La Banque centrale ouest-africaine relève une nouvelle fois son taux directeur de 25 points de base, constatant la persistance de tensions inflationnistes, dans un contexte de croissance économique favorable. La décélération de l’inflation pourrait intervenir dès les premiers mois de 2023.

Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) a décidé, le 9 décembre 2022, de relever de 25 points de base ses taux directeurs. La mesure sera effective le 16 décembre 2022. Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques passe de 2,50% à 2,75%.

La décélération de l’inflation, attendue sur la proche période, serait liée à la mise sur le marché des nouvelles récoltes de céréales de l’année 2022. Les mesures prises par les États et les actions de la BCEAO pourraient accentuer la décélération des pressions inflationnistes.

Cette hausse est la troisième de cette année, reconnaît le CPM. Elle s’inscrit dans le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire entamée depuis juin 2022. Elle devrait contribuer à ramener progressivement l’inflation dans l’intervalle cible de la Banque Centrale (1% à 3%) sur le moyen terme.

Le taux d’inflation dans l’Union, en hausse depuis plusieurs mois, a atteint 8,4% en octobre 2022. Cette évolution est due essentiellement au renchérissement des produits alimentaires de grande consommation et du transport, avec l’ajustement des prix à la pompe des produits pétroliers par les pays de l’Union suite à l’envolée des cours du pétrole sur les marchés internationaux.

De son côté, l’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, s’est également maintenue à un niveau élevé de 5,4% en octobre 2022. D’autre part, la liquidité bancaire dans l’Union reste adéquate et les crédits octroyés à l’économie par le secteur bancaire ont augmenté de 16,5% à fin octobre 2022.

Nulle question pour la BCEAO de frapper trop fort avec une hausse des taux susceptible de nuire à l’activité économique. Il est vrai que de ce côté, les clignotants sont plutôt favorables, et ne montrent aucun signe de surchauffe. En glissement annuel (de septembre à septembre), la production industrielle a augmenté de 5,0% et le chiffre d’affaires du commerce de détail s’est accru de 10,2%. En outre, les prestations des services marchands et financiers ont enregistré des hausses respectives de 8,2% et 15,4%.

De bonnes performances économiques

Dans le secteur du BTP, l’enquête auprès des chefs d’entreprise fait état d’une poursuite de l’amélioration de l’activité, en raison notamment de grands chantiers de construction d’infrastructures menés dans plusieurs pays de l’Union.

Revenant sur les tensions inflationnistes, la BCEAO rappelle leur caractère exogène : « La progression du niveau général des prix est essentiellement imputable au renchérissement des céréales, induit notamment par l’accentuation des difficultés d’approvisionnement des marchés ». La hausse des prix dans les pays de l’Union est également liée au renchérissement des cours internationaux des denrées alimentaires et produits pétroliers importés.

Selon les prévisions de la BCEAO, publiée avant la réunion du CPAM, le PIB réel de l’UEMOA progresserait, de 5,8% (contre +5,7% prévus jusque-là) au quatrième trimestre 2022 et de 6,4% au premier trimestre 2023, respectivement. Les performances économiques seraient tirées par la bonne tenue des services.

Enfin, la BCEAO s’attend au maintien du rythme élevé de progression de l’inflation cette année, à 8,0% en novembre et 7,9% en décembre 2022 (en glissement). La décélération de l’inflation, attendue sur la proche période, serait liée à la mise sur le marché des nouvelles récoltes de céréales de l’année 2022. Les mesures prises par les États et les actions de la BCEAO pourraient accentuer la décélération des pressions inflationnistes.


En bref

Tout billet, même usagé, est valable

S’il est une tendance à laquelle la BCEAO veut mettre fin, c’est celle qui consiste, pour un consommateur ou un commerçant, de refuser un billet qu’il juge détérioré, ou une pièce limée qu’il jugerait trop lisse. Cette pratique entrave de nombreuses transactions au sein de l’Union. Aussi, la Banque centrale tient à rappeler au public que « les billets et pièces de monnaie de son émission ont cours légal et pouvoir libératoire sur le territoire de l’ensemble des États membres de l’UEMOA ».

En vertu des textes en vigueur, ces billets et pièces doivent être obligatoirement acceptés comme moyens de paiement dans les transactions, notamment par les vendeurs de biens et services et les créanciers.

Tout refus d’acceptation d’un billet ou d’une pièce ayant cours légal et pouvoir libératoire dans un État membre de l’UEMOA constitue « une infraction sanctionnée par les textes en vigueur », prévient la Banque centrale. Qui rappelle toutefois que les billets mutilés ou déchirés ainsi que les pièces de monnaie lisses ou altérées peuvent être échangés à ses guichets.

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