Pour l’auteur de la contribution ci-contre, "Aqmi et Daech et les autres groupes terroristes ne sont pas les seuls facteurs de la déstabilisation actuelle de notre pays".

Les sorties médiatiques tous azimuts des autorités de la Transition, (ministres de la Défense, de Fonction publique, de la Justice, de l’Administration territoriale, de la Communication, etc.), sont truffées de confusion et de contradictions. Le peuple à travers des Organisations de la société civile (OSC), des représentants légitimes, des partis politiques, a exigé des armes pour organiser sa propre défense (sa vie et son espace vital). Que nenni ! Les autorités ont fait d’autres choix, même si la mobilisation générale et la mise en garde ont fini par être décrétées.

La situation continue de s’aggraver. Et faute de résultat satisfaisant, on est passé à l’organisation d’une communication complotiste, intérieure hier, extérieure aujourd’hui.

Et pourtant Aqmi et Daech et les autres groupes terroristes ne sont pas les seuls facteurs de la déstabilisation actuelle de notre pays.

Alors, pourquoi jusqu’à présent refuse-t-on le bon diagnostic, celui qui nous oblige tous à plonger dans les racines de notre histoire nationale depuis une quarantaine d’années pour en extirper les venins malfaisants ? Qui voudrait-on couvrir et quels intérêts voudrait-on sauvegarder en persistant sur ce qui apparaît à première vue comme une myopie politique ?

Autre élément, comment peut-on observer cette attitude en politique consistant à revendiquer sa souveraineté en faisant le vide autour de soi, pour ensuite reprocher aux autres (alors que chacun défend d’abord ses intérêts) leur absence de secours et de solidarité ? Une contradiction qui relève simplement d’une politique à courte vue. Les lois de la géopolitique sont telles que pour toute décision politique, on évalue en toute responsabilité les effets, à court, moyen et long terme. Ce qui suppose une claire vision au préalable, en dépit de l’urgence actuelle d’opposer ici et maintenant une force et une résistance conséquentes aux groupes djihadistes et à leurs suppôts. Toute revendication souverainiste qui compte sur le "voisin" ou sur des "partenaires" soumis aux mêmes règles et contraintes géopolitiques et géostratégiques pour la rendre effective est pour le moins illusoire, utopique, voire populiste.

Défendre un territoire est une tâche qui incombe à qui de droit. Diriger et gouverner un pays est une autre responsabilité devant être dévolue à qui de droit aussi. Et pourtant, chez nous, au Burkina Faso, tout est mélangé...Un mélange du genre aux conséquences dramatiques. En effet, toute action dans un tel contexte contient son tribut. Et ce tribut fait ployer le peuple burkinabè depuis quelques temps déjà.

Par ailleurs, ces appels sans doute sincères lancés aux acteurs politiques, syndicaux, aux responsables coutumiers et religieux pour l’unité dans la lutte contre un ennemi à plusieurs visages, manque d’analyse politique conséquente. Il ne s’agit pas seulement d’une guerre contre le Burkina Faso. Cette guerre imposée au peuple burkinabè a ses tenants et ses aboutissants politiques et idéologiques dont on ne saurait faire l’économie pour mieux y faire face.

Enfin, le danger évoqué à propos de complots d’attentat à Ouaga n’est cependant pas plus dramatique que cette épée de Damoclès suspendue sur la tête de tous nos compatriotes dans les villageois, dont la vie au quotidien est en sursis, depuis des années déjà. Les dangers viennent de partout et concernent tout le pays, chacune de ses filles, chacun de ses fils !
Ce sont autant de questions de fond. Eviter de se les poser consiste à continuer dans des turpitudes, des errements, en s’enlisant dans des vraies fausses solutions. Eviter de se les poser, c’est renoncer à la création des conditions véritables de notre souveraineté et ce faisant, on contribue à la dégradation continue de notre propre sort.

Posons-nous les bonnes questions. Ensemble, nous trouverons les bonnes réponses.

Pain, Liberté et Paix pour le vaillant peuple burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur.

Didier Ouédraogo
Mouvement des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) à section France