Instituée en 2017 par l’Assemblée générale des Nations unies, la Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme a été commémorée en différé au Burkina hier 1er septembre à Ouagadougou par une cérémonie présidée par le chef de l’Etat, Paul Henri Sandaogo Damiba sous le thème : « la prise en charge des victimes du terrorisme : un droit pour les victimes et un devoir pour l’Etat et la communauté »

Depuis 2017, la communauté internationale commémore le 21 août de chaque année, la Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme. Hier, le Burkina a commémoré en différé la deuxième édition de cette journée à la faveur d’une cérémonie organisée sur l’esplanade du Monument aux héros à Ouaga2000. Il est 10h12 quand le chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba arrive sur les lieux à bord de sa austère 4x4 Jeep pour présider la cérémonie. Après l’hymne national entonné par le public, il fait la revue des troupes, effectue un tour pour saluer les familles des victimes avant de rejoindre la tribune officielle.
Tous les intervenants l’ont souligné : la Journée dédiée aux victimes du terrorisme vise à sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité d’apporter des soutiens multiformes aux familles des victimes du terrorisme. A commencer par le soutien psycho-social, indispensable pour les aider à surmonter le traumatisme que provoque la perte d’un membre, ou pour assister un blessé de la barbarie à jouir de ses droits pour avoir sacrifié sa vie pour la nation.
Selon la directrice générale des droits humains, Hadjaratou Zongo, la deuxième édition de la Journée s’est étalée du 29 août au 1er septembre 2022 essentiellement dans la région du Centre. Les activités menées ont consisté à informer et à sensibiliser les victimes du terrorisme sur leurs droits et devoirs, les orienter vers les services compétents pour leur prise en charge et à partager des expériences dans l’épreuve à laquelle elles font face. La présidence du Faso, les ministères de la Défense, de la Santé, de l’Administration territorial et la sécurité, de la Solidarité nationale ont pris une part active dans les activités menées au profit des victimes militaires et civiles, des Personnes déplacées internes ainsi que des Volontaires pour la défense de la patrie. Au total, 900 personnes ont été touchées par les séances de causerie et d’écoute, principalement sur les sites dans les quartiers Panzani 1 et 2 et Marcoussis.

Hadjaratou Zongo a salué l’engagement de l’Etat dans la prise en charge alimentaire, scolaire et sanitaire des victimes du terrorisme, mais n’a pas manqué de souligner les insuffisances qu’il faut vite combler pour une meilleure solidarité envers ceux qui sont blessés à vie dans leur chair et leur âme. Il a notamment regretté l’inadéquation des textes face à la situation des victimes, leur prise en charge tardive s’agissant des évacuations sanitaires, la stigmatisation dont elles sont encore victimes dans les services de l’Etat. Autant d’impairs qui suscitent l’indignation et poussent certains dans la résignation. "Nous ne voulons pas remuer le couteau dans la plaie" a indiqué le représentant des familles de victimes, Pascal Lankoandé, avant de rappeler que la situation des familles des victimes qui avait déjà été exposée au président Roch Kaboré, demeure préoccupante. Il estime urgent de recadrer les procédures d’indemnisation en prenant en compte les concubines, les pupilles de la nation et la liquidation du capital décès. "Après trois mois d’assistance, les blessés sont laissés à eux-mêmes" a t-il déploré, redoutant que le désordre social que les séquelles pourraient occasionner.
S’exprimant au nom du président du Faso, le ministre de la Justice, des droits humains, chargé des relations avec les institutions, garde des sceaux, Me Barthélémy Kéré, s’est réjouit de la "forte mobilisation, en ce lieu, mémorial aux héros nationaux, un lieu plein de symboles pour notre histoire commune" pour rendre hommage aux victimes du terrorisme, convaincu " qu’aucune psychose et aucune terreur ne peut ébranler l’intégrité, l’unité et la solidarité qui ont forgé et continuent de fonder la dignité et la force du peuple Burkinabè".
Il a rappelé "qu’en dépit des efforts déployés par la communauté internationale et les Etats pris individuellement, chaque année, des milliers de personnes de toutes races, cultures et croyances religieuses subissent injustement des préjudices divers du fait d’actes de terrorisme". Dans notre pays, les attaques terroristes ont causé la mort de plus de 2000 civils et forces de défenses, contraint 1 902 150 personnes à fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs et entrainé la fermeture d’écoles et de centres de santé.

Une situation face à laquelle le gouvernement joue sa partition dans la protection de la dignité et des droits fondamentaux des personnes affectées par le terrorisme.
L’Etat a ainsi renforcé le cadre juridique et institutionnel de promotion et de protection des droits des victimes avec la création d’un pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes du terrorisme ; créé un dispositif de protection des victimes et des témoins et adopté des lois portant statut de pupille de la nation, de statut de martyr et d’invalide de la nation et de statut de héros de la nation.
Ce n’est pas tout. La puissance publique a élaboré un plan de réponse humanitaire pour la fourniture de service de base intersectoriel qui oriente les actions de prise en charge des populations vulnérables, y compris les personnes déplacées internes du fait du terrorisme et prend en charge les frais médicaux y compris les évacuations sanitaires hors du Burkina Faso, sans oublier l’appui psycho médical par le fonds de solidarité nationale.
Il a appelé les Burkinabè à maintenir "cette union de cœur et de compassion" nécessaire " à la consolidation de nos efforts en matière de lutte contre le terrorisme et de renforcement de la cohésion sociale dans notre pays".
Réunis dans un collectif, dix huit (18) artistes*, notamment les têtes d’affiche de la musique burkinabè, ont apporté leur touche à cette Journée en enregistrant un titre dénommé "Jour de gloire" et qu’ils ont exécuté devant le public, signe de leur engagement aux côtés des Forces de défense et de sécurité, des VDP qui sont sur les différents théâtres d’opérations pour défendre le drapeau national.

* Les artistes ayant participé à l’enregistrement du Titre
Alif Naba, Floby, Nourat, Amzy, Elty, Frère Malcom, Eunice Goula, De Batero, Malika la slameuse, Ka ya Wooto, Flora Paré, Greg, Barak la voix d’or, Lobo Dicko, Saly Z, Pamilka la star, Kezy

Dominique Koné
Kaceto.net