Quarante trois (43) chefs d’Etats et de gouvernements africains s’étaient rendus à Sotchi lors du premier sommet entre l’Afrique et la Russie en 2019. Mais 4 ans après, le conflit en Ukraine a changé le monde et les pays africains font face à divers conflits d’intérêts.

Le deuxième sommet entre l’Afrique et la Russie est prévu pour les 27 et 28 juillet prochains à Saint-Pétersbourg, quatre ans après celui de Sotchi. Ce sommet constituera un nouveau test pour évaluer de nouveau la position des pays africains vis-à-vis de l’envahissement de l’Ukraine, qui a été largement condamné par la communauté internationale. Lors d’un vote à l’Organisation des Nations unies le 23 février 2023, la position africaine avait considérablement évolué par rapport à l’année précédente.

The UN General Assembly adopted a resolution that demands #Russia leave #Ukraine.

In favour : 141

Against : 7

Abstentions : 32

Dans les zones UEMOA, il est clair que la Côte d’Ivoire et le Bénin qui condamnent officiellement l’envahissement de l’Ukraine ne seront pas présents. Le Mali, compte tenu de ses relations sécuritaires avec la Russie, avait voté contre la résolution qui condamnait la Russie, ce qui n’était pas surprenant. L’Erythrée avait également soutenu la Russie. Cependant, une douzaine de pays africains ont choisi de s’abstenir, tandis que d’autres ont suivi l’exemple du Cameroun en étant absents lors du vote initial sur ce conflit.

Le principal enjeu du sommet de Saint-Pétersbourg sera donc le degré de participation des pays africains. Les organisateurs ont été prudents dans la présentation du programme des interventions, en se concentrant sur les thématiques qui seront abordées et en insistant simplement sur les panélistes russes. On peut se demander si les chefs d’État qui s’étaient rendus en Russie en juin dernier pour négocier une accalmie de la situation y retourneront encore.

En février 2023, le Sénégal n’avait pas pris part au vote exigeant le départ des troupes russes d’Ukraine, mais son président faisait partie de la délégation de médiation africaine qui avait effectué le déplacement en Ukraine et en Russie en juin 2023. Le président Macky Sall reste déterminé à promouvoir la paix partout où cela sera possible. Cependant, la décision récente de la Russie de sortir de l’accord céréalier pourrait pénaliser l’Afrique qui en a besoin, selon certains analystes.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa se trouve dans un conflit d’intérêts entre les pays du G20, majoritairement hostiles à la Russie, et les BRICS qui ont une position plus nuancée. Le Brésil a voté pour le départ des Russes, tandis que la Chine et l’Inde se sont abstenues. Pour le succès du sommet des BRICS que son pays accueillera, le président Ramaphosa pourrait choisir de ne pas se rendre à Saint-Pétersbourg.

La position de l’Éthiopie, l’Algérie et l’Égypte est plus délicate. Ces trois pays entretiennent des relations économiques solides avec la Russie. L’Égypte avait exprimé son désaccord sur l’envahissement de l’Ukraine en février 2023. L’Algérie et l’Éthiopie quant à elles s’étaient abstenues et continuent d’entretenir des relations dynamiques avec la Russie.

Le contexte fait que ce sommet entre l’Afrique et un partenaire économique suscitera une grande attention de la part de la communauté internationale. Au-delà des enjeux de sécurité alimentaire, la question du commerce des armes et des services offerts par des groupes paramilitaires, notamment le groupe Wagner, sera suivie de très près.

Les Américains ont conseillé aux chefs d’État africains de ne pas se laisser influencer par la propagande russe et de se rendre à Kiev après Saint-Pétersbourg, selon des propos de Cameron Hudson (un spécialiste de l’Afrique) rapportés par le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS). Il n’est pas certain que ce conseil soit suivi, car le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’avait pas été très chaleureux envers la mission de paix en juin 2023.

ECOFIN