Dans un rapport intitulé "Perspectives économiques en Afrique de l’ouest" publié en juillet dernier, la Banque africaine de développement (BAD) révèle que la croissance économique du Burkina qui a connu un ralentissement en raison de l’instabilité politique pourrait enregistrer un rebond en 2024

En l’espace de huit (8), le Burkina a connu deux coups d’Etat, en janvier et septembre 2022, conséquences de la crise sécuritaire qui frappe le pays depuis 2016. Ces changements anti constitutionnels qui ont été condamnés par les institutions internationales, notamment la Communauté économique et des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont considérablement perturbé l’activité économique, notamment dans le secteur minier, premier poste de devises étrangères, loin devant le coton. Le secteur minier qui contribuait en 2020 pour 14,3% des recettes a accusé une baisse en 2021 et 2022, passant 66,8 tonnes d’or à 57,6 tonnes.
Selon la BAD, l’instabilité sociopolitique, la dégradation de l’environnement sécuritaire et la guerre entre l’Ukraine et la Russie ont impacté l’économie burkinabè. Ainsi, la croissance économique a ralenti à 3,2 % en 2022, contre 6,9 % en 2021, en raison de la baisse des activités extractives (–13,6 % en 2022, contre 7,3 % en 2021) après la fermeture de certaines mines pour cause d’insécurité.
Toutefois, la bonne tenue dans les secteurs agricole (+10,3% en 2022 contre -12, 3% en 2021) et tertiaire (6,6 % en 2022 contre 13,5 % n 2023) ont permis de limiter la casse.
Du côté de la demande, l’économie a pâti de la baisse des investissements publics, une bonne partie du budget étant consacrée à la défense et la sécurité, à quoi se sont ajoutées les mesures fiscales sur des produits de consommation et de services visant à soutenir l’effort de paix. La courbe des dépenses publiques est à la hausse (26,1 % du PIB en 2022, contre 25,6 % en 2021) dans le but de répondre aux urgences humanitaires avec les plus de 2 millions de personnes déplacées internes, les écoles fermées ainsi qu’un dysfonctionnement des services de santé.
La BAD note une augmentation du déficit budgétaire (–8,5 % du PIB en 2022, contre –6,3 % en 2021), une tendance toutefois « atténuée par la hausse des recettes fiscales », (16,3 % du PIB en 2022, contre 15,2 % en 2020). Au final, avec une dette publique estimée à 57,2 % du PIB en 2022, contre 47,1 % en 2021, les risques d’un surendettement sont amoindris.
Déjà durement plus frappés par le chômage que les urbains, les ruraux ont vu leur niveau de pauvreté s’aggraver estimé à 51,1 % en 2019, et le chômage, 57 % de la population de +15 ans étant sans emploi.

Perspectives et risques

« Les perspectives économiques restent affectées par l’instabilité sociopolitique et la dégradation de l’environnement sécuritaire », écrivent les auteurs du rapport, qui prévoient « léger rebond de la croissance à 3,7 % en 2023 et 3,9 % en 2024 », mais toujours loin du taux de croissance enregistré entre 2017 et 2019 qui était de 6 %.

Dominique Koné
Kaceto.net