Ousmane Sawadogo, bien connu pour le décryptage des discours politiques qu’il propose régulièrement aux lecteurs de Kaceto.net, prend position sur les manifestations de soutiens au pouvoir en place de ceux qui campent chaque soir autour du rond-point des Nations-Unies.

👉 La première raison que je puisse avancer est que je me sens plutôt proche du petit peuple selon le langage marxiste. Et j’ai la faiblesse de penser qu’une politique publique qui ne prend pas suffisamment à bras le corps les problèmes concrets et les aspirations de ce petit peuple ne vaut absolument rien. Ai-je besoin de rappeler que ce petit peuple constitue la majorité écrasante de la population du Burkina Faso ?
👉 La deuxième raison est que je pense que le petit peuple (civil, FDS et VDP) est le plus exposé à la mort violente, aux exactions de toutes sortes, à la condition de PDI (personnes déplacées internes) ou de PDE (personnes déplacées externes), aux conséquences économiques provoquées par cette guerre absurde, inique et asymétrique qui nous est imposée depuis 2015. Une sorte de double peine. C’est profondément injuste et inacceptable. D’autant plus que je suis absolument convaincu que c’est ce même petit peuple des FDS et des VDP en particulier qui est le plus engagé concrètement sur le champ d’honneur pour défendre notre territoire et nous permettre de vivre librement, souverainement, en paix et en sécurité dans notre cher pays, le Burkina Faso.

👉 Enfin, la troisième raison est plutôt intellectuelle, liée à l’exercice de la fonction critique. En effet, je regarde l’irruption du phénomène de ce ceux qu’on désigne par le sobriquet « Irissi » comme un phénomène analyseur (le cœur même de la crise socio-politico-sécuritaire que nous traversons peut être analysé sous cet angle). Alors qu’est-ce qu’un analyseur ? Eh bien, « par analyseur, l’analyse institutionnelle entend des phénomènes sociaux (groupes, catégories, événements, structures, etc…) qui produisent par leur action même (et non l’application d’une science quelconque) une analyse de la situation. » Alors, plutôt que de traiter ce phénomène des « Irissis » avec condescendance, voire mépris, plutôt que de tuer (noyer/négliger) les questions que ces derniers posent avec leurs mots, essayons d’en saisir la chaîne des enjeux qu’il nous permet d’accéder. Afin qu’ensemble nous puissions tous participer à l’écriture de notre histoire, comprendre, détecter, déminer, trouver d’autres issues, dégager des possibles plus souhaitables et plus partagés. Parlons-nous pour essayer de mieux comprendre les enjeux des uns et des autres. Nous verrons alors les positions évoluer, la complexité partagée, les problèmes collectivement redéfinis, des solutions possibles émergées de notre intelligence collective. Nos ennemis, ce sont les "insurgés" terroristes sans foi ni loi. Aucune faiblesse, aucune compromission face à ces derniers.

Ousmane SAWADOGO
Consultant Text Analytics & Analyse sémantique
Kaceto.net