Qu’est-ce qui se dit autour de la « question foncière » (rurale et urbaine) au Burkina Faso ? Eh bien, pour répondre à ma façon à cette question, voici une cartographie sémantique simplifiée des principaux univers de référence sémantique qui se dessinent à l’évocation des questions foncières dans les articles de presse burkinabè (près de 200 archives d’articles analysés en « full text » (texte intégral, cette fois-ci !).

De cette cartographie sémantique se dégagent très nettement trois clusters (champs) sémantiques structurants et étroitement liés les uns aux autres.
1. Le cluster sémantique en rose sur la cartographie résume l’univers des enjeux généraux associés essentiellement à la question foncière rurale au Faso. L’accent est clairement mis sur les « conflits fonciers » (observés ici ou là) qui soulèvent des enjeux de « gouvernance/gestion foncière », de « droit, loi et réglementation » et de « réformes agraires et foncières ».
2. Le cluster sémantique en vert met plutôt en valeur des actions structurées autour des enjeux du foncier urbain (logement, habitat et urbanisme). Mise en scène dans les articles de presse :
  du « rapport d’enquête parlementaire (Assemblée Nationale) sur le foncier urbain » et ses recommandations ;
  rapport dont s’est saisit le « pouvoir exécutif » (gouvernement) pour lancer une « Commission interministérielle ad hoc, chargée d’apurement du passif du foncier urbain » ;
  sous la pression des organisations de la société civile (associations, ONG, fondations, groupes d’étude et recherche) et autres « organisations internationales » au travers de « manifestations » diverses, de « conférences de presse », etc.. Mais, soulignons-le, ces organisations ne sont pas que dans des actions de contestation, de dénonciation de certaines pratiques présumées délictuelles, ou de revendication de droits (dont le « droit au logement » en particulier). Elles organisent aussi des actions d’information, de sensibilisation et de formation autour des enjeux du foncier urbain et rural.
3. Enfin, dans sa partie jaune, la cartographie sémantique proposée nous plonge au cœur des « collectivités territoriales » (communes, départements, régions) et des « villages » avec :
  une mise en scène des acteurs locaux : « élus locaux » (maires, conseillers municipaux, conseillers villageois), autorités administratives locales (gouverneurs, préfets, hauts commissaires), les chefs coutumiers, les « propriétaires » terriens ;
  ces acteurs locaux sont plus ou moins directement impliqués dans des opérations de « lotissement », de « demande, attribution, retrait, vente de parcelles et d’occupation de terrains », « d‘aménagement de terroirs », « d’accès/exploitation de terres agricoles », etc. ;
  ces opérations générant bien souvent des « contentieux, tensions, voire affrontements » :
• entre différentes populations : « en famille ou entre familles » ; « femmes versus hommes » ; « autochtones versus allogènes » ; « agriculteurs versus éleveurs » ; « musulmans versus chrétiens » ; « jeunes versus vieux » ;
• entre villages avoisinants comme « Goèra » (Tèma-Bokin à Yako) » versus « Sindri » (Guibaré dans le Bam à côté) pour ne prendre qu’un exemple de chez moi ;
• ou populations locales versus « élus /autorités administratives locaux » et/ou versus « sociétés immobilières », etc..
Il s’agit là d’un décryptage rapide et non-exhaustif. Je m’arrête-là pour le moment. J’espère dans tous les cas vous avoir donné l’envie d’aller plus loin dans cette démarche de décryptage sémantique, et plus encore dans le questionnement citoyen sur les problématiques foncières rurales et urbaines au Burkina Faso.
Ces problématiques sont potentiellement explosives si j’en crois les mots du ministre d’Etat, en charge de l’Administration territoriale, M. Pengdwendé Clément SAWADOGO lui-même (Lire ici l’information relayée par l’Agence d’information du Burkina : https://www.kaceto.net/spip.php?article10035). Le diagnostic est sévère mais il semble partagé. Alors maintenant, place aux actes concrets et significatifs pour ne pas se payer de mots.
« Le seul critère pour dire que j’ai voulu, c’est montrer qu’en effet j’ai fait. » (Paul Ricoeur). A bon entendeur, salut ! Du courage.

Ousmane SAWADOGO, Consultant TM & Text Analytcs
Kaceto.net.