Notre dernier propos, ici, faisait, sous l’angle du civisme, l’état des lieux de l’éducation nationale au Faso. Nous y avions dit en substance : « Il y a véritablement une agonie des valeurs éducatives dans la nation. L’école burkinabé, dans tous ses ordres, est en crise ; elle manque de ressources, d’équilibre et d’efficience ». Nous précisons, aujourd’hui, qu’une telle crise touche tous les aspects de l’institution : sa forme, son fond, son organisation, son fonctionnement. En fait, seules les finalités du système, fixées par le législateur dans la loi d’orientation, sont encore bonnes. Mais, dans la vie des nations, rien ne se fait avec de simples et nobles intentions ; il faut aussi des actes qui concourent à réaliser les visions du politique et du législateur. Cependant, en l’état actuel des choses au Burkina Faso, il est impossible d’appeler à une réforme globale d’un système éducatif qui a plus de cinquante de vie, et où plusieurs autres réformes sont déjà en cours, tout en étant, elles-mêmes, dans l’impasse. Comme horizons immédiats, il ne reste donc plus que des voies de remédiations aux problèmes urgents, de manière à retarder la mort du malade qui présente tous les symptômes d’un cancer, comme l’avait crié toute sa vie le professeur Joseph-Ki-Zerbo. Quelle sont donc les soins d’urgence à apporter au système éducatifs burkinabé ?
*Les dossiers chauds sur la table du ministre pour sauver l’année scolaire 2016-2017
Il s’agit des problèmes conjoncturels liés à la création d’un ministère unique de l’éducation et aux revendications de certains corps de métiers du département. Sans entrer dans le fond de ces dossiers, et sans nous immiscer dans les solutions envisagées par le ministère ou proposées par les acteurs concernés, nous pouvons citer ici :
 l’opérationnalisation de ce ministère unique de l’éducation nationale par l’application de son dernier organigramme
 le traitement diligent et l’évacuation du dossier lié à la grogne des encadreurs pédagogiques
 le traitement diligent et l’évacuation rapide du dossier concernant la grogne en sourdine des gestionnaires administratifs du système, qui revendiquent, avec juste raison, la revalorisation de la fonction de chef d’établissement d’enseignement secondaire
*l’innovation du dialogue entre le ministère et ses partenaires sociaux du département de l’éducation
Bien sûr, sur ce point, il faut préciser que le dialogue n’a jamais été rompu et que les syndicats, les associations de parents d’élèves et d’élèves, sont déjà parties prenantes de toutes les instances nationales et déconcentrées du ministère. Mais le dialogue que nous appelons, ici, est spécifique ; il s’agit de voir, avec les acteurs, les paramètres sur lesquels il faut urgemment jouer, pour ramener un peu d’ordre, de droit et d’éthique dans les revendications, les manifestations des personnels de l’éducation , des associations d’étudiants et d’élèves. Ce dialogue républicain dans la nation est impératif, parce qu’on ne peut plus continuer avec cette école où tout se fait selon des mœurs d’un pays sans lois, sans fraternité, sans humanité ; une école où l’élève arrête les cours quand il veut, avec un simple coup de sifflet ; où les chefs d’établissements, les enseignants et leurs familles sont en insécurité dans les postes ; où le professeur stagiaire et l’appelé du service militaire, vont en grève ; où le parent d’élève vient s’immiscer dans la vie pédagogique des établissements ; où le professeur débraie sans préavis régulièrement déposé auprès de qui de droit et par qui de droit, sans se référer à l’échelle nationale ; où les syndicats laissent faire tout ce qui n’est pas faisable à l’échelle locale . On ne peut plus continuer avec une école où la tension, la haine, la violence, sont les lots quotidiens des établissements. Sans paix, sans amour, sans quiétude, sans dialogue, l’éducation n’est pas possible.
Si, sur ces points, le ministère peut prendre des initiatives idoines, en ajoutant, au passage, la relance des compétitions de l’union des sports scolaires et universitaires –USSUBF- on n’aura marqué un bon pas vers un retour à la normale de la vie scolaire dans la nation, avant d’attaquer les grands dossiers structurants et innovateurs, qui nous attendent sur le front de l’éducation nationale.

Zassi Goro ; Professeur de Lettres et philosophie, écrivain.
Kaceto.net