré le Premier ministre.

Pour préserver au mieux les intérêts du Burkina Faso dans le domaine des mines, il a annoncé la relecture du code minier de 2015 et la mise en place, pour la première fois, de la Société nationale pour l’exploitation des substances précieuses (SO.NA. S.P.) ainsi qu’une unité de traitement des résidus miniers.
En ce qui concerne l’agriculture, le Premier ministre a affirmé que plusieurs actions sont menées, à savoir l’initiative présidentielle pour l’autosuffisance alimentaire qui se decline à la mise place de champs de production dans les treize régions du pays, les constructions de poulaillers et des parcs également en cours pour la production de volaille et de petits ruminants dans les mêmes casernes et maisons d’arrêts, l’adoption de l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025, un plan opérationnel qui projette d’atteindre la souveraineté alimentaire, etc.
Dans le domaine des transports, le Gouvernement nourrit beaucoup d’ambitions pour le Burkina Faso et entend aller à la conquête du monde par la route, par le rail et par les airs.
A ce titre, plusieurs projets ambitieux sont en vue, notamment les constructions de routes interétatiques et de liaisons ferroviaires, la restructuration de Air Burkina avec de nouveaux appareils qui sont attendus dans les prochains jours, l’apparition de nouvelles compagnies aériennes étrangères dans le ciel burkinabè, etc.
Du secteur social, l’on retient, du grand oral du Premier ministre que le Gouvernement a mené beaucoup d’actions pour ce qui concerne la santé, l’éducation, la jeunesse, l’humanitaire et la culture.
Par ailleurs, il a indiqué que le dynamisme du Burkina dans les relations internationales n’est plus à démontrer, car le régime de la Transition s’affirme de plus en plus sur la scène internationale.
Et le Chef du Gouvernement de poursuivre : « De même, le 16 septembre a été signé, entre le Mali, le Niger et le Burkina la Charte du Liptako-Gourma mettant en place l’Alliance des États du Sahel. L’Iran et le Burkina ont chacun ouvert maintenant une ambassade, respectivement à Ouagadougou et à Téhéran. Nous venons aussi de recevoir l’ambassadeur du Nicaragua avec résidence à Ouagadougou. La Commission mixte Venezuela-Burkina se tiendra bientôt à Caracas avec, en perspective, le renforcement de nos relations de coopération dans tous les domaines ».
De la Constitution adaptée pour la refondation de l’État, le Premier ministre, après avoir situé les enjeux, a affirmé que l’écriture d’une nouvelle Constitution est une question de souveraineté politique, économique et culturelle.
« Nul ne peut s’épanouir réellement à partir des concepts d’autrui. Nul ne peut tracer son propre chemin à partir de règles établies par autrui. La Constitution qui est la loi fondamentale de laquelle toutes les autres lois tirent leur essence, doit donc être le reflet de la société au risque de la conduire à la dérive. C’est ce manque d’adéquation que nous vivons actuellement au Burkina Faso avec pour résultat une instabilité institutionnelle chronique depuis l’indépendance », a-t-il martelé.

DCRP/Primature