Le Cedi, la monnaie du Ghana continue sa dépréciation. Selon le bulletin du troisième trimestre de 2020 de l’INSD, s’il fallait 145 FCFA pour obtenir un Cedi en septembre 2016, il ne faut que 95 FCFA en septembre 2020 pour le même Cedi, soit une perte de valeur de près de 35%. Cette baisse de la valeur du Cedi a des avantages mais aussi des inconvénients pour l’économie ghanéenne. En termes d’avantage, les prix des produits ghanéens deviennent moins chers pour les étrangers comme les commerçants burkinabè. Cela permet au Ghana d’exporter davantage et de relancer sa croissance économique. Toutefois, des effets pervers existent également. La chute de la valeur du Cedi entraîne par exemple un risque d’explosion de la dette ghanéenne. Pour 1 dollar de dette contractée, le Ghana doit payer plus de Cedi en remboursement à cause de la baisse de sa valeur. Les autorités ghanéennes ont pourtant entrepris des mesures pour freiner cette baisse continue de la valeur de la monnaie.

Quels bénéfices pour le Burkina Faso ?

Si les produits ghanéens deviennent moins chers pour les Burkinabè, en revanche les produits burkinabè deviennent plus chers pour les Ghanéens. Cela signifie que la dépréciation devrait favoriser l’importation des produits ghanéens au Burkina Faso et réduire l’exportation des produits burkinabè vers le Ghana. Pour le commerçant importateur, c’est avantageux. C’est également le cas pour le consommateur qui bénéficie de prix plus faibles. Toutefois, l’effet est différent au niveau national ou macroéconomique. Une hausse des importations burkinabè avec une baisse des exportations contribue à dégrader la balance commerciale, ce qui peut freiner la croissance économique.
Le Ghana vient de lancer un projet dénommé « Trans-Volta Logistic Project" portant sur deux ports intérieurs d’une valeur de 200 millions de dollars qui seront construits sur le lac Volta à partir de 2021. Cela va faciliter le transport des marchandises et du carburant du port de Tema (au Ghana) à Ouagadougou. Ils viendront renforcer les échanges entre les deux pays. Dans un tel contexte, les enjeux de cette baisse de la valeur du Cedi méritent une attention particulière.

Florent Maré
Doctorant en Economie
Université Thomas Sankara
Kaceto.net