Dans un contexte de remous internes, le VIIIè congrès ordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) s’est néanmoins tenu le week-end qui vient de s’écouler et a consacré la réélection du président Eddie Komboïgo pour un mandat de 4 ans !

Le VIII congrès ordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui s’est tenu les 18 et 19 décembre 2021 aura été tout sauf ordinaire. C’est le moins que l’on puisse dire.
C’est dans un contexte d’agitations internes, d’invectives entre militants et les dirigeants que les travaux préparatoires se sont déroulés. Les nouvelles orientations que le président Komboïgo souhaite imprimer au parti agacent plusieurs de ses camarades, voire ses compagnons. Annoncé pour début décembre, le congrès a été reporté par la justice à la requête de certains cadres qui contestent la pertinence des choix opérés par le président et ses soutiens. En appel, la justice a finalement autorisé l’organisation du congrès, au grand désarroi des contestataires, lesquels ont donné de la voix au cours de deux conférences de presse au cours desquelles ils ont pris Eddie Komboïgo à partie. "Le président est esseulé" a ainsi déclaré Topan Sané, le dernier directeur de cabinet de Blaise Compaoré et directeur de campagne du candidat Eddie Komboïgo aux élections de novembre 2020. "S’il se sent fort, qu’il aille créer son parti" a complété le député du Kadiogo, Salif Sawadogo.
Des interpellations qui ont laissé le président Komboïgo de marbre. Droit dans ses boites, il a poursuivi la préparation de cette rencontre statutaire avec ceux qui lui sont restés fidèles. "Si des gens veulent être élus président du CDP, qu’ils viennent au congrès ; c’est là que ça se décide" a répliqué celui dirige depuis 2015 l’ancien parti au pouvoir.
La pomme discorde entre ceux qui se réclament de "l’aile historique" du parti et le président qui dit incarner "l’aile futuriste" porte sur les symboles du parti créé en février 2006 par le président Blaise Compaoré pour stabiliser et conserver son pouvoir. Pour les premiers, le CDP est un label, bien implanté sur l’ensemble du territoire et le nom de son fondateur, Blaise Compaoré, un capital à conserver. Pas question d’y toucher. Le président Komboïgo, qui se sent "sous tutelle" depuis son élection en mai 2018, souhaite exercer la plénitude de ses pouvoirs, quitte à rogner les attributions du président d’honneur, lequel depuis Abidjan où il est exilé, retoque en permanence les décisions prises par les instances du parti. Pour "l’aile futuriste", après un quart de siècle d’existence, il est temps de faire évoluer la ligne du parti pour prendre en compte les mutations sociologiques en cours. Dans cette perspective, le logo et le nom du parti ne sauraient être des totems vénérés et intouchables.
Hier soir, les congressistes venus des 45 provinces ont validé la ligne défendue par le président Komboïgo qu’ils ont reconduit pour un mandat de quatre (4) ans. Un bureau exécutif national (BEN) de 89 membres a été mis en place, à charge pour eux de créer les conditions d’une réunification du parti et le conduire à la victoire en 2025.
Une gageure, d’autant que les "frondeurs" ne s’avouent pas vaincus. Aux dernières nouvelles, ils vont engager dans les jours à venir une bataille judiciaire pour obtenir l’annulation des conclusions du congrès. Mais leurs chances de réussir sont à vrai dire minces.
Certes, ce n’était pas le congrès des grands jours du CDP, mais le quorum a été atteint, ce qui a permis aux congressistes de délibérer et d’éviter au parti une suspension par le ministère en charge des libertés publiques au 31 décembre à minuit, ce qui était l’obsession du président Komboïgo.
Dans cette bataille entre les "historiques" et les "futuristes, les seconds viennent de remporter incontestablement une victoire d’étape. Reste à la consolider en recollant les morceaux et à réunifier le parti. Ca, c’est une autre histoire !

Dominique Koné
Kaceto.net