Le groupe panafricain affiche de très bons résultats pour 2021, ce qui l’autorise, pour la première fois depuis 2016, à distribuer un dividende à ses actionnaires. Ecobank table sur une croissance plus modeste cette année, bien que le ton reste à l’optimisme.

Sur le plan des résultats, tous les clignotants sont au vert pour le groupe panafricain Ecobank. En 2021, les bénéfices avant impôts atteignent un record de 478 millions de dollars (+140 millions $ en un an). Dont 262 millions attribuables aux actionnaires, soit un dividende de 0,16 cent par action. Une reprise de la distribution qui ne compense pas le zéro coupon des années précédentes, mais qui témoigne de la confiance du groupe devant ses finances. Confiance réitérée ce 31 mars lors d’une présentation des résultats à la presse financière.

L’an dernier, les revenus de l’activité (produit net bancaire) ont augmenté de 6% à 1,8 milliard $, pour des dépenses stables à 1 milliard. Les dépôts ont augmenté de 8% et les encours de crédits de 4%. Le quatrième trimestre a sensiblement accentué la tendance haussière.

« Dans cette tourmente, nous restons très concentrés sur la conduite de nos activités de manière responsable, le respect des principes ESG et la réalisation de notre investissement dans la Fondation Ecobank », commente le PDG Ade Ayeyemi.

L’augmentation des dépôts des clients reflète l’accumulation continue de liquidités au sein de la clientèle entreprises, compensée en partie par une hausse des dépenses des consommateurs, progressive alors que les restrictions induites par la pandémie de coronavirus s’assouplissaient.

Pour 2022, le groupe prévoit une hausse de 3% maximum des prêts bruts (après +4% en 2021) et entre 3% et 4% de hausse des dépôts des clients. Ce qui induit une progression modeste des revenus, de l’ordre de 1% à 3%. Les profits seraient préservés, à la faveur d’une hausse des dépenses limitée à 2%, au maximum.

« Le profil de liquidité du groupe reste résilient, offrant une marge de manœuvre confortable pour soutenir la croissance prévue des prêts », commente Chinedu Ikwudinma, responsable du bureau du Risque. La liquidité globale du groupe est restée « solide, soutenue par la confiance des clients dans la franchise Ecobank ». Les dépôts à vue continuent de représenter la majeure partie des dépôts totaux, soit 63,9 % en décembre 2021.


Une année de transformation

De son côté, la zone UEMOA affiche un bénéfice avant impôt de 192 millions $ pour 2021 (+27 %, ou +22% à monnaies constantes). Le retour sur fonds propres ressort à 20,3 %. Les revenus nets sont de 559 millions de dollars (+9%). En Afrique de l’Ouest (hors Nigeria), le groupe a bénéficié d’une forte diminution du coût de gestion des fonds en raison d’une amélioration de la composition des dépôts. Les revenus autres que d’intérêts ont progressé de 7% en raison des frais et commissions liés à la gestion de trésorerie, aux cartes et au crédit, grâce à une activité plus élevée de la clientèle. Et dans le même temps, les dépenses sont demeurées stables, diminuant même de 4% à devises constantes.

Seul point noir : les charges nettes de dépréciation des prêts se sont élevées à 63 millions $, contre 51 millions $ l’année précédente. Cette tendance reflète une augmentation des provisions, partiellement compensée par une augmentation des recouvrements sur les créances douteuses.

« 2021 s’est révélée être une année de transformation pour Ecobank », commente Ade Ayeyemi, PDG du groupe. À son sens, la banque « a fait des progrès significatifs » dans ses priorités stratégiques et a généré de « solides rendements commerciaux et financiers ».

Bref, « nous avons augmenté nos revenus, sommes restés efficaces, amélioré la qualité du crédit, renforcé le bilan et, pour la première fois depuis 2016, notre Conseil d’administration a recommandé le versement de dividendes aux actionnaires », se félicite le PDG.

Ecobank est présent dans 33 pays africains

Les revenus nets (+5%) sont stimulés par « un modèle d’exploitation diversifié et l’accent continu mis sur la croissance des activités de financement du commerce, de paiements, de titres à revenu fixe, de devises et de matières premières ».

Ade Ayeyemi se réjouit particulièrement d’un ratio d’efficacité de 58,9 %, « le meilleur depuis plus d’une décennie ». La qualité du crédit « continue d’être particulièrement solide, avec des prêts non performants à un niveau historiquement bas de 6,2 % du total des prêts et une réduction du risque de concentration du portefeuille ».

Deux nuages gris

Ce qui n’a pas empêché le groupe de constituer des réserves de provision à plus de 100 % des prêts non performants. Parallèlement, l’an passé, « la croissance des dépôts a été robuste, ce qui a considérablement stimulé la liquidité et soutenu la modeste croissance de nos prêts ».

Les perspectives actuelles de l’Afrique renforcent l’optimisme pour 2022 et au-delà, dans l’espoir d’une forte reprise économique mondiale suite à l’assouplissement des restrictions dues aux contraintes sanitaires.

Ade Ayeyemi se garde de toute euphorie et adresse « un mot d’avertissement » à la suite de deux déconvenues majeures. La première tient dans la réduction par le FMI des prévisions de croissance mondiale, dans un environnement d’inflation élevée, où environ 60 % des pays à faible revenu sont en situation de surendettement ou à risque. La seconde, bien sûr, est liée à l’incertitude que fait peser l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Dans ce contexte, les économies africaines sont en jeu alors que les risques de contagion se propagent, la FED américaine et d’autres banques centrales du monde développé augmentent les taux d’intérêt, les prix de l’énergie montent en flèche et les tensions géopolitiques exacerbent l’inflation et les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement. »

En effet, certaines banques centrales africaines ont déjà relevé leurs taux, alors que les prix des biens et des services s’envolent et que les devises sont sous pression, le tout avec des implications en matière de sécurité. « Dans cette tourmente, nous restons très concentrés sur la conduite de nos activités de manière responsable, le respect des principes ESG et la réalisation de notre investissement dans la Fondation Ecobank », commente Ade Ayeyemi. Qui engage ses équipes à continuer d’être « agressives dans la conduite des priorités stratégiques, en étant à la pointe de la technologie et en servant nos clients et nos communautés. »

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