Le Sénégal envisage d’exploiter la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en ciblant dix groupes de produits principalement liés à l’agriculture et aux ressources naturelles, et en se focalisant sur huit marchés africains, parmi lesquels la Tunisie, l’Algérie ou encore le Cameroun.

Le Sénégal a retenu dix groupes de produits et huit marchés potentiels sur lesquels il peut miser pour augmenter ses exportations vers les autres pays du continent et tirer ainsi parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), selon un rapport publié en juin dernier par le ministère sénégalais de l’Economie, du plan et de la coopération.

Pour identifier ces groupes de produits, les experts du ministère se sont appuyés sur une méthodologie basée sur trois approches taxonomiques complémentaires, avec des données couvrant les périodes 2011-2015 et 2016-2020 : l’offre de produits exportés par le Sénégal vers l’Afrique, la demande africaine adressée à l’Afrique et les avantages comparatifs révélés (ACR) du Sénégal sur le continent.

Les résultats de la méthodologie appliquée montrent que ce pays d’Afrique de l’Ouest est globalement champion dans l’exportation des produits à faibles technologies et provenant des ressources naturelles et agricoles. Son avantage comparatif sur les produits à haute intensité technologique s’est détérioré sur la période 2016-2020 comparativement à la période 2011-2015.

Le rapport précise que dix groupes de produits sont susceptibles de promouvoir les exportations sénégalaises vers les marchés africains et de permettre au pays de tirer profit du marché commun continental : « poissons et crustacés ; mollusques et autres invertébrés aquatiques », « fruits comestibles ; écorces d’agrumes ou de melons », « préparations de viande, de poissons ou de crustacés, de mollusques ou d’autres invertébrés », « préparations à base de céréales, de farines, d’amidons, de fécules ou de lait ; pâtisseries », « engrais », « huiles essentielles et résinoïdes » ; « produits de parfumerie ou de toilette préparés et préparations », « filaments synthétiques ou artificiels ; lames et formes similaires en matières textiles synthétiques », « ouates, feutres et non tissés ; fils spéciaux ; ficelles, cordes et cordages ; articles de corderie », « produits céramiques » et « fonte, fer et acier ».

Des tarifs douaniers compris entre 21 et 34%

Le choix des marchés potentiels à explorer, densifier ou attaquer dans le cadre de la Zlecaf se base, quant à lui, sur trois critères : le gain escompté du démantèlement des barrières tarifaires et non tarifaires, le niveau de demande des produits ayant un avantage comparatif et la proximité. L’analyse, qui se cantonne aux dix groupes de produits dans lesquels le Sénégal dispose d’un avantage comparatif, fait ressortir que les meilleurs marchés à cibler davantage seraient la Tunisie, le Soudan, l’Angola, l’Egypte, l’Algérie, le Cameroun, le Rwanda et le Burundi. Dans ces pays, des taux de taxes élevés sont actuellement appliqués sur les dix catégories de produits sénégalais les plus compétitifs et les plus demandés. Ces taux sont compris entre 21 et 34%.

Le rapport fait remarquer d’autre part que la croissance des exportations sénégalaise vers les autres pays africaines s’est établie à 6,23% en moyenne par an durant la période 2011-2020. En 2020, les recettes totales d’exportations de biens du Sénégal vers les autres pays africains se sont chiffrées à 1027,9 milliards FCFA malgré la pandémie du coronavirus, contre 645,837 milliards et 14,3% pour les importations, traduisant ainsi une balance commerciale excédentaire.

Le ministère sénégalais de l’Economie, du plan et de la coopération rappelle dans ce cadre que la Zlecaf a pour objectif de créer un marché unique pour les biens et les services, d’accélérer le commerce intra-africain et de consolider la position commerciale de l’Afrique sur le marché mondial. Elle offre aux Etats/parties un marché unifié de 1,3 milliard de personnes avec un PIB combiné de 3000 milliards de dollars et où les droits de douane sont éliminés à hauteur de 90%, ce qui pourrait constituer un important levier pour un développement plus soutenu de l’ensemble des pays du continent.

ECOFIN