L’intrusion de militaires dans le traitement judiciaire de l’affaire dite la "guérisseuse", du nom de cette dame interpellée avec 8 autres personnes et mises en examen pour des faits de "séquestration, tortures, coups et blessures volontaires", continue de susciter de vives réactions.
Dans le communiqué rendu public aujourd’hii, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme "rappelle qu’au Burkina Faso, la Justice est rendue au nom du peuple et non au nom d’une personne ou d’un groupe d’individus, si puissants soient-ils".
C’est avec stupéfaction et une vive indignation que le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) suit l’évolution de l’affaire dite « Guérisseuse traditionnelle de Komsilga », suite à des traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à quinquagénaire par des individus, présumés être des employés de ladite guérisseuse, du nom de NIKIEMA Amsétou.
Agissant dans le cadre de ses prérogatives, le Parquet près le Tribunal de Grande Instance Ouaga Il a diligenté une enquête circonstanciée qui a permis d’interpeller, le 28 juillet 2023, neuf (09) personnes dont dame NIKIEMA, pour des faits de séquestration, tortures, coups et blessures volontaires.
Contre toute attente, le « Palais de justice du Tribunal de Grande Instance Ouaga II sera encerclé « par un groupuscule de militaires encagoulés et armés, à bord notamment de deux (02) pickups et d’un blindé pour, disent-ils, « libérer la guérisseuse » des mains des agents de la Garde de Sécurité Pénitentiaire (GSP) », selon l’intersyndicale des magistrats du Burkina.
Alors qu’elle était ainsi dans les liens de la prévention, Dame NIKIEMA sera remise aux mains de personnes se disant relever de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) au petit matin de samedi 29 juillet 2023.
Ces faits surviennent à la suite d’actes et de pratiques d’une extrême gravité défrayant encore les chroniques et consistant en des enlèvements, disparitions forcées, arrestations arbitraires de citoyens par des individus encagoulés, ajoutant ainsi à la terreur qui nous est imposée par les forces du mal qui écument nos villes et campagnes.
En ces circonstances particulièrement graves et préoccupantes, le MBDHP :
– Condamne l’intrusion planifiée, organisée et violente d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) dans les sphères de compétences et d’actions du Pouvoir judiciaire ;
– Rappelle qu’au Burkina Faso, la Justice est rendue au nom du peuple et non au nom d’une personne ou d’un groupe d’individus, si puissants soient-ils ;
– Affirme son indéfectible attachement à une réelle séparation des pouvoirs, mettant le citoyen à l’abri de toute dérive autoritaire ;
– Dénonce et condamne de ce fait, les pratiques illégales faites d’enlèvements, d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées de citoyens, ayant précédé la présente forfaiture ;
– Apporte son soutien à l’ensemble des acteurs de la Justice dans le traitement de la présente affaire dite « guérisseuse traditionnelle de Komsilga ».
• Non à l’impunité !
• Non à toute évocation abusive de la « Lutte contre l’insécurité », à des fins d’abus de pouvoir et/ou d’autorité !
• Non à toute intimidation et à l’utilisation abusive de la force à des fins personnelles !
Ouagadougou, le 31 juillet 2023
Le Comité exécutif national
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