Que se dit-il dans les titres de publications francophones en ligne (2002-2021) autour du « durable » ? Il se dit beaucoup de choses, mais l’analyse d’un corpus significatif et pertinent de ces titres permet d’identifier quelques éléments intéressants à retenir.

D’abord notons que la notion générique de « développement durable » y est écrasante. Dans mon corpus, j’en dénombre 4463 occurrences. Rappelons la définition du « développement durable » qui fait consensus :
Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Citation de Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien, 1987).
En 1992, le Sommet de la Terre à Rio, tenu sous l’égide des Nations unies, officialise la notion de « développement durable » et celle des trois piliers (économie/écologie/social) : un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.
Cela étant, le graphique ci-après nous permet de visualiser les « domaines spécifiques du durable » qui ont structuré les titres de publications francophones en ligne entre 2002 et 2021. Les chiffres indiquent les fréquences d’occurrences des domaines dans le corpus de titres. Par ailleurs, ce graphique ne prend pas en compte la notion générique de « développement durable » ci-dessus évoquée.

La problématique spécifique de la « ville durable » apparaît comme une préoccupation centrale. Cela n’est pas sans lien avec le fait que la notion de « ville durable » est importante en termes de réflexion et de projets en rapport plus ou moins direct avec les enjeux planétaires actuels, dans le contexte du changement climatique. Depuis 2011, l’ONU admet que l’urbanisation croissante est une force motrice dans les changements environnementaux globaux et que la ville est justement le lieu qui doit faire face le plus urgemment aux problèmes environnementaux. « L’intérêt de la notion de ville durable est qu’elle permet de considérer à une échelle locale, celle de la ville ou du quartier, l’expression de problèmes globaux ».
Ainsi que le montre le graphique ci-après, il semble en effet bien clair que la référence à la problématique de la « ville durable » a été nettement plus prégnante au cours de la décennie 2012-2021 qu’au cours de la décennie précédente (2002-2011). C’est bien une thématique structurante et d’actualité.

Enfin, mon côté psycho-socio-cogniticien m’amène à émettre l’hypothèse que pour savoir si la notion de « durabilité » devient véritablement motrice de recherches, de réflexions et d’actions structurantes, il faut chercher à savoir si elle suscite la planification de « buts et d’objectifs concrets » et de l’ « engagement à faire » qui s’inscrivent dans une certaine éthique de la « responsabilité ».
Eh bien, le graphique ci-après, qui montre les taux de répartition des occurrences des trois catégories sémantiques (« objectifs, buts » ; « engagement » et « responsabilité » (y compris RSE pour « responsabilité sociale des entreprises »)) au cours de la période 2002-2021, tend à confirmer l’intérêt de plus en plus structurant de la notion de durabilité (notamment au cours de la décennie 2012-2021) comme modèle théorique de pensée qui oriente la recherche, la réflexion et l’action dans bien de domaines ci-dessus cités. La notion de « durabilité » acquiert ainsi, de plus en plus, une certaine consistance paradigmatique.

Ousmane SAWADOGO, Consultant Text Analytics & Analyse Sémantique.
Kaceto.net