Les terres ou métaux rares font couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Alors, j’ai voulu y jeter un coup d’œil rapide pour m’en faire une idée et la partager avec vous.

▶️ Les terres ou métaux rares sont des métaux et des composés métalliques. Sur le plan physico-chimique, ce sont 17 éléments : 15 appartenant à la famille dite des lanthanides (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, prométhium, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium, et lutécium), auxquels on ajoute l’yttrium et le scandium.
Les métaux rares sont utilisés dans un grand nombre de procédés de fabrication industrielle de technologies dites d’avenir : écrans, smartphones, lampes solaires, ampoules basse consommation, véhicules électriques ou hybrides, batteries, rotors d’éoliennes, missiles, imagerie médicale, etc.

▶️ Du fait de leurs propriétés physico-chimiques, les terres / métaux rares sont incontournables, à la fois à l’ère de l’explosion des technologies numériques, mais surtout en ce début du 21ème siècle où l’exigence d’une économie faiblement émettrice en gaz à effet de serre s’affirme comme préalable à toute croissance (réchauffement climatique, transition énergétique et numérique obligent !). D’où une demande mondiale croissante depuis 2010 et porteuse de tensions géopolitiques impliquant notamment la Chine et les Etats-Unis. Il faut savoir que la Chine concentre une large part de la production mondiale de terres rares (elle possède 36,7% des réserves mondiales, mais elle extrait environ 80% et raffine 90% des terres rares. Viennent ensuite des pays comme le Brésil, le Viêt Nam, la Russie et l’Inde). Dans sa confrontation avec l’autre grand consommateur de terres rares que sont les Etats-Unis, elle n’hésite pas à menacer de fermer le robinet.

▶️ Un livre d’enquête bien documenté questionne les enjeux et les défis associés à la problématique des métaux rares dans le monde en transition énergétique et numérique, celui de Guillaume Pitron : « La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique » (Guillaume Pitron, 2018. Publié chez « Les liens qui libèrent »). C’est un livre qui « lance un véritablement cri d’alarme et expose un sérieux dilemme » : Le cri d’alarme est géopolitique et concerne la trop grande dépendance du reste du monde à la Chine qui détient l’essentiel de ces précieuses ressources et qui peut naturellement être tentée d’abuser de sa position de force. La parade pourrait être de relancer la production de ces métaux rares un peu partout dans le monde, mais le dilemme c’est que « l’exploitation de ces minerais rares est tout sauf propre ! » Guillaume Pitron souligne que « Les énergies et ressources vertes recèlent une part d’ombre » ! En effet, l’extraction et le raffinage de ces métaux rares nécessitent des procédés très polluants. Leur recyclage pose de sérieux problèmes. Paradoxalement donc, le monde des technologies dites d’avenir, qui se veulent plus vertes (ce qui est une nécessité absolue dans le contexte de réchauffement climatique), serait lui-même en grande partie tributaire de « métaux… sales ». Conclusion : s’il faut relancer l’exploitation des métaux rares pour soutenir la transition écologique et numérique, il va falloir justement le faire avec des exigences écologiques non négociables, afin de ne pas perdre tout le bénéfice du mouvement de transition engagé. Pas simple l’équation ainsi posée.

▶️ Ci-après, je vous propose une cartographie du champ sémantique des terres/métaux rares sur la base de l’analyse d’un corpus pertinent et significatif de titres de publications francophones en ligne sur deux décennies (2002-2022). Deux indications de décryptage :

☑️ Les clusters (groupes ou univers sémantiques) « bleu » et « bleu clair » sur la cartographie nous plongent dans la sphère des enjeux géopolitiques et défis liés à la problématique du développement de la nouvelle société écologique (développement des énergies renouvelables, voitures électriques et hybrides, éoliennes, batteries, lampes solaires, etc.) et numérique (écrans, smartphones, etc. à faible consommation d’énergie) par l’usage des métaux rares. Ce dont rend parfaitement compte le livre de Guillaume Pitron (« La guerre des métaux rares… ») abondamment relayé dans les titres de publications francophones en ligne.

☑️ Quant aux clusters « jaune » et « vert », ils nous laissent voir les principaux métaux rares (« jaune ») et autres minerais et éléments chimiques (« vert ») indispensables à la transition écologique de toutes les activités économiques humaines.

Ousmane SAWADOGO, Consultant Text Analytics & Analyse sémantique.
Kaceto.net