Proclamé « président de la transition » à la tête d’un Conseil militaire de quinze généraux, Mahamat Idriss Déby Itno s’était engagé en avril 2021 à organiser des élections dans un délai de 18 mois et à ne pas briguer la magistrature suprême.

Des centaines de délégués réunis dans le cadre du « Dialogue national inclusif et souverain » (DNIS) au Tchad ont approuvé, le samedi 1er octobre, la prolongation de la période de transition de deux ans et le maintien à la tête de l’État du chef de la junte militaire, qui sera autorisé ensuite à briguer la présidence.

Ces mesures ont été adoptées « par consensus », en l’absence d’une grande majorité des mouvements d’opposition et des organisations de la société civile, ainsi que de deux des trois importants groupes armés rebelles qui ont boycotté le « dialogue de réconciliation nationale » lancé le 20 août dernier.

Les participants au dialogue national ont également décidé d’accorder un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois au prochain président élu. Ce dernier ne devra modifier « sous aucun prétexte » la Constitution pour faire un troisième mandat.

Les diverses résolutions approuvées ont été aussitôt dénoncées par les partis de l’opposition et les mouvements rebelles ayant opté pour la politique de la chaise vide.

« Notre présence n’aurait rien changé, puisque les jeux étaient joués d’avance », a réagi Mahamat Bichara, président de l’Alliance socialiste, déplorant une « occasion ratée pour le Tchad de faire la paix et de se réconcilier avec lui-même ».

« Transmission dynastique du pouvoir »

Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), le groupe rebelle qui a été à l’origine de l’offensive ayant coûté la vie à l’ancien président Idriss Déby Itno, a estimé, quant à lui, que le dialogue national n’a fait qu’entériner une « transmission dynastique du pouvoir », en référence à l’autorisation du chef de la junte, Mahamat Idriss Déby Itno (photo), à briguer la magistrature suprême.

« Nous avons toujours dit que si les résolutions du Dialogue allaient dans le sens de la volonté du peuple tchadien, nous étions prêts à mettre fin à notre lutte armée. Mais nous constatons malheureusement une dérive dynastique de transmission du pouvoir, qui donne tout son sens à notre choix », a souligné Mahamat Mahdi Ali, le chef du FACT.

Après la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front contre les rebelles en avril 2021, son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, a été proclamé président de la transition, à la tête d’un Conseil militaire de quinze généraux.

Il avait alors promis des élections libres et démocratiques dans un délai de 18 mois, après un « dialogue national inclusif » avec l’opposition politique et plusieurs dizaines de groupes rebelles armés.

Mahamat Idriss Déby Itno s’était aussi engagé auprès des Tchadiens et de la communauté internationale à ne pas se présenter à la future présidentielle. Ces promesses lui ont valu d’être adoubé en grande pompe aux obsèques de son père par les représentants de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE). La communauté internationale avait cependant demandé au chef de la junte de ne pas prolonger la transition au-delà de 18 mois et exigé qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne soit candidat aux élections à venir.

ECOFIN